Comme une répétition du drame de Tarkint le 19 mars 2020 qui a fait plus de trente morts dans les rangs des forces gouvernementales suite à une ‘’spectaculaire’’ attaque djihadiste, c’est la ville de Bamba qui a subi la foudre des terroristes. En effet le détachement stationné dans cette ville a été surpris aux environs de 4 h du matin, le lundi 6 avril 2020 par une attaque terroriste d’envergure. Les assaillants ont utilisé les mêmes modes opératoires en prenant le camp en tenaille. Bilan vingt soldats tués, plusieurs blessés, les assaillants aussi ont laissé derrière eux des cadavres. Les populations du nord craignent le scenario de 2012. Elles n’ont pas tord car l’armée a abandonné toutes ses positions avant de se replier en catastrophe sur la ville garnison de Sevare.
Après les attaques meurtrières contre les bases de Tanbankort et Ndelimane, les militaires maliens ont abandonné les positions de Labezzanga et de Watagouna ouvrant un boulevard aux terroristes qui peuvent désormais faire passer leurs cargaisons de drogue sans crainte.
Malgré les coups sévères portés par les forces armées maliennes et leurs alliés la principale tête de l’hydre terroriste n’a toujours pas été coupée.
Les populations ont commencé à perdre patience quand les bases militaires de Boulkessi Mondoro ont été simultanément attaquées faisant des centaines de victimes parmi les militaires maliens sous commandement du G5 Sahel. Les Maliens en colère ont exigé le départ de la MINUSMA, de l’opération barkhane. La contagion a atteint les autres pays du Sahel où des citoyens sont descendus dans les rues pour exiger le départ des forces étrangères qu’ils accusent de complicité avec la nébuleuse terroriste.
Les propos de certains jeunes des sociétés civiles de ces pays ont poussé le président Macron a convoqué un sommet à Pau pour faire taire les rumeurs de Versailles. Ces jeunes activistes à savoir Ben le cerveau pour le Mali, Moussa Changari pour le Niger ont avancé comme argument le retour voilé de la colonisation. Pour Macron les forces internationales sont venues à la demande des pays du Sahel. Elles sont venues au nom de la solidarité internationale. Macron de rappeler que c’est cette solidarité qui a permis à la France de se débarrasser des envahisseurs nazis.
Après le sommet de Pau qui a regroupé autour du président Emmanuel Macron le président burkinabé Rock Marc Christian Kabore, le Malien Ibrahim Boubacar Keita, le Nigérien Mahamadou Youssou et le tchadien Idriss Deby, une lueur d’espoir avait gagné les populations. Plusieurs mesures ont été prises comme la mise en place d’un commandement unique, le déploiement de l’armée nationale tchadienne dans la zone des trois frontières au niveau du triangle du Liptako Gourma. Les terroristes sachant bien cela ont mis en avant l’international terroriste ce qui a permis à Boko Haram de frapper nuitamment la base militaire tchadienne de de Bohoma dans la province du lac Tchad, si les troupes de Ndjamena sous le haut commandement du président Idriss Deby Itno ont infligé des lourdes pertes aux combattants de Aboubakar Chekaau et Bernaoui, il n’en demeure pas moins que la nébuleuse est loin d’être totalement anéantie à cause du manque de volonté des forces nigériennes et nigérianes et la force multinationale mixte qui combat les groupes terroristes. Ces événements ne vont pas permettre l’arrivée à temps de cet allié indispensable qui constitue la tête de gondole de la lutte anti-djihadiste au Sahel. L’opération Takuba qui signifie sabre en tamasheq sensée appuyée l’armée malienne sur le terrain traine encore les pieds, récemment la Norvège a même renoncé a envoyé ses forces spéciales dans le cadre de cette opération. De plus en plus de panafricanistes ont les regards désormais tourné vers l’Union africaine. Au cours d’une interview sur la chaine panafricaine AFRICA 24, le président guinéen Alpha Condé a plaidé en faveur du déploiement d’une force uniquement africaine pour soulager les forces du Sahel épuisées par la guerre d’usure imposée par les terroristes. Cette option semble réaliste. Dans la mesure où après l’échec de l’opération Restore hope rendre l’espoir piloté par les américains suivie du départ de la Mission des Nations Unies en Somalie le pessimisme avait gagné les populations de cette partie de la corne de l’Afrique. Il a fallu une intervention des forces éthiopiennes pour épauler les forces fédérales de transition. Cette intervention sera appuyée par la Mission de l’Union Africaine en Somalie. En quelques années les 22 000 hommes composés de 6000 soldats Ougandais, de 5400 Burundais, de 850 Djiboutiens de 4400 éthiopiens et 3600 kenyans et d’un contingent sierra léonais sont parvenus à chasser les shebabs qui mènent une furieuses guerre asymétrique de toutes les grandes villes de Somalie. Grâce à ces forces africaines le pays a retrouvé une certaine stabilité.
Beaucoup voyaient dans le retour de l’armée malienne reconstituée à Kidal le début du retour de la paix. Parce que pendant longtemps des personnalités de la région à l’image du président du Niger Mahamadou Youssou ont cru que cette ville rebelle est l’épicentre du terrorisme qui sévit dans la région.
Pour prouver que le redéploiement de cette mosaïque de troupes ne diminuera pas les attaques terroristes le 12 mars le bataillon reconstitué qui a pris la route de la région de Ménaka a été victime d’une attaque kamikaz deux soldats maliens sont tombés même si le chef de l’exécutif régional Daouda Maiga a annoncé la neutralisation du kamikaz. La visite bien préparée du premier Ministre Boubou Cisse à Kidal n’a pas contribué à rassurer les populations. L’enlèvement du chef de file de l’opposition et des membres de sa délégation est le signe indien que l’insécurité existe et reste une réalité. La situation sécuritaire dans la région de Mopti n’incite pas à l’optimisme. Certes les grandes villes sont sous contrôles, même si elles sont en état de siège. Mais on est loin du scenario de 2012 en raison de la présence internationale.
Badou S. Koba