Les stratèges militaires devront revoir leur copie de s’obnubiler constamment sur le financement et la mise en place de la force du G5 dont la pérennité poserait problème à l’avenir aux bailleurs de fonds qui n’auront pas que le G5 dans les agendas. Il est absolument certain aussi que les pays concernés et impliqués ne pourront pas se soutenir tout seuls cette force du G5, un tonneau des Danaïdes du désert n’est pas assez dit pour la camper à sa juste valeur.
Que les attaques de ce 2 mars se soient déroulées en plein cœur de Ouagadougou, dans l’enceinte du siège de l’état-major des armées du Burkina, où devait avoir lieu la réunion du G5 pour finaliser la première stratégie de défense et à côté de l’ambassade de France, comment peut-on qualifier cela sinon qu’un manque total de stratégie militaire?
L’ambassade de France dans les environs du siège de l’état-major de guerre, il faut être bien futé pour le concevoir et pendant une réunion de cette ampleur sans suffisamment de mesures de sécurité pour interdire toute circulation à n’importe quel véhicule sans être passé au peigne fin à plusieurs barrages de contrôle, cela est incompréhensible.
Inutile de se poser des questions sur le camion piégé, il n’est pas étranger à l’armée, puisqu’il a pu arriver à « destination ». C’est-à-dire jusque dans la cour pour détruire totalement la salle de réunion initialement programmée. Pourquoi la réunion a-t-elle été délocalisée à la dernière minute pour faire déjouer le coup ? Si l’ambassade de France a été visée collatéralement, cela signifie que les Français devront voir en cela un pied de nez très significatif et que partout sur le continent cela peut se répéter.
Sur le bilan de 18 morts, 8 de part et d’autre est probablement provisoire, puisque les 80 blessés laissent une marge de majoration. Il est plus intéressant de savoir si les 8 terroristes tués étaient les seuls commandos de cette expédition plus retentissante que jamais, pas par l’ampleur des dégâts mais par le camouflet infligé au G5 et à la sécurité du pays des hommes qui auront « intègrement » peur partout, désormais. Cette idée hante aussi les observateurs parce que les terroristes ne sont pas naïfs pour jeter tout dans le même panier d’un coup. Y a-t-il eu des fugitifs qui se sont dilués dans les populations.
Après Blaise Compaoré, le déluge sur le Burkina Faso ?
Des questions peuvent se poser, le nombre d’attaques et de morts grimpent, mais est-ce la sécurité des nouveaux Burkina comporte plus de failles que celle du précédent ? Blaise Compaoré a bénéficié d’une sorte de pacte avec les rebelles Touaregs et les autres djihadistes du nord, ce que n’a pas été le cas avec Roch-Marc Kaboré et puis, le Mali n’était pas en déliquescence, il n’y avait pas la MINUSMA et Barkhane ni ce G5. Autant de défis aux yeux des terroristes, qui les voient comme des forces d’occupation étrangères. L’entregent de Blaise a bien protégé le Burkina à son temps, en tout cas…
Dans un pays où les quartiers sont mal délimités, mal structurés et mal gérés, les va-et-vient des populations drapés dans un mode vestimentaire bien favorable, il est facile de se dissimuler et de camoufler une Kalachnikov sciée.
Qu’en doivent tirer et retenir les Guinéens comme leçon ?