La découverte macabre a été faite hier, peu avant 4 heures du matin, à 500 mètres d’un champ par le juge d’instruction en charge de l’affaire, Yaya Karembé. Il était accompagné du procureur général près la Cour d’Appel, de la police scientifique du Service d’investigation judiciaire de la gendarmerie, des directeurs de la gendarmerie nationale et de la sécurité d’Etat, du maire de la commune de Diago. Le ministre de la Justice, Mohamed Ali Bathily, était également sur place. Selon une source sécuritaire, des cartes d’identités retrouvées dans la fosse commune indiquent qu’il s’agit bien des bérets rouges disparus (certains corps étaient revêtus de la tenue militaire) à la suite des affrontements meurtriers qui les avaient opposés du 30 avril au 1er mai 2012 aux bérets verts proches de l’ex-capitaine Amadou Haya Sanogo.
Dans un communiqué rendu public, le Gouvernement malien annonce que » l’exhumation a été ordonnée dans le cadre du dossier du ministère public contre X, Issa Tangara, Amadou Haya Sanogo et autres pour enlèvement de personnes et complicité consécutif aux événements du 30 avril 2012 survenus à Bamako « .
L’équipe en charge de l’exhumation des corps est arrivée sur les lieux entre 1heure 30 et 2 heures du matin. Une fois sur place, elle a procédé à leur délimitation en y installant un périmètre de sécurité. Avant que des gendarmes munis de pelles et de pioches ne se mettent à creuser le trou. Au bout de quelques minutes de fouille, les premiers corps ont fait leur apparition. Au fur et à mesure que l’opération se poursuivait, d’autres corps apparaissaient. Aux environs de 3 heures, le nombre de corps exhumés avait déjà atteint les 21, soit exactement le nombre de bérets rouges accusés d’avoir fomenté un contre coup d’Etat et qui ont été enlevés de leur cellule de Kati dans la nuit du 2 au 3 mai 2012 avant d’être conduits dans un champ et d’y d’être exécutés.
L’équipe d’exhumation a ensuite acheminé les 21 crânes au Bureau d’identification criminel, lequel se trouve au sein du Service d’investigation judiciaire de la gendarmerie pour l’identification des victimes. Il nous revient que ce service va recourir à l’expertise d’autres pays mieux équipés et plus expérimentés, notamment la France, pour des analyses poussées afin de déterminer l’identité exacte des personnes enterrées.A 500 mètres de l’endroit où le charnier a été découvert, non loin de l’ex-quartier général de Sanogo et ses hommes situé à Kati, les forces de sécurité empêchaient, hier mercredi, l’accès des lieux à la presse et aux curieux.
ABDOULAYE DIARRA