Le Président de l’URD, Soumaila Cissé, est de retour sur la scène politique après plus de 6 mois de captivité. Très présent dans les médias, il a annoncé réfléchir sur l’éventuel rôle qu’il pourra jouer dans les prochains mois. Dans cet entretien, Ballan Diakité, analyse politique, nous livre son analyse sur les suites du retour de l’ex Chef de file de l’opposition.
Comment analysez-vous la tournée médiatique de Soumaila Cissé juste après sa libération ?
Soumaila Cissé est un homme politique. Qui parle de politique parle de conquête des électeurs, ce qui ne va pas sans visibilité. La nature même de l’homme politique fait qu’il est aujourd’hui nécessairement dans une logique de communication perpétuelle pour se maintenir dans l’arène politique ou du moins pour marquer les électeurs dans leur inconscient collectif. À mon avis, cela va de soi aujourd’hui qu’il marque sa présence dans les médias.
Son retour galvanisera-t-il le M5-RFP?
Je pense que tout va dépendre de la posture que va adopter Soumaila Cissé. Il fait son retour dans un contexte de polarisation de l’arène politique entre partisans du M5 et du CNSP. C’est à lui, connaissant la réalité du jeu politique malien, de décider de se placer derrière l’un ou l’autre camp. Mais, à mon avis, ce sera un terrain très glissant pour lui. Quelque part il doit son retour aux autorités de la transition, qui sont dominées et dirigées par les militaires du CNSP. Il faut qu’il adopte la neutralité entre les deux et qu’il patiente jusqu’à l’élection présidentielle. Il est un challenger de poids.
Est-ce que l’aile politique du M5 peut s’unir autour d’une éventuelle candidature de Soumaila Cissé à la prochaine présidentielle ?
Cela est possible. Toutes ces personnes étaient dans le même camp lorsqu’il y a eu le coup d’État de 2012, hormis Oumar Mariko. Les voir soutenir Soumaila Cissé n’est pas à exclure. Mais si cela devait arriver, ce serait dans la période électorale. Pas dans cette période de transition, sinon les membres du Comité stratégique du M5 pourraient facilement être traités d’opportunistes et d’incapables en matière de mobilisation.
Est-ce que l’enlèvement, puis la libération, de Cissé joueront en sa faveur pour la conquête du pouvoir ?
Le Malien, de façon générale, a un problème d’instruction politique. Il se laisse facilement emporter par ses émotions et états d’âmes sur les questions politiques. Pour moi, si Soumaila Cissé arrive à mettre en place une bonne stratégie de communication, il peut faire de cette affaire un atout de campagne, pour se montrer à la hauteur des différents enjeux.
Propos recueillis par Germain Kenouvi
Journal du Mali