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Azawad: l’éphémère indépendance

Des séparatistes regroupés au sein du MNLA ont proclamé l’indépendance de la république fantomatique de l’Azawad en 2012, pendant l’occupation des régions du nord. Depuis lors, chaque 6 avril est consacré par les séparatistes aux festivités de l’anniversaire de la république de l’Azawad. En effet, c’est le 6 avril 2012, après la défaite de l’armée et l’occupation de 2/3 du territoire par des hordes djihadistes-terroristes que les responsables du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), membre de la CMA, ont proclamées l’indépendance de l’Azawad. La particularité du 10e anniversaire de cette indépendance est la présence des membres influents de cette rébellion engagés aux côtés de l’État malien pour un Mali indivisible.

 

Depuis 2012, chaque 6 avril, dans leur dessein indépendantiste, des enfants égarés du pays dans la région de Kidal n’hésitent pas à entreprendre des travaux d’assainissement et d’embellissement de la ville, à travers la réhabilitation de la « Place de l’indépendance » et la réfection de leur fameux « Monument de l’indépendance de l’Azawad ».
Aussi, chaque année, la journée est marquée par une parade militaire, avec des dizaines de pick-up qui font le tour de la ville sous les acclamations de la foule. Ce n’est pas tout, chaque 6 avril, des séparatistes se donnent rendez-vous à la « Place de l’indépendance » pour hisser sur un mât le drapeau de « l’Azawad ».
La célébration de l’indépendance de la chimérique république de l’Azawad ne cesse de susciter des interrogations au sein de la population malienne. Comment comprendre qu’au moment où nos autorités s’accrochent à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix que des esprits malins continuent impunément à défier l’État et toute la communauté internationale, à travers cette célébration provocatrice.
Malgré le fait qu’aucun État n’ait reconnu, cette déclaration d’indépendance, ces hors-la-loi persistent toujours dans leur projet bidon de sécession.

Effets combinés dévastateurs
En effet, dès les 1eres heures de la proclamation de cette indépendance, au Mali et à ailleurs, des voix se sont levées pour condamner et rejeter la déclaration signée par le secrétaire général du mouvement, Billal ag Cherif depuis Gao. Le communiqué fait au nom du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA soulignait «irrévocablement, l’Etat indépendant de l’Azawad».
À l’époque, Paris a réagi en rejetant cette déclaration «unilatérale d’indépendance. « Nous considérons que la déclaration unilatérale d’indépendance de l’Azawad est nulle et non avenue », a ainsi déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero.
La France «défend l’unité et l’intégrité territoriale du Mali». L’ex-puissance coloniale appelle également le MNLA à «inscrire son action dans le cadre d’un dialogue politique respectueux de l’ordre constitutionnel malien et de l’unité du pays».
Peu avant, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, avait lui été moins clair, estimant que cette déclaration unilatérale d’indépendance «n’aurait pas de sens» si elle n’était pas reconnue par les États africains.
Dans la même foulée, l’Union africaine a également indiqué qu’elle «rejetait totalement la prétendue déclaration d’indépendance» du MLNA, jugeant cette annonce «nulle et sans aucune valeur», et appelant la communauté internationale «à soutenir pleinement cette position de principe de l’Afrique».
Les voisins du Mali membres de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui ont imposé un embargo diplomatique et économique total au Mali quelques jours après le coup d’État, ont toujours clamé leur attachement à l’intégrité territoriale de ce pays membre de l’organisation. Il envisagent d’y envoyer une force militaire de 2.000 à 3.000 hommes pour la préserver: les chefs d’état-major des armées de la Cédéao, réunis jeudi à Abidjan, ont élaboré un «mandat» pour cette force.
L’Algérie, voisin du nord et puissance militaire régionale dont six diplomates ont été enlevés jeudi à Gao, «n’acceptera jamais une remise en cause de l’intégrité territoriale du Mali» et prône le «dialogue» pour régler la crise, a déclaré le Premier ministre Ahmed Ouyahia au journal Le Monde publié vendredi.
Il a ajouté que le Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc) regroupant l’Algérie, le Niger, le Mali et la Mauritanie, se réunirait «dans les prochains jours» à Nouakchott pour examiner la situation au Mali.
L’Union africaine a de son côté déclaré qu’elle «rejette totalement la prétendue déclaration d’indépendance» du Nord-Mali et «condamne fermement cette annonce, qui est nulle et sans valeur». Le Président de la Commission de I’Union africaine (UA), Jean Ping, exprime le rejet total par I’UA de la déclaration faite par un groupe armé, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), au sujet de la prétendue indépendance de l’Azawad. II condamne fermement cette annonce, qui est nulle et sans aucune valeur. II appelle toute la communauté internationale à soutenir pleinement cette position de principe de l’Afrique.

Le MNLA, piégeur piégé ?

Le 26 mai 2012, le MNLA et Ansar Dine auraient conclu un pacte, dans le cadre duquel ils ont annoncé la création d’une République islamique de l’Azawad, avec l’approbation d’AQMI. Les groupes islamistes ayant commencé à imposer la charia, des tensions avec le MNLA sont apparues peu de temps après. Les groupes armés islamistes ont consolidé leur emprise sur le nord et commis de graves violations des droits de l’homme, notamment le recrutement d’enfants, des exécutions sommaires, des violences sexuelles, des attaques contre les écoles et les hôpitaux et la destruction de sites religieux, historiques et culturels. En septembre 2012, Ansar Dine a pris la ville de Douentza et est parvenu au centre du Mali.
En novembre 2012, Ansar Dine et le MUJAO avaient chassé le MNLA des principales villes que sont Gao, Tombouctou et Kidal. Le nord du Mali était alors contrôlé par divers groupes armés, terroristes et entités affiliées, comptant quelque 3 000 éléments

Mme Hussaini-Suleiman, porte-parole de la CEDEAO, explique qu’« Avec l’éviction fin juin dans le nord du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et Ansar Dine, la communauté internationale peut aujourd’hui difficilement qualifier les événements qui se déroulent dans le nord d’actes de rébellion ou d’expression d’une volonté d’autodéterminations. » (Déclaration officielle du représentant de la CEDEAO Mme Hussaini- Suleiman, S/PV.6820, 8 août 2012, p. 5).

Les partisans de la séparation du pays en s’alliant avec les groupes terroristes sont tombés dans leur propre piège pour avoir été mis à l’écart par le MUJAO. Une alliance de contre nature qui a duré que pour quelques mois parce que les deux groupes, en dépit de leur mauvais dessein de destruction en commun, ils ne partagent pas la même philosophie et le même intérêt pour le Mali.

Si le MNLA était fondé dans sa démarche de diviser le pays afin d’avoir la mainmise sur des parties du territoire et des communautés sur lesquelles il va exercer son influence, en revanche le MUJAO au nom de l’Islam voulait l’application de la Charia sur la population. Ces deux idéologies différentes ne pouvaient donc pas converger. Et l’alliance a rompu au détriment des rêveurs de Kidal qui pensent à la création d’un État.

Au-delà de cette défaite face au MUJAO, le MNLA a n’a pas reçu la confiance des autres communautés du nord du pays pour porter ensemble les revendications de séparation du Mali. En effet, les arguments du MNLA n’ont pas convaincu la majorité à se rallier aux mouvements. Mieux pour freiner à ce projet machiavélique, des communautés organisées en milice d’autodéfense se sont réarticulées pour défendre leur terroir.

À ce jour, le combat du MNLA même de légitimité populaire, en dépit du caractère illégal de cette revendication séparatiste.
C’est aujourd’hui que certains utopistes vont encore avec parade défiler pour célébrer l’indépendance d’une zone appelée Azawad dont l’existence en tant qu’État n’est entretenue que par un groupuscule d’individus d’une partie des régions du nord du pays.

En effet, ceux qui revendiquent l’indépendance de l’Azawad ne sont ni majoritaires ni plus légitimes que les autres communautés attachées au caractère indivisible du Mali. Outre cette question de l’indépendance a été vidée par l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale qui, sans ambages, est opposé à l’idée d’une partition du pays. En lieu et place d’une indépendance, l’Accord prévoit une décentralisation poussée.

PAR SIKOU BAH

Source : Info-Matin

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