Un milliard de dollars, soit environ 500 milliards de francs CFA sur quatre ans pour combattre le jihadisme. C’est la décision phare du sommet extraordinaire « de lutte contre le terrorisme » de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui s’est tenu, ce samedi à Ouagadougou. Les cérémonies d’ouverture et de clôture ont enregistré la présence du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita.
Avant de rentrer au Mali, IBK a salué et remercié le peuple et le gouvernement du Burkina Faso pour l’accueil très fraternel des Africains et la qualité d’organisation d’ensemble de ce Sommet extraordinaire, rapporte la présidence de la république.
« Ce Sommet aura tenu toutes ses promesses. Ce Sommet n’a pas été encore un autre Sommet, un Sommet de plus. Il n’y a pas eu de langue de bois, les choses ont été dites comme il fallait comme elles fussent dites et des décisions très importantes ont été prises.
La CEDEAO sort de ce Sommet avec un engagement ferme de financement à hauteur d’un milliard de dollars destinés à la lutte contre le terrorisme avec effet immédiat. Il y’a également des résolutions très fortes touchant aux questions d’intégrité territoriale et cela concerne particulièrement un pays comme le Mali. Il a été clairement indiqué que ce pays devra recouvrir toute son intégrité territoriale sans aucune espèce d’artifice possible. Et quand on sait qu’il y’aura un suivi de toutes ces décisions-là, l’on peut estimer que le Sommet extraordinaire de la CEDEAO a été un Sommet de très bonne tenue. Nous en repartons avec beaucoup de satisfaction et avec beaucoup d’espoir », a déclaré le chef de l’État.
De son côté, le président nigérien Mahamadou Issoufou a soutenu que le plan et son budget, qui font appel uniquement à des ressources internes, seront présentés en décembre lors du prochain sommet de la Cédéao à Abuja. L’argent, qui sera versé dans un « pot commun », servira notamment à « renforcer les capacités opérationnelles » des armées nationales ainsi que des forces conjointes « comme le G5 Sahel ou la Force multinationale mixte du Bassin du lac Tchad ».
Dès l’ouverture du sommet, le président de la commission de la Cédéao, Jean-Claude Brou a évoqué les « 2 200 attaques ces quatre dernières années, les 11 500 morts, des milliers de blessés, des millions de déplacés », une « activité économique considérablement affectée », des « conflits intercommunautaires exacerbés » au Sahel et une menace qui s’étend au Sud.
Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a souligné que « les menaces transcendent les frontières «Aucun pays n’est à l’abri», rappelant que «l’escalade de la violence a déclenché une crise humanitaire sans précédente» au Sahel et que «des écoles et infrastructures de santé (ont été) fermées et des symboles de l’État détruits» dans son pays. Cette semaine, au moins une trentaine de Burkinabè ont été tués dans de nouvelles attaques dans le pays.
Montée en puissance
La force multinationale (Mauritanie, Mali, Burkina, Niger, Tchad), qui devait comprendre 5000 hommes, a été au centre des interrogations du sommet. L’idée de cette force, poussée par la France, était de faire monter en puissance les armées régionales pour épauler, voire à terme remplacer l’armée française, qui conduit au Sahel l’opération Barkhane (4500 militaires) contre les djihadistes depuis 2014 dans le prolongement de l’intervention menée dans le Nord malien l’année précédente.
Dans les conclusions du sommet, la Cédéao réclame d’ailleurs aux Nations Unies «un mandat plus offensif de la Minusma», afin de lui «permettre de lutter contre le terrorisme», a dit Mahamadou Issoufou.
«La communauté internationale a des devoirs vis-à-vis du Sahel : c’est la communauté internationale qui est à la base de la crise libyenne», avait-il estimé. «La communauté internationale ne peut détourner le regard et doit assumer ses responsabilités», a-t-il interpelé.
La Cédeao va aussi solliciter la Banque mondiale et le FMI pour que les dépenses sécuritaires soient «considérées comme des investissements» et solliciter les bailleurs de fonds occidentaux et arabes pour mieux lutter contre le djihadisme. La Cédéao ne veut pas qu’une réponse «militaire», jugée nécessaire, mais pas suffisante. Celle-ci est «vaine sans un développement durable, inclusif et équitable», selon Roch Marc Christian Kaboré.
Par Sidi DAO