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Bakary Togola et coaccuses à nouveau interpelles pour faux et usage de faux, complicité et atteinte aux biens publics

t les juges qui les avaient relaxés purement et simplement ?

Mardi, 29 août 2023 : la nouvelle a vite fait le tour du Mali. Bakary Togola, le gentleman-farmer et ses coaccusés ont été mis en garde à vue par la brigade du Pôle Economique et Financier. Le président sortant de la confédération des sociétés coopératives de producteurs de coton revient donc devant la justice, après avoir bénéficié d’un acquittement qui a défrayé la chronique en son temps.

En effet, les Maliens ont été surpris et sidérés dans leur écrasante majorité d’apprendre le lundi, 29 novembre 2021, l’acquittement de Bakary Togola et ses 11 co-accusés dans une des affaires les plus retentissantes d’atteinte aux biens publics et complicité, faux et usage de faux qui ont émaillé le régime déchu d’Ibrahim Boubacar Keïta. Voilà que le 29 d’un autre mois, deux ans après, les célèbres relaxés reviennent dans les mailles de la justice pour les mêmes raisons. Le gentleman-farmer, devenu un politicien populaire à sa façon, était perçu comme l’âme damnée d’Ibrahim Boubacar Keïta durant sept ans et, en tant que tel, il défrayait trop la chronique pour que l’opinion nationale acceptât facilement le verdict de son acquittement. Beaucoup de questions avaient alors été posées par les uns et les autres. Comment, en ces temps-ci, une des figures vues comme étant les plus horribles coupablesde diverses frasques contre les intérêts de l’Etat, pouvait-il parvenir aussi facilement à s’échapper des mailles des filets de la justice ? Erreur judiciaire ? Bakary Togola avait-t-il bien graissé la patte aux magistrats qui l’ont jugé ou sont-ce ses marabouts et autres de ses féticheurs qui seraient d’une redoutable efficacité ? De nombreuses questions ont fusé, qui turlupinaient sans arrêt les esprits. D’autant que les bons magistrats de la cour d’Assises, qui ont rendu la sentence lors de la session spéciale sur les affaires économiques et financières, avaient assorti leur décision d’excuses publiques au sieur Togola, tout en lui indiquant qu’il peut bien réclamer des dommages et intérêts pour le temps qu’il a passé en détention, soit dit injustement. C’était, il faut le rappeler, à un moment où se trouvent sous mandat de dépôt d’anciennes hautes personnalités de la République pour des motifs similaires, comme l’ancien Premier ministre SoumeylouBoubèye Maïga (qui y trépassera) et l’ancienne ministre Bouaré Fily Sissoko, qui s’y trouve toujours.

La surprise, en tout cas, avait été totale à la fois pour les citoyens et pour le département de la justice lui-même.Depuis, l’affaire n’a jamais quitté les esprits, elle revenait sans cesse dans les conversations. Tout le monde est demeuré convaincu que Bakary Togola avait réussi tout simplement à arroser les juges pour qu’ils rendent une décision aussi biaisée. Le ministre de la justice lui-même, Garde des Sceaux, Mamoudou Kassogué, avait réagi en toute responsabilité. Au bout d’une dizaine de jours après l’acquittement fort décrié, il avait adressé à Monsieur le Procureur  général près la Cour d’Appel, le 07 décembre, une demande d’ouverture d’une enquête. Cet acte a montré qu’il y avait eu, sinon manifestement de la corruption dans l’affaire, du moins de lourds soupçons d’une nature liée au fonctionnement de la justice. Le ministre Kassogué, déterminé à en tirer toutes les conséquences, avait été clair dans ses instructions : « Des informations concernant le comportement de certains membres de la Cour et les connivences qui auraient entouré la gestion de cette procédure, il résulte un faisceau d’indices graves incitant à faire ouvrir une enquête afin de faire toute la lumière sur cette affaire, notamment des manquements susceptibles de recevoir une qualification pénale » et d’instruire « de faire procéder aux investigations nécessaires… » Simples suspicions ou collision avérée des magistrats avec des délinquants, la question reste posée de savoir si les juges qui ont rendu le verdict d’acquittement il y a deux ans ne doivent aussi répondre devant la justice.

Raymond Dembélé

Le National

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