Le jeune sergent de police, Aliou Traoré, âgé seulement de 23 ans, vient de nous quitter. Cause de sa mort : « Le sergent Aliou a été assassiné par négligence professionnelle de ses supérieurs hiérarchiques du GMS, du commissariat du 6ème arrondissement et de l’ensemble des autorités de la police malienne », nous explique, ce dimanche 18 novembre 2018 au siège de la Bourse de travail, le secrétaire général du syndicat de la police affilié à l’UNTM, Cheickna Hamalah Diakité, qui était en compagnie du secrétaire chargé des revendications, Mahamadou Koné, pour une conférence de presse.
La police nationale du Mali est en deuil car elle vient de perdre l’un de ses braves éléments dont l’enterrement a eu lieu le samedi 17 novembre courant après une cérémonie solennelle à l’Ecole nationale de la police. En cette circonstance, vu les conditions dans lesquelles est décédé ce jeune et la violation flagrante des textes régissant le corps de la police, en plus de la réaction des supérieurs hiérarchiques de ce dernier, les syndicalistes ont enfin jugé indispensable de se saisir du dossier de ce jeune qui a été assassiné le lundi 12 novembre 2018, lors d’une mission que la hiérarchie lui avait assignée. « Nous nous sommes réunis aujourd’hui pour dénoncer des faits qui sont inhumains. En effet, le lundi 12 novembre courant, des éléments du GMS ont été envoyés en mission par leurs autorités, pour servir au niveau du 6ème arrondissement de Bamako. De là-bas, ils ont été chargés d’accompagner un huissier chargé d’accomplir sa mission à Badianbougou, sous l’ordre des supérieurs du commissariat du 6ème arrondissement. Mission au cours de laquelle, sergent Aliou Traoré a été sauvagement assassiné par la foule suite aux agressions de l’équipe de la police par le public », explique le secrétaire Cheikna Hamalah Diakité.
Très remonté contre la hiérarchie, le syndicaliste précise : « L’effectif qui a été envoyé pour l’opération de démolition par l’huissier ne pouvait pas faire face à la pression de la foule. Parce que non seulement il était insuffisant, mais il n’était pas aussi équipé ». Puis de poursuivre que « le sergent Aliou Traoré en question a été envoyé en mission sans casque, ni carapace ni bâton de défense et ni Jean-Pierre », précise le secrétaire Cheickna.
A entendre le syndicaliste, Aliou a d’abord reçu de nombreux coups de cailloux ainsi que différents autres projectiles de la part de la population de Badianbougou. Il était tellement atteint, au point qu’on ne pouvait voir sa figure. C’est ainsi qu’il a rendu l’âme à l’hôpital. C’est dû au fait qu’il ne portait aucun matériel de protection. Selon toujours ce syndicaliste, excepté une qui est partie à l’hôpital sous la pression du public, dans la nuit où le jeune est décédé, aucune autre autorité policière n’a pu avoir le courage de s’y rendre pour au moins souhaiter une meilleure santé à ce jeune, agressé sauvagement alors qu’il était en mission commandée, a fortiori prendre en charge ses frais médicaux.
À cela, s’ajoute l’absence du ministre Salif Traore et des hautes autorités censées être présentes lors des funérailles de policier ou tout soldat tombé sur le champ d’honneur. Ce représentant syndical de la police dit être déçu du comportement honteux des autorités policières pour avoir négligé, par leur absence, le corps d’Aliou Traoré lors de sa cérémonie de funérailles.
L’ordonnance n°015 du 15 mars 2018 du statut de la police n’a fait l’objet d’un minimum de respect
Aux dires de Cheikna H. Diakité, l’ordonnance n°015 du 15 mars 2018 du statut de la police dont la teneur prévoit que tout policier décédé lors d’une mission est promu au grade supérieur lors de sa cérémonie funéraire, en plus du rappel de ses dix ans de salaire, n’a pas, à présent, fait l’objet d’un minimum de respect de la part de nos autorités policières. Car précise-t-il, ni par arrêté du ministre Salif Traoré ni par réaction des autorités de la Direction Générale de la Police, des dispositions sont en train d’être prises pour mettre Aliou et ses ayant-droits dans les conditions requises par la loi.
« Nous dénonçons cette mauvaise manipulation des autorités de la DGPN et des autorités de la police nationale », dit Cheickna. Avant de marteler : « Nous allons entamer toutes les procédures judiciaires et même administratives pour dénoncer ces actes et situations. » Puis le syndicaliste chargé des revendications, Mahamadou Koné, s’interroge : « On se demande si le ministre Salif Traoré est là pour lui-même ou pour la police ». Celui-là termine par dire que cette situation a carrément démoralisé les jeunes policiers du GMS aujourd’hui. C’est dû au comportement de la hiérarchie qui a failli à sa mission, précise-t-il. Allégation argumentée davantage par le secrétaire général, Cheickna H. Diakité en évoquant le cas des 2200 éléments du Groupement Mobile de Sécurité (GMS) qui n’ont, selon lui, reçu après leur formation militaire et professionnelle qu’une seule dotation.
Se prononçant sur le cas du rejet de leur texte par une ordonnance signée du président de la République (IBK) et plusieurs de ses ministres lors du conseil des ministres passé, pour manque d’information nécessaire pour l’adoption dudit texte à l’Assemblée nationale, Cheickna H. propose une réelle réforme au niveau des cadres du département du ministre Salif Traoré, suite aux humiliations que ce rejet pour manque d’information a suscité au sein de la police. Car selon lui, le Conseil supérieur a failli, de même que la DGPN. « C’est décevant et honteux de voir que ce département et ses différents services manquent de cadres capables de fournir des meilleures informations pour défendre les textes de la police nationale », a-t-il déploré.
Les syndicalistes accusent les supérieurs hiérarchiques du GMS et du commissariat du 6ème arrondissement
Aussi, dénonce-t-il les mensonges faits par certains dirigeants de la police à propos de la réintégration de leurs collègues radiés. Lesquels leur avaient promis de satisfaire leur doléance après le retrait de leur plainte au tribunal. « Nous, on avait fait confiance à eux. Mais aujourd’hui, nous n’avons ni confiance au ministre de la Sécurité ni aux responsables de la Direction Générale de la Police Nationale parce qu’ils nous ont menti et nous ont trahi par la non-tenue de leur engagement », a clarifié le conférencier Diakité.
Pour finir, les syndicalistes accusent les supérieurs hiérarchiques du GMS et du commissariat du 6ème arrondissement d’avoir mené ce jeune policier, Aliou Traoré, à la boucherie par négligence professionnelle. « Le sergent Aliou Traoré a été assassiné par négligence professionnelle de ses supérieurs hiérarchiques du GMS, du commissariat du 6ème arrondissement et de l’ensemble des autorités de la police malienne », estiment les syndicalistes conférenciers de la police qui ont fini par dire qu’une plainte sera portée devant la justice contre les supérieurs hiérarchiques du GMS, du commissariat du 6ème arrondissement, de l’huissier qui a fait appel à la police et de la population de Badianbougou, tous tenus responsables de cet assassinat.
Mamadou Diarra
Source: Le Pays