Depuis la réélection en 2018 du Président IBK pour son second et dernier mandat, l’échiquier politique semblait relativement calme, jusqu’à la signature de l’Accord politique de gouvernance en mai 2019. Depuis, l’entrée au gouvernement d’une frange de l’opposition et la mise à l’écart de certains membres de la majorité a entraîné une reconfiguration politique qui touche tous les regroupements. La Création d’un groupe parlementaire ASMA-CFP, le lancement de l’ARP, la relance de la commission mixte Adema/RPM et le possible rapprochement ASMA-ARP sont autant de signes que si 2023 est encore loin, personne ne perd de vue la cible. Le tour de chauffe est déjà lancé.
Début juin, plusieurs partis membres de la majorité présidentielle et non représentés au gouvernement annonçaient la création d’un nouveau regroupement politique, l’Action républicaine pour le progrès (ARP), autour de l’UDD de Tiéman Hubert Coulibaly, ancien ministre. Composée entre autres du Mouvement pour le Mali (MPM) du prospère député de la commune II de Bamako Hady Niangadou, du Parti malien pour la démocratie sociale (PMDS) de l’ancien ministre Ben Kattra, des Forces alternatives pour le changement (FAC) et du Mouvement Mali émergence (MME), cette nouvelle alliance cherche à peser, malgré sa faible implantation sur le terrain (3 députés).
Bien que démissionnaire de la plateforme Ensemble pour le Mali (EPM), « ce regroupement reste dans le camp IBK. C’est une réaction à EPM, mais rien de nouveau sous le soleil. Je ne vois pas Tiéman mâcher tout cela pour quelqu’un », analyse un observateur politique, alors que d’autres expliquent la création de l’ARP par les frustrations nées après la formation du gouvernement Boubou Cissé.
ASMA – ARP : Objectif Koulouba ?
« Nous nous sommes dits qu’il fallait créer une commission paritaire pour échanger régulièrement sur le futur pôle politique. Mais pour le moment rien n’est fait », explique Issa Diarra, Secrétaire général du bureau politique national de l’ASMA-CFP, la formation de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga (SBM), suite à une rencontre réunissant l’ARP et son parti au début août.
« Il y a tellement d’échéances avant 2023. SBM pense que c’est encore trop loin pour en parler. Il faut d’abord réussir le dialogue politique, aller aux élections législatives, etc. Avant de penser à 2023, il faut passer ces étapes-là », tranche Issa Diarra. Optimiste, ce politique averti est néanmoins convaincu que son poulain mériterait plus que quiconque de succéder à l’actuel locataire du Palais de Koulouba, le moment venu. « On ne peut jamais être aimé de tout le monde, mais je sais que SBM connait les problèmes de ce pays. Il a le courage de se promener, d’aller dans les coins et recoins du Mali pour être à proximité des populations », plaide cet « apparatchik » pour lequel la politique n’est autre chose que d’être à l’écoute de ceux que l’on est appelé à servir.
Revenant sur la convergence de vues entre l’ASMA-CFP et l’ARP, qui attire l’ attention, le secrétaire général souligne les bonnes relations entre les deux présidents. « Tiéman, c’est notre frère. En 2006, quand nous avons créé Convergence 2007, c’est lui qui était notre rapporteur. Il y a donc de fortes relations entre nous en dehors de la politique. L’ARP est composée de gens que nous connaissons, avec lesquels nous partageons beaucoup de choses », dit M. Diarra sans ambages, et malgré les rivalités entre les deux anciens ministres de la défense.
Calculs politiques
Mais même si l’ASMA-CFP n’a pour sa part pas quitté officiellement EPM et que ce parti est « prêt à soutenir IBK jusqu’au bout pour le mandat en cours », cette scission de la coalition présidentielle ne sera pas sans conséquences.
« Il y aura une guerre de leadership et de positionnement pour savoir qui aura plus de légitimité pour incarner la majorité », prédit un analyste pour lequel l’ASMA-CFP n’avait de poids que parce qu’il détenait la Primature. « SBM a su s’aliéner tellement de sympathies qu’il n’incarne plus le renouveau politique qu’il prône. Et, en attendant, la vraie question, c’est jusqu’où ira Boubou Cissé, ce Premier ministre iconoclaste, qui est en train de faire des miracles ? », ajoute notre analyste pour réorienter le débat. Un débat qui touche également l’Adema et le RPM, les deux principaux partis de la majorité, qui ont relancé leur commission mixte et travaillent à des propositions communes dans le cadre du dialogue politique. Objectif affiché : conserver le leadership à l’approche de l’élection présidentielle de 2023.
Journal du mali