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Arrestation de Mahamadou Camara, convocation de Moustapha Ben Barka : La mise en accusation d’IBK se précise

L’évolution du rocambolesque et brûlant dossier d’acquisition des matériels militaires a franchi un nouveau palier, la semaine dernière, avec la mise sous mandat de dépôt d’un nouvel acteur, l’ancien ministre Mamadou Camara, par la Cour suprême. À l’instar de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga et de l’ancienne ministre de l’Economie et des Finances, Bouaré Fily Sissoko, cet ancien Directeur de cabinet à la présidence de la République est également un justiciable de la Haute cour de justice – une institution vacante à laquelle la Cour suprême a choisi de suppléer pour rattraper, dit-on, un risque de prescription des faits. Mais à la différence de ses coïnculpés, M. Camara n’est pas à sa première expérience d’incarcération dans la même affaire.

 

Il a connu un précédent séjour de plusieurs mois à la Maison Centrale d’Arrêt, avant de bénéficier d’une mise en liberté, en vertu d’un arrêt de la Cour d’appel de Bamako lui ayant reconnu le privilège juridictionnel au détour d’une liaison entre les faits et son rang de ministre. Ce privilège sera confirmé par un autre arrêt de la Cour suprême et même étendu à ses coaccusés et justiciables ordinaires dans la même affaire – dont le fournisseur des matériels militaires -, mais la haute juridiction vient de se déjuger en inculpant  à nouveau l’ancien porte-parole du candidat IBK. Le chef d’accusation le concernant nous est pour l’instant inconnu, mais on subodore une implication de l’ancien ministre Mamadou Camara à travers sa correspondance adressée au ministre de la Défense es qualité directeur de cabinet du président de la République,  dans laquelle missive Sidi Mohamed Kagnassy est désigné pour représenter l’Etat malien dans le marchandage des commandes de matériels militaires. Cette désignation du conseiller spécial de Koulouba, selon toute vraisemblance, tient lieu d’instruction du chef suprême des Armées à Soumeylou Boubèye Maïga car tout indique que l’auteur de la correspondance n’agit pas en son propre nom. En atteste la mention P/o (par ordre) qui, toutefois, n’exonère pas de responsabilité le signataire de la correspondance, aux yeux de la justice. Il est plausible, par conséquent, que cette responsabilité soit extensible à l’employeur de Mamadou Camara de l’époque, le donneur d’ordre exclusif de Koulouba, en l’occurrence le président IBK dont les accointances et la proximité avec le principal bénéficiaire de l’instruction ne sont plus à démontrer. Sidi Mohamed Kagnassy n’est autre, en effet, que cet opérateur économique connu pour la partition qu’il a jouée dans campagne d’IBK en 2012. En définitive, l’insistance de la justice sur les tenants de la lettre au profit de l’ancien conseiller spécial d’IBK pourrait annoncer la plausibilité d’un glissement de la procédure vers l’ancien président de la République démissionnaire ou démis par les putschistes du 18 Août 2020. En tout cas, ce dernier jamais contesté ni la forme ni le contenu de la correspondance dont les implications et la teneur juridiques transparaissent dans le chef d’implication de l’ancien ministre de la Défense sous le vocable de favoritisme. Il faut entendre par-là la préférence faite à Mamadou Kagnassy, collaborateur du président de la République, comme fournisseur-écran, au détriment d’une passation régulière d’un moyen au moyen d’une ouverture de la commande à la concurrence. Toutefois, si les éclats de la salve d’interpellations venaient à éteindre IBK, il ne sera probablement pas poursuivi pour «favoritisme» mais manquement à son devoir et trahison de son serment de préserver les intérêts de la nation. Une procédure similaire avait été du reste enclenchée contre son prédécesseur par ses soins et la Haute cour de justice installée en toute diligence pour les besoins de ce dessein finalement abandonné. Spécialisée dans les procédures contre une certaine catégorie de citoyens, cette juridiction a cette disparu de l’arsenal judiciaire du pays avec la disparition de l’assemblée nationale dont elle est l’émanation. Cette donne ne saurait logiquement constituer un frein à une éventuelle mise en accusation d’IBK, et pour cause : les hautes personnalités détenues dans l’affaire sont toutes des justiciables de la même Haute cour de justice que la Cour suprême a mises sous mandat de dépôt en vertu de la prescriptibilité des faits.
Quoi qu’il en soit, avec la convocation de Moustapha Ben Barka par la Cour suprême, un autre proche d’IBK, les procédures de l’avion présidentiel et des commandes militaires ne se sont jamais aussi approché de l’ancien locataire de Koulouba.

A KEÏTA

Source : Le Témoin

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