Au Mali, Ibrahim Boubacar Keïta fête ses trois ans à la tête du pays. Une de ses promesses de campagne, qui était la création de 200 000 emplois avant la fin de sa mandature, est la cible de toutes les critiques, notamment la jeunesse malienne qui est plutôt acerbe vis-à-vis de cette promesse. En revanche, il peut afficher un bilan plus positif en matière agricole.
Deux cent mille emplois pour les jeunes, c’était une promesse d’Ibrahim Boubacar Keïta. Le gouvernement affirme avoir déjà créé 121 000 postes mais ce chiffre est contesté par le collectif de jeunes, Bi-Ton.
Sokona Tounkara est une de ses porte-parole : « Donner un stage à la jeunesse et donner un emploi, c’est très différent. Un stage, c’est une formation professionnelle. Ça permet à l’étudiant de mettre en pratique ce qu’il a appris à l’école. Et l’emploi, c’est tout autre chose. »
Et Sokona Tounkara de demander des chiffres précis : « Il faut qu’on nous donne des statistiques fiables qui nous prouvent que ces 120 000 existent réellement. »
Mais du côté de la fondation Tuwindi, qui travaille notamment sur le contrôle citoyen de l’action publique et gouvernementale, on est plus nuancé : « Ce qui bloque, c’est déjà l’inadéquation entre la formation et la réalité de l’emploi, le besoin de l’emploi, explique Tidiani Togola, son directeur. L’Etat ne doit pas tout le temps se positionner comme celui qui va créer tous les emplois. Il faut aussi encourager au niveau du secteur privé. Aujourd’hui les écoles ne travaillent pas bien, c’est tout le temps des grèves. Là, le travail de l’Etat, c’est de faire en sorte qu’à l’entrée, les gens soient bien formés, que l’école soit suffisamment stable. Le secteur privé cherche des compétences qui peuvent arriver à donner des résultats. »
Des formations trop éloignées des besoins des entreprises, voilà le problème structurel et de quoi travailler pour les deux prochaines années de la mandature d’Ibrahim Boubacar Keïta.
La relance par l’agriculture
Si le secteur de l’emploi suscite de nombreuses interrogations, côté relance économique, la politique agricole menée par le gouvernement porte ses fruits. Il faut dire que l’économie du pays repose en grande partie sur l’agriculture : des céréales, du coton, de l’élevage également.
Depuis 3 ans, les engrais et les intrants sont subventionnés. Concrètement, un sac d’engrais qui coûtait 12 000 francs CFA [environ 18 euros] à l’époque coûte aujourd’hui 1 000 francs [1,52 euro] de moins. Sur l’année 2016, c’est près de 40 milliards de francs de subventions. Un chiffre non négligeable qui permet aux agriculteurs, que ce soit de maïs, de coton ou de riz, d’être beaucoup plus productifs.
Au Mali, il y a aussi tout un plaidoyer pour mécaniser le secteur de l’agriculture§. L’opération la plus marquante, fut l’achat de 1 000 tracteurs en partie subventionnés par le gouvernement malien, à destination des paysans. C’était en 2015. Certes, il y a eu des polémiques à l’époque sur une prétendue surfacturation de ces machines, mais toujours est-il qu’elles ont été distribuées aux agriculteurs.
Du côté de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali, on appuie aussi la mécanisation des exploitations agricoles. Tout est fait pour améliorer le rendement.
Reste une question : est-ce que le Mali peut reconquérir sa place de leader, notammentdans le secteur du coton cette année ? Ce n’est pas encore assuré, mais il y a de fortes chances que le Mali redevienne le premier producteur de coton en Afrique. Le prix d’achat du kilo de coton a été rehaussé, à 250 francs [0,37 euro], ce qui a motivé les producteurs. Cette année, près de 700 000 hectares de coton sont cultivés, on peut donc s’attendre, selon le président de la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT), à une récolte d’environ 650 000 tonnes de coton. Il faut noter que l’agriculture, au sens large, fait vivre près de 4 millions de personne au Mali.
Source : RFI