A-t-il pris sa retraite politique ? On peut en douter. Pr Dioncounda Traoré, l’ex-président intérimaire était en visite hier, jeudi 12 septembre 2013 au siège du parti dont il demeure le président, l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ). Quand on sait que cette formation politique traverse actuellement une mauvaise passe et se prépare à un » congrès de refondation « , on peut comprendre que cette visite de Dioncounda qui a passé près d’une heure avec le personnel est un signal…
Officiellement, « il est venu pour saluer le personnel et nous avons fait beaucoup de photos ensemble dans une très bonne ambiance… », nous disait au téléphone le permanent, Alain Sidibé. L’histoire retiendra qu’une semaine seulement après son départ de la présidence de la République, Pr Dioncounda Traoré s’est déplacé personnellement pour venir au siège de l’ADEMA.
Il était arrivé à Bamako-Coura vers 10 heures et n’est reparti que vers 11 heures. Il était seul, avec une escorte réduite, pour rendre cette visite de courtoisie à la Ruche au moment où le parti est traversé par certaines dissensions et se prépare à aller à des assises dites de refondation. Faut-il rappeler que l’ancien président de la République, Alpha Oumar Konaré, l’un des fondateurs du parti lui, n’a jamais mis pied au siège depuis qu’il a quitté le palais présidentiel en 2002. Pourtant, il avait clairement affirmé qu’il ne sera jamais un ancien militant du parti.
Dès lors, des questions fusent à propos de la visite du président de la deuxième transition de l’histoire du Mali. Dioncounda compte-t-il reprendre sa place de président du parti de l’abeille solitaire ? A-t-il encore la capacité de diriger une formation politique minée de toutes parts par des querelles intestines, des coups bas et des ambitions opportunistes ? Pourra-t-il faire face aux reproches que certains cadres lui font quant à la gestion des primaires ayant conduit à la désignation du candidat du parti pour la récente élection présidentielle? L’ancien candidat de l’ADEMA à la présidentielle avortée de 2012 peut-il se mettre au-dessus de la mêlée pour recoller les morceaux au sein d’une formation politique qui a deux courants qui se regardent en chiens de faïence ?
Il faut rappeler que le candidat de la Ruche à la dernière présidentielle, Dramane Dembélé, réputé être l’incarnation du changement au niveau du parti n’a pas été soutenu par l’ensemble des responsables. Ce qui a conduit ce dernier à un naufrage électoral alors que son parti possède une redoutable machine électorale.
Le clash naissant entre la jeune génération et les « aparatchiks » a été ainsi exacerbé avec l’appel lancé aux militants par le candidat malheureux Dramane Dembélé à voter pour IBK au second tour de la présidentielle, alors même que l’ADEMA avait signé une plateforme d’alliance électorale avec le front anti-putsch pour soutenir la candidature de Soumaïla Cissé.
L’on se souvient que le président par intérim du parti de l’abeille, Ibrahima N’Diaye dit Iba, qui finira par démissionner de l’organe dirigeant du parti, avait, lui, appelé vainement à rester fidèle à cette plate-forme.
Toute chose contre laquelle Dramane Dembélé s’était violemment insurgé dans la presse en ralliant avec plusieurs sections le camp du candidat IBK, qui l’a emporté. La question se pose à présent de savoir si l’ADEMA est dans sa totalité un parti allié au pouvoir actuel ou si elle va faire l’opposition ou se diviser selon les deux courants en son sein.
La visite du président Dioncounda hier à la Ruche ne saurait être fortuite. Bien malin qui devinera ses incidences en cette avant-veille du prochain congrès des abeilles.
Bruno D SEGBEDJI
djitosegbedji@yahoo.fr
Source: L’Indépendant