La nation malienne s’apprête à commémorer l’accession à la souveraineté nationale et internationale dans un contexte marqué par l’attaque terroriste, ce mardi 17 septembre 2024, contre l’école de gendarmerie de Bamako et l’aéroport Président Modibo Keïta Bamako Sénou. Si le complot ourdi par les terroristes et leurs commanditaires a échoué grâce à la réaction foudroyante de nos forces armées et de sécurité et grâce aussi au concours déterminant de la population notamment, des jeunes qui ont prêté main forte, la question de la lutte contre le terrorisme ne cesse de tarauder les esprits.
Les Maliens qui croyaient désormais éloignés des attaques terroristes avec les résultats indéniables des FAMa contre les groupes terroristes depuis deux ans, surtout depuis le retrait des forces internationales, se retrouvent nez-à-nez, à Bamako encore, avec ces fous de Dieu, venus pour y laisser leur peau. Quoique vite enrayée, l’attaque de ce mardi relance les interrogations légitimes, en tout cas, un regard rétrospectif sur ce qui a été accompli par l’armée au pouvoir en matière de lutte contre le terrorisme.
Au terme de son séjour en Chine où il avait pris part au FOCAC 2024, le Président de la Transition, chef de l’Etat, Son Excellence le colonel Assimi Goïta a tenu à échanger, en famille, avec ses compatriotes de l’Empire du Milieu. C’était le 6 septembre 2024 dans la grande salle de réunion de l’ambassade du Mali à Beijing.
Prenant la parole dans la langue nationale Bambara, il a rendu compte à la Communauté malienne des résultats de sa mission en Chine et leur a donné les nouvelles du pays : les réformes politiques et institutionnelles, l’Alliance des États du Sahel, le partenariat économique, le secteur privé, la situation sécuritaire rassurante… sans occulter les défis auxquels les forces de défense et de sécurité font face dans la lutte contre le terrorisme.
Contre cette barbarie, le combat est de longue haleine. Il ne se gagne pas en une matinée, mais grâce à la détermination de notre armée nous arriverons à bout du terrorisme.
Et comme dans une prémonition, le commandant en chef de l’armée malienne à dit à nos compatriotes de Chine que les terroristes sont des personnes manipulées, révoltées et achetées par l’argent et qu’il s’agissait d’une manipulation politique guidée par certaines puissances étrangères.
Au regard des premiers éléments de réponse donnés par les terroristes arrêtés, on peut dire qu’il avait raison, au moins qu’il a vu juste. Que faire contre ce complot, cette manipulation géostratégique ?
Il est clair, dit le président de tous les Maliens que la lutte contre le terrorisme n’est pas un combat d’un seul jour, mais il a donné des assurances devant les Maliens de Chine ‘‘que cela finira. Soyons déterminés et optimistes… nous allons nous battre pour mettre fin à cela’’. Voici ce qu’il a dit sur la question de la lutte contre le terrorisme.
La lutte contre le terrorisme n’est pas un combat d’un seul jour
‘‘Nous avons également abordé le sujet de l’EAS, composée du Mali, du Niger et du Burkina Faso, qui a vu le jour à travers une défense militaire commune en réponse au terrorisme et à l’ingérence extérieure, notamment européenne. La lutte contre le terrorisme n’est pas facile pour un seul pays, il faut que d’autres s’impliquent davantage. Dieu merci, nous sommes un trio. Applaudissements…
L’AES va nous faciliter la réalisation de nos prérogatives. C’est l’aboutissement de cette mission de défense qui nous a conduit à la création d’une confédération pour maintenir la solidarité mutuelle. Parfois, les avions de chasse interviennent sur le sol burkinabé, mais nous ne communiquons pas là-dessus.
Et vice versa, nous nous aidons tous selon les conditions. La lutte contre le terrorisme n’est pas un combat d’un seul jour, mais soyez rassurés que cela finira. Soyons déterminés et optimistes.
Le terrorisme effraie au point qu’on a du mal à sortir de chez soi, surtout qu’ils savent que la population est le maillon faible. C’est pourquoi, il y a un tiraillement entre le terrorisme et l’armée, car ils savent que lorsqu’ils atteignent la population avec des méthodes de bonté, de distribution de médicaments, d’argent, etc., cela affaiblit notre position.
C’est pourquoi, nous disons que la population doit aider son armée. Le terrorisme n’a pas besoin de religion ; d’ailleurs, beaucoup d’entre eux ne savent même pas comment prier.
Le terrorisme est une manipulation politique guidée par certaines puissances étrangères. C’est pourquoi nous ne négocierons pas avec les terroristes. Il n’est pas nécessaire de passer à la négociation, car on ne négocie que lorsqu’on sait que cela prendra fin. Il faut que les gens sachent que nous allons nous battre pour mettre fin à cela.
Les terroristes sont des personnes manipulées, révoltées et achetées par l’argent. Quand un terroriste meurt, voyez-vous un chef terroriste sortir pour revendiquer ? C’est juste une manipulation par des personnes mal intentionnées’’.
‘‘Les guerres asymétriques se gagnent avec le temps’’
Le président Assimi, pardon le soldat Assimi, n’a changé ni de conviction ni de timing. Dans son discours à la nation à l’occasion du 22 septembre 2020, le président du CNSP, le colonel Assimi GOITA disait la même chose, presque mot à mot, s’agissant de la lutte de la lutte contre le terrorisme. Voici un extrait :
‘‘En 2020 encore, l’insécurité prévaut sur une large partie du territoire national. Les Forces de Défense et Sécurité se battent avec bravoure mais les guerres asymétriques, nous le savons tous, se gagnent difficilement. Elles se gagnent avec le temps, dans la détermination et dans la résilience.
Je voudrais vous faire la promesse que nous gagnerons la guerre qui nous a été imposée’’.
Pour ce faire, le commandant du bataillon autonome des forces spéciales anti-terroristes, a son idée et sa stratégie : ‘‘les Forces de Défense et de Sécurité doivent être davantage mobilisées, formées, aguerries et mises dans les conditions matérielles et morales de la victoire qu’elles ont obligation de remporter contre l’ennemi et ce, pour le peuple malien.
Les mois à venir doivent être des mois de résultats et d’engagement décisifs pour que le Mali recouvre rapidement toute sa sécurité sur tout son territoire.
Les Forces de Défense et Sécurité répondent et répondront, avec vaillance et en tout lieu, à l’appel du Mali. Elles « sont debout sur les remparts, et résolues de mourir » afin que le Mali demeure. Et le Mali demeurera inchallah !’’
Pour l’armée, gagner la guerre contre le terrorisme est plus qu’un challenge c’est une question d’honneur et de génération. Mais les officiers aux commandes de l’Etat et à la tête des troupes savent, pour avoir été sur le terrain le plus clair de leur vie, que la lutte contre le terrorisme étant un combat multiforme et de longue haleine, pour gagner il faut disposer d’un outil de Défense à hauteur de la menace. Cela requiert une politique de Défense courageuse et proactive. Fort heureusement, ils s’y attellent depuis le 18 août 2020.
‘‘Notre Armée fait légitimement la fierté de la Nation’’
Dans son adresse à la nation à l’occasion du 62ème anniversaire de l’armée malienne 20 janvier 2023
le Colonel Assimi GOÏTA, Président de la Transition, Chef suprême des Armées fait le point de la menée depuis le début de la transition :
‘‘Les résultats… sont encourageants au regard du dévouement des hommes engagés sur les théâtres d’opérations. Plutôt que de subir, les Forces de Défense et Sécurité s’inscrivent dans une dynamique de reprise d’initiative tout en renversant significativement les rapports de force.
Par un changement radical de doctrine et de vision, notre Armée fait légitimement la fierté de la Nation tout entière qui se reconnaît de plus en plus dans ses orientations stratégiques.
De l’année 2020 à nos jours, de nombreuses opérations ont été initiées dans le but de protéger et de soulager les souffrances des populations exposées aux actions perfides des groupes armés terroristes. L’opération ‘’Maliko’’ s’est largement focalisée sur le retour de l’autorité de l’État et de la restauration de l’État de Droit ainsi que la libre circulation des personnes et de leurs biens. Bien que les résultats aient été fort appréciables, l’adaptation à la nature de la menace exigeait une nouvelle posture. D’où l’opération ‘’Kélétigui’’, marquée par la prise d’initiative pour le contrôle effectif du terrain. Elle vise à rechercher et neutraliser les groupes terroristes en détruisant leurs sanctuaires.
C’est ainsi que de nombreuses zones refuges des terroristes ont été identifiées et détruites au cours de l’année 2022 sans compter la récupération d’importants lots de matériels et de munitions.
Une autre opération d’envergure, dénommée ‘’ Tilé Kura’’ qui, en plus de la consolidation des acquis de ‘’Kélétigui’’, s’inscrira dans la dynamique de sécurisation de la tenue du référendum ainsi que des élections générales à venir.
À terme, toutes ces opérations concourent, non seulement, à étendre les espaces contrôlés pour permettre la libre circulation des personnes et de leurs biens, facteur de reprise des activités socioéconomiques et du retour durable de l’Administration et des services sociaux de base’’.
Avec la situation consécutive au retrait de la MINUSMA et à la reprise des affrontements avec la CMA et ses alliés terroristes, ‘‘le Mali recouvrera sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire.
A cet effet, en application de la résolution 2690, le Gouvernement de la République du Mali veillera au redéploiement effectif des Forces de défense et de sécurité ainsi qu’au retour des services sociaux de base sur l’ensemble du territoire national. Cela est d’autant plus urgent que la deuxième phase du retrait de la MINUSMA devra faire l’objet d’un suivi rigoureux dans les localités de Douentza. Ansongo, Aguelhoc, Kidal, Tessalit au plus tard le 31 décembre 2023.
Ce processus ne saurait se finaliser sans contrainte. Toutefois, j’invite les populations à resserrer les rangs autour des FAMa dans l’accomplissement de cette mission décisive’’ (extrait du discours du 22 septembre 2023). C’est dans ce cadre que l’Opération Dugukoloka a été lancée et a abouti à la reprise de Kidal le 14 novembre 2023.
Ayant pris conscience que la survie même de notre État dépendait de la question sécuritaire, les autorités de la Transition ont opérés des choix stratégiques majeurs qui ont permis l’amélioration de nos capacités opérationnelles et la montée en puissance de l’armée, dira le président Assimi dans son Discours à la Nation du président Assimi Goïta à l’occasion du 22 Septembre 2023.
Il explique : ‘‘Suivant notre nouvelle vision de l’outil de Défense, celui-ci a connu une mutation en profondeur, d’où un changement radical de mode opératoire dans la lutte contre les groupes armés terroristes dont les actions perfides ne consistent, de nos jours, qu’à s’attaquer aux populations civiles innocentes en guise de représailles des lourdes pertes que leur infligent les Forces de Défense et de Sécurité.
En témoigne la dernière attaque lâche et barbare contre le bateau ‘’Tombouctou’ dans la localité de Bamba. Aux familles endeuillées, je présente les condoléances de la Nation et souhaite prompt rétablissement aux blessés. Les attaques ainsi dirigées contre les populations civiles de même que celles contre les FAMa ne resteront pas impunies. A ce jour, une enquête est déjà ouverte par la justice malienne.
La nouvelle politique de défense intègre les citoyens dans un système plus adapté aux conditions d’un pays faisant face à des menaces sécuritaires multiformes. C’est pourquoi le Gouvernement a restauré et amélioré le service national des jeunes. Il a également pris un décret sur la réserve des forces armées et de sécurité. Aussi, la nouvelle Constitution prévoit la mobilisation aux côtés des forces armées et de sécurité de tous les citoyens âgés de 18 ans au moins pour la défense de la patrie’’.
‘‘La lutte se poursuivra jusqu’à la pacification totale du pays’’
C’est donc un président heureux qui aborde, dans son discours à la nation à l’occasion du nouvel 2024, ‘‘la question sécuritaire et la reconquête de l’intégrité territoriale de notre pays (qui) ont été et demeurent au cœur des préoccupations du peuple malien’’ et salue ‘‘l’engagement et la détermination des FAMa dans la conduite de l’opération Dougoukoloko conformément à la résolution 2690 de l’ONI ainsi que le soutien multiforme dont elles ont bénéficié auprès du peuple malien’’.
Mais, la reprise de Kidal est loin d’être une fin en soi, la fin du terrorisme dans notre pays.
Aussi, dit-il, ‘‘la lutte contre les groupes armées terroristes se poursuivra jusqu’à la pacification totale du pays. Sur aucune portion du territoire national il ne devrait y avoir de la place pour ceux qui ont décidé d’attenter à nos terres et à la vie de nos populations’’.
En cette veille du 22 septembre 2024, restons confiants et résolument soudés derrière notre armée.
Elle fera le job, et proprement. Car, les quelques kilomètres carrés qui restent à reconquérir ne sont pas hors de portée. Tôt ou tard, le terrorisme sera vaincu sur cette terre malienne.
Conviction d’un journal ? Prémonition de patriotes qui n’ont jamais perdu foi en le Mali.
Bonne fête nationale à toutes et à tous.
Par Abdoulaye OUATTARA