Les députés ont autorisé hier la ratification par notre pays du traité portant création de l’Agence africaine du médicament (AMA), adopté en février 2019 à Addis-Abeba par les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine.
Cet organe s’attèlera à mieux coordonner les initiatives relatives à la réglementation des produits médicaux sur le continent et promouvoir le partenariat sur des aspects comme les essais cliniques, l’inspection des sites de fabrication des produits médicaux et la surveillance du marché.
En adhérant à l’initiative, le Mali s’offre l’opportunité de renforcer ses capacités en matière de réglementation des produits médicaux. «Un renforcement dont le but ultime est d’accéder à des produits médicaux de qualité sûre et efficace», selon le rapport de la commission de la santé, du développement social et de la solidarité. C’est cette commission qui a, en effet, étudié au fond ce projet de loi sur l’AMA, avant qu’il ne soit soumis à la plénière et validé à l’unanimité par 79 voix pour, 0 contre et 0 abstention.
La séance plénière était présidée par le président de l’Assemblée nationale, Issaka Sidibé. Le texte était défendu par le ministre de la Santé et des Affaires sociales, Michel Hamala Sidibé.
La commission santé voit en cette agence un abri pour le continent, face à l’instabilité liée à la contrebande pharmaceutique et la prolifération des médicaments de la rue. «Plus que l’adoption de mesures latentes envisagées pour apporter des solutions cosmétiques à cette grande problématique, estime-t-on dans le rapport, il est devenu urgent de procéder à la reconnaissance des besoins spécifiques de la région et de passer à l’adoption d’un modèle de priorité basé sur des approches novatrices instaurant une réglementation complète et hiérarchisée du médicament comestible sur le continent».
Le traité doit être ratifié au moins par quinze pays pour qu’il entre en vigueur. À ce jour, onze pays ont déjà signé et un seul, le Rwanda, l’a ratifié.
Ce manque d’engouement, selon le ministre de la Santé et des Affaires sociales, est essentiellement dû au fait que tous les pays sont pour le moment préoccupés par la gestion de la pandémie du Covid-19. Michel Hamala Sidibé, qui a été désigné «champion AMA» par l’Union africaine, n’écarte pas l’idée de plaider pour que le Mali abrite cette autorité continentale qui permettra à l’Afrique de «produire des médicaments de bonne qualité» et, au besoin, s’approvisionner ailleurs à travers des achats groupés. Aussi, le continent aura une meilleure régulation pour combattre les faux médicaments.
Actualité oblige, les élus ont partagé leurs préoccupations avec le ministre concernant la pandémie du Covid-19.
La crise engendrée par cette maladie est d’autant plus inquiétante qu’on a «aucune visibilité sur la période que ça va prendre», a confessé Michel Hamala Sidibé. Il a également souligné la «très forte contagiosité» de cette maladie, face à laquelle la prévention demeure la meilleure posture. Il a appelé au respect des mesures barrières pour briser la chaîne de transmission du virus.
Lors des débats, il a également été question des propos tenus par un chercheur concernant une possible expérimentation d’un vaccin en Afrique.
Cela est «inacceptable » pour Michel Hamala Sidibé, qui a estimé que cette situation pourrait amener les populations à se méfier même des «vrais programmes de vaccination».
Issa Dembélé
Source : L’ESSOR