Une nouvelle attaque dans la zone dite des “trois frontières”. Au moins 69 personnes – des membres de milices d’autodéfense –, dont le maire de la commune de Banibangou, ont été tuées mardi dans l’ouest du Niger, dans la région de Tillabéri, ont annoncé jeudi 4 novembre des sources locales et le gouvernement central.
L’attaque s’est produite mardi, mais n’a été confirmée que jeudi soir par le gouvernement nigérien.
“Le mardi 2 novembre 2021 vers 9 h 30 (8 h 30 GMT), le maire de la commune de Banibangou, en déplacement avec une délégation des ressortissants de ladite commune, est tombé dans une embuscade tendue par des bandits armés non identifiés”, indique un communiqué du ministère de l’Intérieur.
Un deuil national de 48 heures décrété
“Le bilan provisoire de l’attaque, qui a eu lieu à 11 km au nord du village d’Adab-Dab, localité située à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Banibangou, fait état de 69 morts, dont le maire (de Banibangou), et 15 rescapés”, ajoute le communiqué, qui affirme qu’une “opération de ratissage a été engagée dans la zone” pour tenter de retrouver les assaillants.
Le gouvernement a décrété un deuil national de 48 heures à compter de vendredi.
Selon des sources locales interrogées par l’AFP, le maire de Banibangou tué lors de l’attaque était à la tête de “Comités de vigilance” de plusieurs villages du territoire de sa commune.
L’une de ces sources a précisé que 84 membres de ces comités circulant à moto ont été visés par cette “attaque terroriste”.
Ils ont eu “un accrochage à Adab-Dab, une localité située à environ 55 km au nord-ouest de Banibangou, avec des éléments de l’EIGS (État islamique au Grand Sahara) lourdement armés” et circulant également à moto, a encore relaté cette source. Les assaillants sont repartis “vers le Mali en emportant les corps de leurs combattants”, selon elle.
Les paysans régulièrement attaqués
Selon un ancien maire de la région, des villageois s’étaient récemment constitués en comités d’autodéfense pour veiller sur les paysans régulièrement ciblés par des hommes armés dans leurs champs.
Ces comités avaient décidé mardi de traquer jusque dans leur repaire riverain d’Adab-Dab des hommes armés qui attaquent les villages et volent le bétail, a-t-il expliqué.
Depuis le début de l’année, des jihadistes présumés multiplient les assauts sanglants contre des civils dans la zone de Banibangou et des communes voisines de la région de Tillabéri, faisant des centaines de morts.
Le 2 janvier 2021, 100 personnes avaient été tuées dans les attaques de deux villages de la région. En août, Human Rights Watch (HRW) avait estimé que plus de 420 civils avaient été tués depuis le début de l’année dans l’ouest du Niger.
Dans la région de Tahoua, proche de celle de Tillabéri, 141 personnes avaient été tuées en mars par des jihadistes présumés, dans plusieurs hameaux et campements.
Tillabéri, immense et instable région de 100 000 km2, est située dans la zone des trois frontières entre Niger, Burkina Faso et Mali, théâtre depuis 2017 d’actions meurtrières de groupes armés liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique.
Lors d’une visite dans la région en septembre, le président nigérien Mohamed Bazoum avait estimé que “l’ennemi se rabat sur des populations désarmées innocentes” et “se livre à un massacre à grande échelle”.
“Partout, ils (les jihadistes) s’en prennent aux paysans qui sont dans les champs des villages les plus éloignés, les plus excentrés où ils savent qu’ils n’ont aucune chance de rencontrer nos forces”, avait-il ajouté.
Source : AFP