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Au Mali, le poker menteur des candidats

C’est une course de vitesse dans le brouillard. Vingt-quatre heures après le premier tour de la présidentielle au Mali, les principaux candidats se sont empressés de convoquer des conférences de presse aussi tonitruantes que vaporeuses. Au même moment, à moins de 200 m de distance, l’équipe du président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, et celle du candidat de l’opposition le plus en vue, Soumaïla Cissé, s’adressaient à la presse à ACI 2000, le quartier d’affaires de Bamako. Le porte-parole d’«IBK» a indiqué que le chef de l’Etat était «largement en tête» et «en bonne posture pour assurer sa succession». Du côté de Cissé, le directeur de la campagne a annoncé «pouvoir dire qu’il y aura un second tour» pour son candidat : «Le projet du camp présidentiel, le “coup K.O.” [victoire au premier tour], est un échec.»

Pour compliquer les choses, une heure plus tard, un troisième homme revendiquait aussi un score suffisant pour rester en lice. «Notre présence au second tour ne fait aucun doute», a déclaré un responsable de la campagne de l’homme d’affaires Aliou Boubacar Diallo. «Si la tendance se confirme», a-t-il toutefois ajouté. C’est ici que l’affaire se corse. Tout est «tendances», car dans cette partie de poker menteur, nul n’avance de résultat chiffré. Et pour cause, les cellules de compilations des résultats mises en place par les formations à partir des chiffres envoyés par leurs délégués présents dans les bureaux de vote, n’avaient pas terminé leur travail lundi soir.

Pendant ce temps, du côté du gouvernement, on avance lentement. Le ministre de l’Administration territoriale a cinq jours pour proclamer les résultats, selon la loi électorale. Les candidats de l’opposition ont déjà dénoncé des «bourrages d’urnes dans des localités du Nord» (le camp Cissé, qui demande un recomptage), et des perturbations «intentionnelles» du scrutin (le camp Diallo). Chacun brandit ses propres exemples de communes aux résultats apparemment aberrants.

Les autorités ont reconnu que le scrutin avait été empêché dans 716 bureaux (sur 23 041). La mission d’observation de l’UE demande au gouvernement la liste détaillée. Attaques d’hommes en armes, urnes brûlées, menaces sur les agents électoraux… Les régions de Tombouctou et de Mopti, réputées plus favorables à l’opposition, ont été particulièrement touchées. Cette insécurité a en partie été la cause de «la faible affluence», a expliqué le pool d’observation citoyenne du Mali, qui a déployé 2 000 observateurs sur le terrain. L’ONG prédit un taux de participation de 37 %.

Célian Macé envoyé spécial

Libération

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