Face à la colère de la population, le président Blaise Compaoré a décrété l’état de siège dans le pays. L’armée, elle, annonce la mise en place un gouvernement de transition.
LES TROIS INFORMATIONS
• Blaise Compaoré a dissous le gouvernement et décrété l’état de siège après les manifestations, affrontements et pillages à Ouagadougou.
• L’armée annonce qu’un gouvernement de transition va être mis en place pour une durée d’un an.
• En voulant modifier la Constitution pour se représenter pour un cinquième mandat, Blaise Compaoré a déclenché la contestation.
Le rapport de force
Compaoré dissout le gouvernement. Pour la première fois, il cède. Le président Blaise Compaoré a annoncé jeudi la dissolution du gouvernement et l’ouverture de négociations avec l’opposition. Il a . Le chef de l’Etat a également décrété l’état de siège dans le pays et a appelé à mettre fin aux manifestations. “L’état de siège est déclaré sur l’ensemble du territoire national. Le chef des forces armées est chargé de mettre en oeuvre cette décision qui entre en vigueur aujourd’hui”, affirme le communiqué.
L’armée promet la mise en place d’un gouvernement de transition. Une annonce qui n’a pas apaisé la colère des manifestants ni adouci les leaders politiques de l’opposition. Zéphirin Biabré, l’un de ses meneurs, conteste l’instauration d’un état de siège et réclame la démission du président. L’armée, elle, a annoncé la mise en place d’un gouvernement de transition pour une durée d’un an “en consultation avec tous les partis” et compte bien faire respecter un couvre-feu jusqu’à 6 heures vendredi matin. Les pouvoirs exécutifs et législatifs seront assumés par un organe de transition, qui sera mis en place “en concertation avec toutes les forces vives de la nation” et dont l’objectif est un “retour à l’ordre constitutionnel” “dans un délai de douze mois”, annonce le communiqué.
Une prise de pouvoir contestée. La prise de pouvoir de l’armée est pour l’instant assez mal acceptée par les manifestants qui craignent un coup d’Etat, a constaté un journaliste de l’AFP. Quelques centaines d’entre eux ont appelé à des sit-in dans la capitale pour éviter ce coup d’Etat.Les responsables de l’opposition n’ont pour l’instant pu être joints par l’AFP. Aux abords du palais présidentiel, la tension restait palpable en fin d’après-midi. Plusieurs centaines de manifestants faisaient face aux soldats de la garde présidentielle. Certains soldats ont effectué des tirs de sommation.
Autre symbole du pouvoir attaqué: la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB). Plusieurs centaines de personnes sont entrées dans ses locaux, où elles ont pillé le matériel, avant de quitter les lieux. Les transmissions ont été coupées. La diffusion des programmes de Radio France Internationale (RFI) a également été interrompue à Ouagadougou.
• Le film de la révolte
Trois jours de manifestations. Depuis le début de la semaine, le pays est secoué par une vague de protestation sans précédent dirigée contre le président Blaise Compaoré. Mardi, plusieurs centaines de milliers de personnes étaient descendues dans les rues pour protester contre le pouvoir sans partage du président Compaoré sur le pays. Après une journée d’accalmie à Ouagadougou, des protestataires ont pris d’assaut l’Assemblée nationale avant de saccager les lieux ce jeudi.
Démonstration de force du peuple. Ils sont plus d’un millier à avoir forcé un barrage de police jeudi. Les manifestants se sont introduits dans l’Assemblée nationale qui a été mise à sac. Les forces de l’ordre se sont retirées des lieux après avoir vainement tenter de repousser les opposants. Plus d’une dizaine de voitures garées dans la cour et à l’extérieur du bâtiment ont été brûlées, du matériel informatique pillé et des documents brûlés. Chaque bureau a été méthodiquement visité.
Finalement, l’Assemblée nationale a été incendiée. Un député de l’opposition, présent au parlement au moment de l’arrivée des manifestants, a déclaré que tous les parlementaires avaient été exfiltrés, sans plus de précisions.
source : europe1