Le 15 septembre 2019, l’Office Malien de l’Habitat (OMH) a notifié l’attribution des logements sociaux de Kati Sicoro aux bénéficiaires. Lesquels ont été invités au stade du 26 mars afin d’apposer leurs signatures au bas du précieux contrat. De cette date à maintenant, les soi-disant heureux bénéficiaires, dont certains ont eu l’audace (n’ayant pas pour la plupart d’autre choix) de déménager sur ce site insalubre, au milieu des herbes et des reptiles, ne sachant plus à quel saint se vouer. D’où la mise en place d’une association des résidents pour le développement des 600 logements sociaux de Kati Sicoro, dans le cadre de la défense de leurs droits bafoués. C’était le samedi 18 janvier dernier sur ledit site.
Si tout le monde a eu à saluer, en son temps, la politique des logements sociaux initiée par nos différentes autorités, tel ne semble plus être le cas. Car, ladite politique semble aujourd’hui avoir du plomb dans l’aile au vu de la qualité des travaux sur les sites des nouveaux logements sociaux ; qu’il s’agisse de ceux de Kati Sicoro ou de Tabacoro.
A titre d’exemple de cette démission de l’Office Malien de l’Habitat voire de l’Etat luimême, les logements ne sont pas du tout habitables à moins d’y investir quelques millions F CFA. Ce qui n’est pas à la portée de l’écrasante majorité des bénéficiaires.
La société immobilière SIFMA-SA, qui a aménagé ledit site et construit les logements, a certainement un cahier des charges qu’il va devoir feuilleter pour se rappeler les obligations de l’entreprise et celles de l’Etat. En tout cas, aujourd’hui le constat reste le même depuis la signature des contrats entre l’OMH et les soidisant heureux bénéficiaires : faible couche de béton sur certaines toitures qui suintent, portes sans serrures dans les rares cas où il y’en a, des fenêtres qui ne se ferment pas quand il y a des sanitaires non installés ou volés, des fosses septiques ouvertes, des canaux obstrués par la boue, des rues et des ruelles impraticables… La liste n’est pas exhaustive. En un mot, des logements dans lesquels nos autorités ne souhaiteraient pas que leurs chevaux y vivent.
A cela s’ajoute que les ménages doivent payer pour leurs besoins l’eau provenant des puits du voisinage, seuls quelques rares chanceux ont pu avoir l’électricité en s’acquittant d’une somme d’un peu moins de 46 000F CFA auprès de l’EDM de Kati. Quant au robinet, le réseau est installé mais aucune demande de compteur n’est pour le moment acceptée par la Somagep ! Pourquoi ? Parce que ses dirigeants ne vivent pas à Kati Sicoro ? Peut-être.
IBK ira certainement à la fin de son mandat sans pouvoir remettre les clés
Comment vivre dans ces conditions pour ces familles qui ont des enfants dont certains en bas âge ? Telle ne semble pas être la préoccupation de l’OMH qui continue à ouvrir des chantiers de logements sociaux sur le même site de Kati Sicoro, alors même qu’il a de la peine à finir les premiers. D’où le grand désespoir de ces ménages qui ont fait ce saut dans l’inconnu en pensant, toutefois, que l’OMH allait mettre lesdits logements dans les normes dès la signature des contrats.
Cinq mois déjà que de nombreux bénéficiaires ont élu domicile à Kati Sicoro. Mais la grande majorité d’entre eux ne pourront le faire sans l’intervention de l’Etat auprès de l’entreprise de construction afin qu’elle s’investisse davantage à exécuter les travaux de finition ( et peut-être même à dédommager les résidents qui l’ont fait à sa place). Mais, c’est un autre son de cloche du côté de l’entreprise SIFMA qui jette la balle dans le camp du gouvernement. Lequel serait redevable à l’entreprise d’un montant estimé à plusieurs milliards F CFA.
En tout cas, à ce rythme (les travaux sur le site sont arrêtés depuis plusieurs mois) il y a une éventualité que le chef de l’Etat finisse son mandat en 2023 avant de pouvoir remettre les clés des logements concernés. Car, on voit mal un chef d’Etat qui se dit soucieux du bien-être et de la qualité de vie de ses concitoyens se prêter à un éventuel exercice de saupoudrage politicien. En se disant que les bénéficiaires sont des démunis…qu’ils n’ont d’autre choix que de vivre dans ces conditions telles quelles. Que nenni !
D’où cette décision des locataires de créer l’Association des résidents pour le développement des 600 logements sociaux de Kati Sicoro (ARD LSKS – 600). Un bureau provisoire de 17 membres, mis en place le samedi dernier et présidé par Moussa Diallo, a désormais la lourde charge de défendre les intérêts des bénéficiaires desdits logements sociaux.
Mamadou FOFANA
Source : l’Indépendant