«On fait la guerre là-bas, il faut appeler un chat, un chat. On tue des gens. Pour avoir une légitimité, nous, en tant qu’une armée étrangère, à tuer des gens qui appartiennent à ces populations locales, on est adossé aux autorités de ces pays. Donc il faut qu’on s’adosse sur une légitimité forte pour que nous puissions bénéficier de cette légitimité. Mais quand les régimes n’ont plus de légitimité et qu’ils sont perçus par la population comme étant corrompus, que c’est l’incurie généralisée, nous n’avons plus de légitimité à agir.»
Laurent Bigot ne prend pas de gants pour qualifier la stratégie de l’armée française présente au Mali depuis janvier 2013. L’ancien sous-directeur du département Afrique de l’Ouest au ministère des Affaires étrangères a quitté son poste au Quai d’Orsay après avoir critiqué les objectifs politiques de cette intervention.
Sept ans après, le 18 août dernier, la junte militaire a renversé le Président Ibrahim Boubacar Keita (IBK), de moins en moins populaire. Associée avec IBK de longue date dans la lutte contre les djihadistes, la France peut-elle encore légitimement rester sur le terrain? Tandis que des militaires français ont tué par accident un civil malien le 1er septembre, l’ex-diplomate décrypte pour Sputnik les enjeux de l’Opération Barkhane.