Engagée dans la teinture depuis belle lurette à Ségou, femme battante, épouse et mère de famille, beaucoup de grandes dames de la cité des Balazans et d’ailleurs lui doivent leur élégance. Allons à la découverte de « Badjê ».
La teinture moderne est devenue aujourd’hui un élément incontournable des femmes et des hommes au Mali. De son vrai nom, Djénéba Traoré communément appelé Badjê, est une sexagénaire née et grandit à Ségou. Femme battante, elle intègre l’Institut national de prévoyance social (INPS) après ses études primaires. Elle y travaillera 34 ans.
Marié et mère de famille, Badjê est une grande femme battante. La soixantaine, la peau ridée, signe des âges et témoignage des expériences vécues, la démarche calme, avec ses cheveux grisonnants, Badjê est de nature souriante. Passionnée par la teinture, elle a passé par plusieurs chemins avant d’être là où elle est aujourd’hui.
« J’ai passé par les centres sociaux où j’apprenais la couture et beaucoup d’autres choses pendant les vacances. Depuis mon bas âge, je fréquentais le foyer des jeunes filles chez les religieuses à Ségou où j’ai appris à faire la couture et le tricot. J’étais tellement curieuse qu’à chaque fois que je voyais quelque chose je faisais tout pour parvenir à le faire », raconte-t-elle. Entre son travail d’assistante sociale à l’Institut national de prévoyance sociale, INPS, antenne de Ségou et son foyer, Badjê trouvait le temps, les week-ends, pour sa passion, la teinture.
« La teinture ne m’a pas empêché de mener à bien mon travail à INPS ni dans mon foyer et je prenais mes congés à l’approche des fêtes pour la teinture. Je suis une femme qui n’a jamais accepté s’asseoir », explique Djeneba Traoré.
Parmi les nombreuses teinturières de la cité des Balanzans, Badjê est la plus sollicité. « Ça me fait plus de trois ans que je travaille avec Badjê elle tient bien mes habits le prix est abordable dans un délai respecté », confié une de ses clientes.
Pour un développement durable, dans le secteur informel, notamment la teinture moderne, il est nécessaire que les autorités locales mettent en place un répertoire pour faire voir l’importance de la teinture dans l’économie de la ville de Ségou. Car ni la direction régionale du commerce et de la concurrence, ni la direction régionale de la statistique n’en dispose.
Ségou, la quatrième région du Mali, à l’instar des autres régions du Mali, a une économie reposant principalement sur l’agriculture. Malgré cela, selon la chambre de Métier de Ségou, la teinture moderne joue un très grand rôle dans le développement et sur l’économie de Ségou. En plus de la lutte contre le chômage, elle contribue à la réduction de la pauvreté et de l’inégalité.
Pour la teinture, en plus de l’aspect commercial, Badjê forme les étudiants du Centre de recherche et de formation pour l’industrie textile (Cerfitex). En plus, elle s’implique dans l’humanitaire auprès de plusieurs organisations féminines.
Elle rêve d’élargir son centre en ayant des filiales un peu partout. Pour ce faire, Badjê espère bénéficier un jour de l’appui des autorités, des institutions financières ou de toutes autres structures intervenant dans la promotion de l’autonomisation des femmes.
Aujourd’hui, après plus de 30 ans de pratique, et avec plus de 30 employés, Badjê est la figure incontournable de la teinture à Ségou.
Pas de mariages, pas de baptêmes, fêtes sans un tour chez Badjê, surtout sans que l’on puisse exhiber son basin teint par la plus célèbre des teinturières de Ségou !
Albert Kalambry
Source: YEKO