La décision de faire valider les termes de référence traduit la volonté des nouvelles autorités de mieux préparer les assises à venir et de bien amorcer cette étape cruciale de l’histoire de notre pays
Les Maliens se sont retrouvés, en nombre, samedi au Centre international de conférences de Bamako (CICB) pour parler du Mali. L’atelier de validation des termes de référence de la concertation nationale fut l’occasion d’échanges féconds qui traduisent la volonté de nos compatriotes d’écrire ensemble une nouvelle page de notre histoire commune.
Au cours des débats, des recommandations pertinentes ont été formulées et le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) a promis de les prendre en compte pour la bonne tenue des assises prévues du 10 au 12 septembre prochain.
C’est le 1er vice-président du CNSP, le colonel Malick Diaw qui a présidé samedi au CICB, les cérémonies d’ouverture et de clôture de l’atelier de validation des termes de référence pour l’organisation de la concertation nationale sur la Transition. Il avait à ses côtés, le gouverneur du District de Bamako, Baba Hamane Maïga et le maire de la Commune III, Mme Djiré Mariam Diallo.
Dans ses mots de bienvenue, le maire de la Commune III a rappelé que cet évènement va permettre de préparer les assisses nationales pour la mise en place des organes de la Transition. Mme Djiré Mariam Diallo dira que leur succès passe par une appropriation par chacun de la feuille de route qui va en découler. Le 1er vice-président du CNSP a, dans son discours d’ouverture, indiqué que depuis le 18 août 2020, «nous abordons une nouvelle ère de l’histoire de notre pays».
Selon le colonel Malick Diaw, cette étape cruciale nécessite une profonde réflexion et une implication de l’ensemble des filles et fils du pays. «C’est pourquoi, en prélude de la concertation nationale, nous avons tenu à organiser cet atelier de haut niveau à Bamako et dans les capitales régionales. Ces phases régionales répondent à l’exigence de l’inclusivité tant souhaitée par les Maliens», a insisté le 1er vice-président du CNSP, ajoutant que c’est d’ailleurs tout le sens que le Comité veut imprimer désormais à la marche de notre pays.
«Il s’agit, à travers cet atelier, de valider les termes de référence élaborés en vue d’assurer une compréhension commune des attentes de ce rendez-vous historique. L’agenda du CNSP est donc clair et précis : contribuer à la reconstruction de notre pays à travers la garantie de la poursuite du processus démocratique », a souligné l’officier supérieur. Pour lui, cela passe forcément par des réformes audacieuses et profondes.
Le colonel Diaw a assuré que cette étape constitue la première phase de pose des jalons sur le devenir de notre nation. C’est pourquoi, il estime que cette phase importante doit prendre en compte tous les détails relatifs à la bonne tenue de la concertation nationale.
DIAGNOSTIC SANS COMPLAISANCE- Après la cérémonie d’ouverture, le projet de termes de référence a été présenté aux participants par le comité d’experts. Il ressort du document que depuis plusieurs années, notre pays traverse une crise multidimensionnelle notamment sur le plan sécuritaire, social, économique, institutionnel et politique.
Les causes évoquées par les acteurs sont, entre autres, la mauvaise gouvernance, la corruption généralisée et l’impunité, la détérioration de la situation sécuritaire sur la quasi-totalité du territoire national et la multiplication des conflits communautaires entraînant l’effritement de la cohésion sociale.
S’y ajoutent la faiblesse de l’outil de défense pour assurer sa mission régalienne, la démotivation des forces de défense et de sécurité suite à la mauvaise gestion et aux détournements des fonds alloués, le non renouvellement des mandats entraînant l’illégalité de certaines institutions de la République, le non renouvellement des mandats des organes des conseils régionaux, conseils de cercle ainsi que la non tenue des élections communales dans 59 Communes.
Mais aussi la non satisfaction de nombreuses revendications des partenaires sociaux avec de multiples grèves dont celle des enseignants, la mauvaise perception des décisions rendues par la justice, l’organisation d’élections frauduleuses et irrégulières débouchant sur des crises post-électorales tant en 2018 qu’en 2020.
Les participants ont été ensuite repartis en cinq groupes de travail avec comme mandat de proposer des amendements, enrichissements, corrections et recommandations sur le document. À la fin de la journée, les résultats des travaux des groupes ont été présentés en plénière. Ensuite la synthèse sera faite par le comité d’experts à travers un rapport général.
RECOMMANDATIONS PERTINENTES- Il ressort de ce rapport que les participants ont recommandé de prendre en compte certaines causes dans le document notamment, la non-exécution des conclusions du Dialogue national inclusif (DNI), les crises scolaire, sanitaire et économique, la dépravation des valeurs sociétale et traditionnelle.
À ceux-ci, il faut ajouter le déficit de communication entre le gouvernement et le peuple, l’impunité, l’exode rural, le chômage des jeunes, la non satisfaction des revendications des partenaires sociaux, le dysfonctionnement du système judiciaire, l’incivisme dans tous les domaines, les violations répétées de la Constitution. La mauvaise gestion des différentes rebellions, le retard dans l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation, la non compétitivité des ressources humaines liées à l’inadéquation formation-emploi ont été également évoqués.
Au niveau des objectifs, certaines reformulations, ajouts et suppressions ont été proposés. Ils seront analysés et insérés par le comité d’experts. Au niveau des résultats attendus, des recommandations ont également été formulées : définir les thèmes à débattre lors de la concertation nationale, retenir parmi ceux-ci, la révision constitutionnelle. Concernant la méthodologie, les participants ont demandé de structurer la concertation nationale autour des travaux de groupes, séances plénières et avis des experts. Mais aussi d’organiser les travaux de groupes sur deux jours et la plénière sur une journée lors de la concertation nationale.
Comme recommandations, il a été proposé de tenir compte de l’inclusivité, de la représentativité, de revoir le nombre des participants à la hausse. Il a aussi été proposé de mettre le M5-RFP au même niveau de responsabilité que le CNSP dans l’organisation, de revoir à la hausse le nombre de jours de la rencontre, de regrouper certaines causes par catégorie et de dater ces termes de référence.
Dans son discours de clôture, le colonel Malick Diaw dira que c’est avec un réel plaisir qu’il a pris connaissance de la synthèse et des recommandations des travaux. «J’en suis particulièrement fier et vous assure de l’accompagnement de tout le directoire du Comité national pour le salut du peuple», a-t-il dit.
Il a ensuite avoué avoir été particulièrement touché par le degré de mobilisation des participants. D’après lui, cela dénote de l’intérêt qu’ils portent à l’avenir de notre pays. «Nous faisons nôtres les recommandations pertinentes formulées au cours de cette première journée de concertation», a-t-il promis, ajoutant qu’il est sûr qu’elles permettront une meilleure organisation de la concertation nationale en vue.
Dieudonné DIAMA
Source: Journal l’Essor-Mali