La suite d’un différend qui l’a opposé à un paysan, le berger n’a pas hésité à lui asséner des coups violents entraînant sa mort. Puis, il feint la légitime défense
C’est un jeune berger que nous désignons par ses initiales KD. Il a comparu devant les juges lors de la dernière session de la Cour d’assises.
Ce trentenaire était inculpé pour avoir porté des coups de bâton sur Y, un voisin du village, suite à un banal différend qui les avait opposé. Malheureusement, le pauvre est décédé peu de temps après. Tout porte à croire que le différend qui a opposé ces deux individus était lié à la récurrence des conflits entre éleveurs et agriculteurs dans nos villages.
Le drame s’est déroulé en décembre 2017, à N’Gémou, Commune rurale de Sébékoro. Une nuit de ce mois-là, aux environs de 3 heures du matin, les riverains d’un champ situé à la lisière du village ont été réveillés par des bruits inhabituels qui provenaient d’un champ. Pour avoir le cœur net, un villageois du nom de B envoya D, un de ses neveux afin qu’il cherche à comprendre ce qu’il c’était passé dans ce champ.
Une fois sur place, l’émissaire a aperçu BK qui paissait ses animaux dans le champ. Très probablement, ce champ appartenait à la famille de l’émissaire. Lorsqu’il a compris ce qu’il se passait, le cultivateur ordonna à l’éleveur de cesser de paître les bêtes dans le champ et de les conduire ailleurs. Cette remarque à l’endroit de l’éleveur n’était pas du goût de celui-ci. Alors une vive discussion s’engagea entre les deux hommes dans le champ en pleine nuit.
Dans ce brouhaha ambiant, D qui s’était muni de son fusil commença à chasser les bêtes de leur champ avec son arme sans l’utiliser vraiment. Ce spectacle n’a pas plût au berger. Aussi, le berger décida de réagir avec violence pour contrer le cultivateur. Puis, une vive altercation a éclaté entre les deux au milieu du champ.
Le berger KD s’est ainsi servi de son bâton pour assener un coup violent sur la tête de son adversaire. Celui-ci s’affala sous ses yeux. Comme si cela ne suffisait pas, il a pris l’arme de la victime pour le tenir en joug. Comme sa victime ne bougeait plus, il l’a laissée sur place et prit la fuite.
Dans la foulée, des témoins sont allés au champ de mil où ils ont constaté que le cultivateur baignait dans son sang. Dans un premier temps, il a été transporté d’urgence au CSCOM du village pour y recevoir des soins. Mais, il a rendu l’âme quelques jours après son admission à l’Hôpital du Point G.
Ainsi, KD a été recherché, retrouvé et renvoyé devant la Cour d’assises.
Au cours de l’enquête préliminaire, l’inculpé a reconnu les faits, comme devant le magistrat instructeur, où il est resté constant. Mais une fois à la barre, face aux juges, il a joué au faux-fuyant avec peut être une volonté de tromper les jurés sur le déroulé des faits.
Il a fait croire à une légitime défense ; mais les juges ont seulement confronté l’accusé aux procès verbaux de l’enquête préliminaire. Le berger n’avait plus d’issue pour inventer quoi que ce soit.
Partant de là, la cause était entendue pour lui. Le ministère public a requis de le maintenir dans les liens de l’accusation. Quant à la défense, elle s’est retrouvée face à l’incontestable culpabilité de son client. L’avocat a donc plaidé pour des circonstances atténuantes et a sollicité la Cour de le condamner à une peine minimale. Reconnu coupable, l’inculpé a écopé de 5 ans d’emprisonnement dont 18 mois avec sursis.
Tamba CAMARA
…Quatre ans de prison pour avoir tué son enfant
Après le berger qui a écopé de 5 ans d’emprisonnement, c’est une jeune fille du nom de CS qui a pris 4 ans d’emprisonnement. La cause ? Elle s’est rendue coupable d’infanticide en juin 2017 à Sogoniko en Commune VI du District de Bamako. Au moment où elle commettait cet acte ignoble, elle était employée comme aide ménagère dans une famille dudit quartier.
Dans la nuit du 14 au 15 juin 2017, la jeune fille a donné naissance à un bébé dans les toilettes du domicile de sa patronne. Elle avait accouché sans assistance aucune. Ce qui ne l’encouragea pas du tout à garder son nouveau-né. Pour s’en débarrasser, elle n’a pas hésité à le balancer dans les latrines. Elle croyait avoir fait tout dans la discrétion sauf qu’elle a été trahie par des traces de sang sur ses vêtements. Ce qui a éveillé les soupçons de sa patronne qui ne pouvait rester sans chercher à comprendre ce qu’il s’est réellement passé du côté de son employée.
Ainsi, elle a décidé de coincer sa « Bonne » pour essayer d’y voir claire. Quelques jours plus tard, le corps du nouveau-né a été découvert dans la fosse sceptique dans un état de putréfaction avancé. Cela était très facile à comprendre car la jeune fille était la seule porteuse de grossesse dans la famille. C’est comme cela que CS a été interpellée par les policiers du 7è arrondissement aux termes de plusieurs heures d’enquêtes. Une information judiciaire a été ouverte et elle a été inculpée d’infanticide avant de se retrouver devant les juges de la Cour d’assises.
Durant la toute la procédure, CS a reconnu les faits. Mais elle s’est compliquée la tâche le jour où elle a comparu pour s’expliquer sur le déroulé de cette histoire. Elle a tenté de rejeter toute idée tendant à faire croire qu’elle a volontairement laissé tomber sa progéniture dans la fosse d’aisance. à croire les détails de ses explications, même si le nouveau-né est tombé dans cette fosse, cela n’était pas de la volonté de la mère.
L’inculpée a écarté toute responsabilité dans le fait que le nouveau-né a été retrouvé dans la fosse. Pis. Elle est allée jusqu’à dire qu’elle avait contracté la grosse sans le savoir. Durant plusieurs minutes, l’inculpée a tenté de noyer le poisson dans l’eau avec la ferme volonté d’écarter sa responsabilité personnelle dans les faits. Pour elle, tout était involontaire. Face à cette attitude, les jurés l’ont coincée, l’obligeant à abandonner ce moyen de défense.
Finalement, elle a craqué et a avoué avoir agi pour plusieurs raisons : les préjugés sociaux, les représailles des parents au village. Mais surtout l’indifférence totale affichée de l’auteur de cette grossesse.
Après une lecture juridique des faits, le ministère public a jugé qu’ils sont constants tout en estimant que l’inculpée est coupable. Partant du déroulé même de cette histoire, le défenseur des citoyens s’est contenté de les rappeler à la Cour, avant de requérir que l’accusée soit maintenue dans les liens de l’accusation.
Lorsqu’elle a pris la parole, la défense a d’emblée présenté ses excuses à la Cour pour les contrevérités de sa cliente qui selon elle, sont dues au stress. Puis sans vouloir faire trainer le procès, l’avocat a centré sa plaidoirie sur les conditions sociales dans lesquelles les faits se sont passés, avant de solliciter la Cour d’accorder des circonstances atténuantes à celle qu’il considère come une victime.
Cet appel semble être entendu par les jurés. Ces derniers ont reconnu CS coupable des faits. En même temps, ils lui ont accordée des circonstances atténuantes. Ainsi la Cour l’a condamnée à 4 ans d’emprisonnement. Vu le temps qu’elle a passé en détention, elle doit en principe regagner les siens en juin.
T. C
Source : L’ESSOR