Des militaires maliens ont pris le pouvoir à Bamako mardi 18 août et poussé le président Ibrahim Boubacar Keïta à la démission. En marge des scènes de joies dans les rues de la capitale, des résidences privées et des bâtiments publics symboles des autorités déchues ont été attaqués et parfois pillés par des manifestants.
Contesté dans la rue depuis plusieurs mois, le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), a été renversé par un coup d’État militaire dans la nuit de mardi 18 à mercredi 19 août. Dans la soirée, Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé sa démission et la dissolution du gouvernement et du Parlement dans une intervention télévisée, filmée au camp militaire de Kati où il avait été emmené après avoir été arrêté par des militaires, mardi soir.Plusieurs lieux, symboles des représentants du pouvoir malien, ont ainsi été pris d’assaut par des manifestants enthousiastes. Certaines de ces intrusions ont été accompagnées de pillages, comme en témoigne plusieurs images amateur qui ont circulé mardi soir sur les réseaux sociaux.
Dans la maison de Karim Keïta : “J’ai vu des scènes incroyables, des gens amenaient des minibus et tricycles pour piller le plus de choses possible”
La maison de Karim Keïta se situe non loin de celle du président IBK. Les policiers n’ont pas laissé les manifestants s’attaquer à cette dernière, mais ils ont délaissé la sécurisation de celle de Karim Keïta, ce qui explique que beaucoup de manifestants ont pu y entrer.
À l’intérieur, l’ambiance était joviale, les gens étaient très contents : il y avait des enfants, des adolescents, des hommes et des femmes. J’ai entendu des gens dire : “Ces voleurs ont pris tout l’argent de la Nation, nous allons prendre ce qui est à tout le monde”.
La maison a été complètement détruite et pillée : meubles, télévision, etc. J’ai vu des scènes incroyables, où des gens ont amené des minibus et des tricycles pour prendre tout ce qu’ils pouvaient. Certains transportaient un coffre-fort, d’autres se partageaient des billets de banque. Je pense qu’il y avait au moins 300 personnes. Des bouteilles de champagne ont également été volées et ça sentait l’alcool un peu partout dans la maison.
Il y avait énormément de ciment, que les gens ont également dérobé. Dans la rue, sur près de 400 m, il y avait du ciment un peu partout sur la route.
Ça fait un pincement au cœur de voir la population agir de la sorte et piller. Mais on ne peut pas leur en vouloir. L’extrême pauvreté amène à faire n’importe quoi. J’espère que les hommes politiques qui viendront après cet événement apprendront de cette situation et travailleront pour le bien de tous.
De nombreux lieux du pouvoir attaqués, parfois pillés
Dans le quartier de Bamako-Coura, le cabinet d’avocats du ministre de la justice, Kassoum Tapo, a été vandalisé et incendié. Des photos publiées par le journaliste et blogueur Malick Konaté montrent le bâtiment en flammes.
Les militaires qui ont pris le pouvoir ont annoncé la création d’un “Comité national pour le salut du peuple” et affirmé leur intention de mettre en place une transition politique civile devant conduire à des élections générales dans un “délai raisonnable”.
La Communauté des États ouest-africains (Cédéao) a condamné le renversement du président malien Ibrahim Boubacar Keïta et de son gouvernement. Les frontières aériennes et terrestres entre ses membres et le pays ont été fermées. Elle a indiqué dans un communiqué avoir aussi suspendu l’ensemble des échanges financiers entre ses 15 membres et le Mali, et exclu ce dernier des organes décisionnaires de la communauté.