«Mara est seul et unique responsable des massacres de Kidal. Malgré des avertissements de la Minusma et de l’opération Serval, il s’est entêté pour venir nous provoquer à Kidal et nous avons riposté pour lui dire qu’il n’est pas le bienvenu», voici les propos de Ambery Ag Rhissa, chef du MNLA à Kidal lors de la conférence internationale sur le rôle et la complémentarité des différents mécanismes dans le processus de la justice transitionnelle au Mali.
La Minusma a organisé, du 29 juin au 01 juillet 2015 au CICB, une conférence internationale sur le rôle et la complémentarité des différents mécanismes dans le processus de la justice transitionnelle au Mali. Cette conférence visait à mener une réflexion, tout à la fois politique, conceptuelle et pratique, sur les enjeux de la justice transitionnelle, de la paix et de la réconciliation nationale au Mali. Elle avait pour objectif d’engager la discussion sur le rôle et la complémentarité des différents mécanismes tant judiciaires que non judiciaires, nationaux et internationaux, permettant la mise en œuvre effective de la justice transitionnelle au Mali.
Prenant la parole au nom de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), Ambery Ag Rhissa a notifié aux membres de la cour pénale internationale, que l’unique responsable des atrocités commises à Kidal en mai 2014 lors de sa visite est sans nul doute l’ancien Premier ministre du Mali, Moussa Mara. Et s’il y a quelqu’un à poursuivre, c’est bien lui car selon le chef du MNLA à Kidal : «Mara s’est entêté en venant à Kidal le 17 mai contre la volonté de la communauté internationale, notamment la Minusma et l’opération Serval, mais aussi sans l’accord des mouvements rebelles. Il est donc venu en provocateur et nous avons riposté pour lui dire qu’il n’est pas le bienvenu». Notons que cette visite de Moussa Mara a provoqué un affrontement sanglant entre les rebelles affiliés aux djihadistes et l’armée malienne. Des exécutions sommaires des civils et militaires ont été constatées.
Cette déclaration d’Ambery devant les membres de la CPI et la Minusma, avant le début des enquêtes, prouve une fois de plus la crainte dans le camp des mouvements armés pour les futures poursuites de la CPI contre les auteurs de crime de guerre dans le nord de notre pays. Comme cela ne suffisait pas, le chef du MNLA à Kidal a aussi signalé que «le massacre d’Aguel Hoc est un acte criminel dont les auteurs sont connus de tous, il s’agit d’Aqmi».
Toutes ces déclarations précipitées des leaders des mouvements armés sont déjà comprises par les membres de la CPI, car en répondant aux questions, un membre de la juridiction internationale a signalé que l’heure n’est pas encore aux témoignages, mais plutôt aux informations sur les futures missions de la CPI. Signalons que plusieurs leaders des mouvements armés dont Ambery lui-même sont sous la menace d’une poursuite judiciaire pour violation des droits de l’homme et des crimes contre l’humanité.
En attendant le début des enquêtes pour une justice équitable, les membres de la coordination continuent à se blanchir un peu partout pour échapper une fois de plus à la justice internationale que le Mali a autorisée à mener des enquêtes sur les crimes commis dans le Nord. Ils doivent comprendre que les temps ont changé et désormais la communauté internationale est là pour apprécier les faits et punir les criminels.
Y. Doumbia
Source: Le Débat