Le chef de la Minusma, M. Bert Koenders, sait désormais à qui il a à faire au Mali. Selon nos informations, le président Ibrahim Boubacar Kéïta n’est pas passé par quatre chemins pour lui dire son mécontentement. Certaines sources précisent même que Bert Koenders a été tancé par le président IBK, le vendredi à la suite des incidents sur l’aéroport de Kidal.
On se rappelle que le jeudi dernier, 28 novembre 2013, le Premier ministre Oumar Tatam Ly, a été contraint d’annuler une visite de terrain à Kidal, lorsque le Mnla a poussé ses partisans à envahir la piste d’atterrissage pour empêcher l’avion du chef du Gouvernement d’atterrir.
Les soldats de la Minusma, les fameux casques bleus, présents sur la piste se sont écartés devant les manifestants armés du Mnla.
Cette sitaution, on peut le dire, a encouragé ces manifestants du Mnla munis d’armes à feu à s’en prendre aux soldats maliens postés sur la piste avec “des jets de pierre et des tirs d’armes”. Obligeant ceux-ci à faire des tirs de sommation pour se dégager.
Ces incidents ont fait un bilan diversement interpreté et par les forces armées maliennes, qui parlent de trois blessés, et par le Mnla, qui parle de quatre blessés et d’une (1) personne tuée.
A la suite de ces incidents, dont le Mnla a preis prétexte pour déclarer la guerre à l’armée malienne, le Gouvernement a publié le même jour, jeudi 28 novembre 2013, un communiqué à travers lequel il a dénoncé l’absence d’une force tampon de la Minusma.
Dans ledit communiqué, le Gouvernement déclare qu’il “s’étonne de l’absence de mise en place, par la Minusma, d’un dispositif adéquat de sécurisation de l’aéroport et de la ville, en dépit de son information préalable de l’organisation de cette mission dont elle a assuré le transport.”
LA COLÈRE D’IBK
Si les ropos du Gouvernement sont empreints de tournures diplomatiques, le président de la République ibrahim Boubacar Kéïta n’aurait pas, lui, mâché ses mots. Le vendredi 29 novembre, il reçut le patron de la mission onusienne, Bert Koenders, pour lui faire part de son mécontentement, devant l’attitude “passive” des soldats de l’Onu. Pour mettre les points sur les “i”, tout en évitant de jeter le ridicule sur Bert Koenders, le président IBK n’aurait pas fait appel à la traditionnelle équipe de reportage de l’Ortm et aurait choisi ses mots pour marquer son mécontentement, son étonnement.
Si le Gouvernement s’est étonné “de l’absence de mise en place, par la Minusma, d’un dispositif adéquat de sécurisation de l’aéroport et de la ville” , le président IBK, lui, a dénoncé le fait que la Minusma n’ait pas pris des mesures de sécurité suffisantes pour la visite du Premier ministre Oumar Tatam Ly. Aussi le président IBK a t-il dénoncé la passivité des soldats de la Minusma devant des manifestants armés et qui avaient envahi la piste d’atterrisage. Alors que le Premier ministre était transporté par un avion de la Minusma.
Comble du ridicule, c’est seulement dans la journée du vendredi que la Minusma a pondu un communiqué laconique pour dire qu’elle “déplore le fait que des incidents sérieux aient eu lieu à l’aéroport de Kidal et ce, malgré le plan de sécurité coordonné mercredi par le gouvernement malien en coopération avec la Minusma et avec le soutien de la force Serval.”
Il faut dire que jusque-là la Minusma a brillé par son inefficacité devant les excès du Mnla.
Si le chef de la Minusma a par le passé déclaré que son organisation manque de moyens pour assurer sa mission, il est tout de même étonnant qu’il soit dépourvu au point de ne pouvoir contenir une centaine de manifestants, comme c’était le cas jeudi dernier sur la piste d’atterrissage de Kidal.
En effet jeudi dernier, le constat a été clairement fait que les forces de Minusma n’ont pas pu empêcher que les manifestants pénètrent sur la piste. Tout comme elles n’avaient pas pu empêcher que les deux (2) journalistes de Rfi soient enlevés en plein centre-ville de Kidal avant d’être froidemant abattus. Alors question: que font les six (6) mille soldats de la Minusma sur le territoire malien?
El Hadj Sinaly DIARRA