Sous l’ex-Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS), les ingénieurs de la torture avaient inventé ce supplice qui consistait à placer des prisonniers, opposants au régime communiste, sous un robinet et à leur faire tomber sur la tête, à intervalles réguliers, une goutte d’eau. Au début, pour la victime, ce « goutte-à-goutte » peut paraître amusant mais au fil du temps, chaque bulle d’eau finit par devenir un coup de marteau attendu avec beaucoup d’angoisses.
Et très souvent, le malheureux supplicié finit par piquer la démence. C’est apparemment cette stratégie qui a été choisie par les forces du mal qui ont installé le Mali dans leur collimateur. En effet, ils sont nombreux aujourd’hui les Maliens qui vivent la peur au ventre, complètement désemparés qu’ils sont. Suivant une cadence et un minutage qu’ils ont choisi, les terroristes assènent des coups mortels, augmentant au-delà de la mort qu’ils sèment, la peur des lendemains.
Des militaires tués par-ci, des civils « braconnés » par-là, des paysans trucidés au champ, des fidèles froidement abattus à l’église ou à la mosquée, des enseignants exécutés devant leurs élèves, des conseillers municipaux et chefs de villages envoyés ad patres, des cars de transport en commun pulvérisés par des engins explosifs, etc. Si ce n’est encore l’apocalypse, le Mali ne semble pas, en tout cas, loin des portes de l’enfer. Mais ce qui met le plus les Maliens dans l’émotion collective, c’est beaucoup moins les champs de ruines que l’impression d’être abandonnés à eux-mêmes par des autorités qui, à chaque ruade mortelle de la bête terroriste, serinent la même rengaine : le Mali ne courbera pas l’échine.
Et pendant ce temps, elles n’opposent presque rien à ceux qui s’acharnent sur les pauvres populations. Trop, c’est trop et il est temps que le président Ibrahim Boubacar Kéita qui a juré de défendre, par tous les moyens, l’intégrité territoriale et la sécurité de ses concitoyens, sorte de sa léthargie et qu’il enfile sa tenue de guerre. Et pour ramener la paix au Mali qui n’en peut plus de pleurer ses morts, aucun sacrifice n’est de trop. Pour l’instant, le président IBK n’a privilégié que la réponse militaire alors que visiblement, son armée n’est pas en ordre de bataille et montre des limites.
Peut-être est-il enfin temps d’ajouter le dialogue à cette stratégie. Car un pays que tout exposait à la furie meurtrière des terroristes comme la Mauritanie, est parvenu, en maniant la carotte et le bâton, à se soustraire de l’emprise djihadiste. Cet exemple devrait donner à réfléchir.
Assi de Diapé
Source: Le Point du Mali