Depuis le 1er novembre 2019, les tarifs des appels de téléphone mobile ont baissé de 81 F CFA pour les appels et de 10 FCFA pour les SMS. Cette réduction des frais de communication au Mali qui est la résultante d’une étude de l’Autorité malienne de Régulation des Télécommunications et des Postes (AMRTP), semble n’avoir aucun impact positif sur la consommation des clients.
Sur la base des résultats d’une étude, l’AMRTP a décidé de fixer un tarif seuil de prix de détail de la voix à 81 FCFA et des SMS à 10 FCFA, de déterminer les marchés pertinents en identifiant les opérateurs exerçant une puissance significative et enfin d’adopter des lignes directrices sur les obligations des opérateurs.
Plus d’un mois après cette baisse du tarif du téléphone mobile et des SMS, les clients dans leur écrasante majorité dit ne rien sentir sur le coût de leur consommation habituelle. « Nous n’avons rien senti », a lancé le patron d’un point de lavage auto à Sébénikoro devant des clients et des employés de son petit business. La dizaine de personnes dit avoir l’apprendre avec nous. « Je ne le savais même pas, c’est toi qui me l’apprend et je n’ai rien constaté. Ces opérateurs de téléphonie mobile sont des voleurs et ça l’AMRTP le sait », fulmine une dame, la cinquantaine venue récupérer son véhicule.
Moussa Diarra, enseignant de son état s’étonne qu’une baisse a été opérée sur les tarifs du mobile et des SMS. « Je ne suis pas au courant ! Mais comment se fait-il qu’on ne l’a pas senti sur les crédits de communication ? Vraiment ce sont des grands voleurs », déclare-t-il.
Il ressort clairement que cette baisse des tarifs sur la voix et les SMS n’a eu aucune incidence sur les coûts de communication chez les clients tant le système crapuleux de facturation des réseaux de téléphonie mobiles est
Dans un communiqué, l’Autorité malienne de Régulation des Télécommunications et des Postes (AMRTP) explique que l’étude s’est déroulée de décembre 2018 à février 2019 et a impliqué les trois opérateurs, (SOTELMA-SA, ORANGE MALI-SA et ATEL-SA) dans le processus de la réalisation comme le stipulent les textes qui régissent le secteur des télécommunications/TIC.
Il ressort de l’analyse du rapport de l’étude entre autres, les constats suivants : l’absence de dynamisme concurrentiel, nonobstant l’entrée du 3ème opérateur, une stratégie commerciale des opérateurs basée sur l’élargissement considérable du spectre des tarifs offerts et le fonctionnement par promotions commerciales répétitives et déflationnistes avec des taux de bonus importants qui ôtent aux tarifs affichés toute signification et expose les consommateurs, la détention de plusieurs cartes SIM (environ 3/4 du marché), la préférence des consommateurs pour les petites coupures de recharge (˂1000 FCFA) qui représentent environ 2/3 du chiffre d’affaires des opérateurs, les décisions de consommation motivées par les pourcentages de bonus sans que les consommateurs ne fassent la distinction du tarif auquel le bonus est décompté.
Le régulateur, au regard de ces constats, s’est dit préoccupé de la lisibilité, de la transparence et de l’équité pour le consommateur de cette effervescence et exubérance tarifaire. L’AMRTP estime que le foisonnement actuel des offres ne permet qu’à certains consommateurs de bénéficier des avantages associés aux progrès de l’efficience du secteur, que les consommateurs ne sont plus égaux devant ce foisonnement, qu’ils ne sont plus en mesure de lire objectivement les offres qui, comme indiqué dans le rapport, attisent la consommation de façon biaisée. Les offres ne sont du point de vue du consommateur, que très faiblement comparables alors que le produit, la minute, le SMS ou le Megaoctet (Mo) sont les mêmes.
Toujours selon le rapport, ce foisonnement tarifaire coûte cher aux opérateurs et une partie des gains d’efficience du secteur est consommée dans une concurrence coûteuse pour favoriser la plus grande fidélité des consommateurs, concurrence probablement peu bénéfique pour le consommateur qui s’égare dans le paysage des offres.
Toutefois, précise le régulateur, il ne s’agit point de remettre en cause l’intérêt d’une concurrence par les prix et la confection d’offres répondant à des besoins spécifiques. Il s’agit pour le Régulateur de simplifier les offres, d’en réduire les écarts et de les bâtir sur des critères partagés par tous les opérateurs.
Mali24