Mis en place depuis 2010 , le Projet d’accroissement de la productivité agricole au Mali (PAPAM) arrive à terme ce mois de juillet 2019, sous la conduite de son Coordinateur, Moussa CAMARA, non moins Directeur de la Cellule de planification et de statistique, secteur du développement rural. Initié dans le but d’accroître la productivité des petits producteurs et des producteurs en agrobusiness dans les systèmes et zones de production cibles du projet, le PAPAM compte aujourd’hui de nombreuses réalisations dans différents domaines au profit des acteurs du développement rural.
Outre l’amélioration de la productivité des petits producteurs et des producteurs, le PAPAM a œuvré à accroître l’utilisation des pratiques de Gestion durable des terres et des eaux (GDTE) dans les systèmes de production ciblés. Aussi, s’est-il donné comme mission de faire augmenter la résilience des petits exploitants aux changements climatiques.
Composantes du projet PAPAM
Le projet est articulé autour de trois composantes qui sont : transfert de Technologies et Prestation de Services aux Producteurs agricoles avec quatre sous-composantes : (i) Modernisation des systèmes de production et des filières, (ii) Renforcement des Capacités des Organisations de Producteurs et des Prestataires de services, (iii) Facilitation du crédit rural et (iv) Génération de Transfert de Technologie-Renforcement des liens entre la recherche, la vulgarisation et les producteurs.
La composante 2 concerne les Infrastructures d’Irrigation avec les sous-composantes : Petite Irrigation et Irrigation à grande échelle. Quant à la composante 3, elle est relative à l’approche programmatique, compréhensive et suivi sectoriel avec les sous-composantes Activités régaliennes des services techniques et Coordination et Suivi/Évaluation du Projet.
Des résultats encourageants
Les principaux résultats obtenus dans le cadre de la mise en œuvre de la composante Transfert de Technologies et Prestation de Services aux Producteurs agricoles peuvent se résumer ainsi : financement de 900 sous projets sur les filières appuyées par le projet (niébé, riz, lait) ; mise en valeur de 2200 ha en riz en maitrise totale en zone Office du Niger ; mise en valeur de 2800 ha de bas-fonds aménagés dans les régions de Kayes et de Sikasso ; mise en valeur de 144 ha de périmètres maraichers aménagés avec puits et 168 périmètres maraichers aménagés avec pompage solaire dans plusieurs bassins de production ; production de 991 génisses à potentiel laitier issues de l’insémination artificielle ; financement de 1579 projets économiques pour jeunes ruraux dont 62 MER et 1517 AGR dans les régions de Koulikoro et Sikasso ; construction, pour la première fois au Mali, d’une Banque nationale de semences et de gènes équipée ; contribution à l’organisation régulière des bourses de céréales, des foires et des salons de l’Agriculture ; installation de 675 biodigesteurs dans les régions de Kayes et Sikasso.
Dans le cadre de l’exécution de la composante Infrastructures d’Irrigation, on peut noter : l’aménagement de 2200 ha en maitrise totale en zone Office du Niger, de 2800 ha de bas-fonds dans les régions de Kayes et Sikasso ; réhabilitation de 564 ha de PIV dans la région de Mopti ; aménagement de 144 ha de petits périmètres maraichers dont une partie est sur pompage solaire ; mise en œuvre de 250 activités d’investissements d’adaptation aux changements climatiques ; élaboration de 30 Plans communaux d’Adaptation aux Changements climatiques (PCA) de Kayes et Sikasso ; l’EIES de 4 900 ha de M’Bèwani réalisée (2500 ha à aménager l’UE, 500 ha par la Banque à travers le PAPAM, le reste par d’autres intervenants).
En ce qui concerne le développement de la bioénergie et de l’énergie solaire et l’appui à la recherche, d’importants résultats sont à l’actif du PAPAM. L’on peut citer entre autres : 650 biodigesteurs installés et opérationnels ; 60 PPM installés et fonctionnant à partir de l’énergie solaire ; une banque de gènes (première du genre au Mali) construite à Sotuba pour l’URG (IER) ; la formation de 30 Dr vétérinaires à Dakar ; le recensement des producteurs dans six cercles du pays (liste exhaustive des producteurs disponible).
Les principaux résultats obtenus dans le cadre de la mise en œuvre de l’Approche programmatique compréhensive et suivi sectoriel : la contribution du PAPAM à l’élaboration de la Politique de Développement agricole qui a été développée et adoptée par le Mali en août 2013 ; la contribution du PAPAM à l’élaboration de la Politique sur le foncier rural qui a été élaborée et adoptée par l’Assemblée nationale du Mali en avril 2017.
Aussi, le PAPAM a-t-il appuyé l’Assemblée nationale du Mali pour la diffusion de la loi foncière afin de faciliter son appropriation par les élus du peuple et subséquemment la diffusion à la base. Le financement de la production régulière de l’annuaire statistique du secteur Développement rural de 2012 à 2017 ; la réalisation de l’étude de faisabilité économique et financière pour le développement d’entreprises agricoles dans la zone d’Alatona ; la contribution du PAPAM à la mise en œuvre du RGA : acquisition des principaux équipements de mesure et matériels roulants du RGA et la réalisation du recensement des maraichers et des points d’eau pastoraux…
Des impacts positifs
La mise en œuvre des différentes composantes du PAPAM, selon les responsables du projet, a eu des impacts positifs sur le revenu des bénéficiaires. Pour preuve, les études d’évaluation des rendements du riz réalisées dans les zones d’intervention du PAPAM par la CPS/SDR en janvier 2018 et janvier 2019 révèlent ces performances : un revenu moyen net par producteur de 1 449 249 FCFA pour le riz à Sabalibougou ; un revenu moyen net par producteur de 316 460 FCFA dans les PIV à Mopti contre une valeur cible de 282 000 FCFA.
De même, l’étude des effets/impacts du PAPAM réalisée par le bureau CEDREF en septembre 2018 révèle : un revenu moyen net par producteur de 357 790 FCFA pour le riz des bas-fonds aménagés par le PAPAM contre une valeur cible de 146 500 FCFA ; un revenu moyen net par producteur ayant bénéficié de sous projets PAPAM de 239 000 FCFA pour le niébé ; un revenu moyen net de 18 000 000 FCFA/ha pour les périmètres maraichers contre une valeur cible de 17 500 000 FCFA/ha.
Des emplois créés
À travers ses aménagements, le PAPAM a contribué à la création de plusieurs emplois et à la fixation des jeunes. Ainsi, à Sabalibougou, l’on note l’appui à la mise en valeur (labour et intrants agricoles) de 2200 hectares au bénéfice de 668 exploitations agricoles, soit 4 300 producteurs, dont 500 femmes/jeunes ; dans les bas-fonds aménagés, le nombre des bénéficiaires ayant mis en valeur leur périmètre en 2018 est de 1 738 exploitants constitués à plus de 85 % de femmes ; au niveau des périmètres maraichers, le nombre des bénéficiaires ayant mis en valeur leur périmètre en 2018 est de 7 741 exploitants. Ces bénéficiaires directs sont constitués à plus de 80 % de femmes mariées, des épouses ou des belles filles des chefs de ménage ; l’introduction et développement de la riziculture irriguée dans les bassins de production de Kayes et de Sikasso.
Par ailleurs, l’on note avec satisfaction que 1579 jeunes ruraux ont bénéficié d’AGR et MER et 68 artisans locaux ont bénéficié de formation pour la mise en place des biodigesteurs. Aussi, l’utilisation de l’énergie solaire et de la bioénergie ont contribué à la réduction de la coupe de bois et la consommation de carburant (pollueur de l’environnement), relève un document officiel du programme.
Performances du PAPAM
Il est à noter que tous les indicateurs de résultats, excepté ceux liés à l’insémination artificielle, ont été atteints. Les taux de décaissement avec engagements sont de 99 % pour le crédit IDA et de 72 % pour le FEM.
Soulignons que le PAPAM, en dépit des difficultés rencontrées au démarrage, a enregistré un volume important d’acquis dans les domaines de la grande irrigation, de l’irrigation de proximité, de la bioénergie et du renforcement de la résilience des producteurs.
La capitalisation de ces acquis contribuera à coup sûr au développement du secteur agricole et à l’atteinte des objectifs de développement du Mali.
PAR MODIBO KONE