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Attaque terroriste d’une base militaire au Mali: Le nettoyage de la forêt de Wagadou s’impose

Le week-end dernier n’a pas été de tout repos pour l’armée malienne. En effet, le samedi 27 juin, des individus armés, liés à al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), ont attaqué la ville de Nara, à 380 km de la capitale Bamako. Les combattants voulaient prendre d’assaut à la fois Nara et le camp militaire d’Ould Issa, situé à une trentaine de kilomètres des frontières mauritaniennes.

 

Leur opération a été enrayée par l’armée régulière malienne qui aurait perdu trois de ses hommes. Neuf assaillants auraient été également tués. Selon les informations, les combattants islamistes auraient trouvé refuge dans la forêt  de Wagadou, une zone difficile d’accès, située en territoire malien mais non loin de la frontière mauritanienne.

Le dimanche 28 juin, des hommes soupçonnés d’être des islamistes ont également attaqué Fakola, une ville au Sud du pays. Une semaine après la signature de l’accord de paix d’Alger, le 20 juin  dernier et alors que le comité de suivi s’est mis à la tâche, cette attaque rappelle, si besoin en était encore, que la fin de la guerre au Mali est encore loin. Car il faut compter d’une part, avec les trafiquants de tout poil vivant de l’économie de guerre. Et d’autre part, avec les groupes islamistes dont les motivations sont aux antipodes de la paix recherchée et dont la puissance de feu reste alimentée par le chaos libyen.

Face à ces deux ennemis qui se nourrissent de la chienlit et du chaos, les protagonistes de la paix, en particulier le pouvoir de Bamako et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), doivent, plus que jamais, se montrer très déterminés. Si tant est que l’accord de paix d’Alger constitue la principale dynamique de la pacification du Mali, les signataires doivent mettre en commun leurs forces et énergies pour combattre ces deux ennemis : les djihadistes et les trafiquants.

Le gouvernement malien et ses alliés se doivent de retrousser leurs manches

C’est justement à travers une confrontation avec ces combattants pour qui la guerre est la règle qui vaille, que l’on mesurera la sincérité de la CMA, tout particulièrement. Elle devrait se ranger aux côtés du pouvoir de Bamako pour affronter ces combattants. C’est la seule alternative pour elle de clarifier, dans la pratique, ses intentions, quand on sait que des courants anti-accords d’Alger subsistent en son sein.

Le «Comité de crise et de sauvegarde des idéaux du MNLA», par exemple, avait dénoncé dans un communiqué, la signature de l’accord de paix par la CMA. «La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) a signé l’accord d’Alger envers et contre la volonté de l’écrasante majorité des populations azawadiennes», écrivait ce mouvement, le 21 juin dernier. Bref, il faut créer une convergence des forces «Bamako-CMA», en vertu de l’accord du 20 juin pour combattre les islamistes. Et pour cette raison, il importe de travailler à la mise en œuvre rapide de cet accord.

Mais il ne faut pas se faire d’illusions. L’application de l’accord de paix sur le terrain, va traîner des pieds. Et pendant ce temps, les combattants et autres trafiquants vivant sous les idéaux de «l’internationale djihadiste» et de la chienlit, ne vont pas croiser les bras.

Le message de l’attaque de Nara est clair sur ce point : faire comprendre à tous que l’accord de paix n’engage que ses signataires et qu’ils vont poursuivre la «guerre». Le gouvernement malien et ses alliés de la Minusma se doivent donc de retrousser leurs manches. En commençant par le «nettoyage» de la très stratégique zone que constitue la forêt de Wagadou, à partir de laquelle les combattants veulent investir le centre du Mali.

Depuis le début de l’année, les autorités maliennes ne cessent de s’inquiéter de la volonté des djihadistes de prendre pied dans cette forêt. Ces terroristes avaient été chassés de cette forêt en juin 2011 par une opération conjointe des armées mauritaniennes et maliennes, baptisée «Opération Baobab».

Quatre ans après avoir donc délogé les terroristes de cette zone, les forces militaires maliennes ne devraient pas permettre qu’ils s’y réinstallent. Il en est de même pour les autres localités. Ce serait un revers cuisant qui pourrait remettre en cause certaines avancées notables en matière de lutte contre le terrorisme et freiner encore plus les pas lents et hésitants de la CMA dans le respect des accords d’Alger du 20 juin 2015.

Michel NANA (Le Pays-Burkina Faso)

Nouvelle Libération

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