Les soldats de « Barkhane », co-libérateurs des otages au Burkina Faso le 10 mai, luttent contre les djihadistes au Sahel. Dans le camp malien de Gossi, sans douches ni toilettes par 40 degrés sous les tentes, c’est la camaraderie qui les fait tenir, et la force de leur engagement.
Ce midi, comme à chaque repas, c’est ration de combat. Vingt-quatre heures de nourriture par carton et par homme, en conserves. « Il y a treize menus mais ils finissent tous par avoir le même goût de conservateurs, alors on innove », s’amuse le lieutenant Gauthier en préparant des pâtes dans lesquelles il ajoute la viande des rations. Ses colocataires de tente dressent le couvert. Une bouteille d’eau tranchée dans la longueur en guise d’assiette, une toile de jute estampillée « All in Gossi Club » en guise de nappe. « C’est le nom de notre club de cartes. Nous jouons souvent au poker. Il n’y a pas de climatisation ici. Personne ne peut faire la sieste parce qu’il fait trop chaud, donc on joue aux cartes », poursuit le lieutenant.
Depuis début janvier, 220 soldats français de la force « Barkhane » (4 500 militaires au total), créée en août 2014 pour traquer les djihadistes au Sahel, œuvrent, dans la région de Tombouctou, au Mali, à la construction du camp de Gossi, dont l’achèvement est prévu en juin. Sur ce quadrilatère sableux de 94 000 m², il n’y a ni douches, ni toilettes, ni chambres en dur. « Le confort, ce n’est pas ce que nous recherchons, ajoute le sergent-chef Maxime. Nous nous sommes engagés dans l’armée pour la camaraderie. Et ça, on la trouve dans des conditions comme celles-ci. Ça soude les hommes. »
« Notre petit Ikea à nous »
Ce n’est pas le major du camp de Gossi qui affirmera le contraire. « Il y en a même qui regrettent de ne pas dormir dans un godet de tractopelle. Il y fait plus frais et c’est une expérience », explique l’adjudant-chef Alex.
Avec trente ans d’armée au compteur, le major a déjà aménagé plusieurs camps de l’armée française à l’étranger. Celui de Gossi est son dernier et son défi le plus ambitieux : « Ici, c’est la rusticité totale.
Le Monde.fr