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Au Mali, la case sacrée de Kangaba est le symbole de la culture mandingue

Du 19 au 25 avril, comme tous les sept ans, la petite ville malienne de Kangaba, au bord du fleuve Niger, vit au rythme de la réfection rituelle d’une case sacrée, le Kamablon, inscrit sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité de l’UNESCO.

Cet édifice, le Kamablon, d’apparence modeste abrite tous les sept ans une cérémonie importante menée par les griots Diabaté du village voisin de Kéla. Vécue comme un mythe identitaire, l’épopée mandingue qui y est alors récitée ne peut en aucun cas être enregistrée, mais les musiques et les éléments de parole qui la tissent font l’objet d’une transmission orale toujours renouvelée.

Même si elle paraît avoir peu changé malgré la colonisation française, l’extension de l’Islam et, aujourd’hui, une importante hémorragie humaine, la région du Manden (ou Mandé) est à la source d’une part importante de la culture malienne contemporaine. C’est là, entre les falaises et les plateaux qui portent son nom et la vallée du Haut-Niger, qu’au 13e siècle, le héros Sunjata Keïta a créé et légiféré l’empire du Mali, dont l’influence politique, économique et culturelle a marqué toute l’Afrique de l’Ouest, du Niger aux Côtes du Sénégal et du désert aux forêts de la Guinée et de Côte d’Ivoire.

Symbole identitaire

A l’entrée de Kangaba, notamment, le plateau de Kurukan Fuga a servi de décor en 1236 au grand rassemblement des clans malinkés et à la proclamation d’un nombre important de prescriptions qui relèvent de la problématique moderne des droits humains, du développement, de la gouvernance, de l’état de droit, de la diplomatie, etc. Transmise fidèlement par des générations de griots dédiés, la Charte de Kurukan Fuga est considérée comme un document capital pour les médiations traditionnelles et relève d’un véritable esprit législateur.

Dans le contexte de la restauration rituelle du Kamablon, sanctuaire d’une des branches de la descendance de Sunjata Keïta, elle s’inscrit dans une épopée plus vaste au caractère mythique, sacré et identitaire, dont sont les dépositaires exclusifs les griots Diabaté du village voisin de Kéla. A la fois agriculteurs, entremetteurs traditionnels, régulateurs des conflits villageois et mémoire vivante des généalogies du Manden, ils se transmettent l’art de la parole, mais aussi du chant et de la musique qui la portent.

Certains développent aujourd’hui des carrières d’instrumentistes ou chanteurs – à l’instar du regretté Kassé Mady Diabaté – mais peut déclamer publiquement et dans tous ses développements l’histoire sacrée du Manden, celui qui aura été désigné par ses pairs non seulement pour sa parfaite maîtrise de la langue, mais aussi pour sa mémoire extraordinaire. Celui-là porte le titre de Kuma Tigi, “maître de la parole”.

Vincent Zanetti/ld

RTS

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