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Appui à la productivité agricole au Mali : LES DERNIERS PAS DU PAPAM

Lancé en 2011 avec un portefeuille de près de 85 milliards de franc cfa, le Programme d’appui à la productivité agricole au Mali (PAPAM) n’a plus que six mois à vivre. Ces derniers instants seront mis à profit pour achever ou réaliser certaines activités prévues dans le programme

Du 10 au 14 janvier 2018, une mission de supervision conduite par les représentants du Fonds international de développement de l’agriculture (FIDA), principal bailleur de fonds du PAPAM, s’est rendu dans les cercles de Bougouni, Sikasso, Kolondiéba et Koutiala où intervient le Programme. L’objectif de la mission était de voir les réalisations faites par le PAPAM dans ces localités, notamment dans les villages dont les populations sont les principales cibles. Arrivée à Bougouni mercredi, elle a été accueillie par les responsables du Programme d’adaptation de la petite agriculture aux changements climatiques (ASAP), une composante du PAPAM. Après une réunion de cadrage avec l’ensemble du personnel de l’ASAP, l’équipe a entrepris une visite de terrain qui l’a conduite successivement dans les villages de Tonfa, Koumantou, Tabakoro, Guérékélé, Bancorobougou, Kouroumasso, Zignasso et Nampossela.
Dans ces différentes localités, les superviseurs ont visité des micro-barrages, des ouvrages de franchissement, des périmètres maraîchers, des biodigesteurs (un dispositif d’énergie domestique qui fonctionne au biogaz à base de bouse de vache). Au total, la mission a visité une dizaine de périmètres maraîchers exploités par environ un milliercde femmes rurales. Elles sont encadrées et suivies par des agents de terrain de la direction régionale de l’agriculture et des ONG locales qui ont un contrat de prestation avec le PAPAM. Les périmètres maraîchers dont les superficies varient entre 0,5 et 4 ha, équipés de puits à grand diamètre, souvent avec un château fonctionnant à l’énergie solaire, sont entièrement sécurisés par des clôtures en grillage. Le coût de réalisation est estimé, en moyenne, à 25 millions de Fcfa. Pour leur accompagnement, les exploitantes sont organisées en coopératives. Elles bénéficient de formation en techniques de maraîchage telles que le parcellement, le repiquage, l’arrosage, la gestion de l’eau, le stockage des produits, la gestion des revenus et la production du fumure organique.
Dans ses échanges avec les bénéficiaires sur place, l’équipe de supervision a pu mettre le doigt sur les difficultés rencontrées par les femmes dans leurs activités. Parmi celles-ci, le problème récurrent d’eau. Malgré l’important investissement dans ce volet, certains puits comportent des défauts de construction. Ce qui explique le manque d’eau. D’autres sont confrontés au manque d’équipements adaptés pour tirer l’eau. Cependant, on note quelque cas de réussite comme le village de Bankorobougou, dans le cercle de Sikasso. Ici, 172 femmes exploitent à 100% un périmètre maraîcher de 2 ha avec 80% en culture d’échalote. Leur secret, selon Ousmane Coulibaly, chef du service d’encadrement de la direction nationale de l’agriculture, réside dans le respect et l’application stricts des conseils de l’équipe d’encadrement. En effet, «la principale difficulté réside dans le manque d’appropriation des techniques de production par les exploitantes», constate la mission de supervision. A cela s’ajoute l’éloignement de certains sites du village, d’où leur accessibilité qui pose des problèmes aux exploitantes.
Dans ces villages, le maraîchage a changé la vie des populations. «En plus des revenus générés par la vente des produits (80 000 Fcfa par production en moyenne pour chaque femme), il y a eu une amélioration substantielle dans l’alimentation des ménages», ont confié les exploitantes. La consommation de légumes frais a beaucoup contribué à l’équilibre nutritionnel dans ces localités. C’est pourquoi, la mission, dans ses recommandations, prévoit une correction rapide dans les défauts d’aménagement constatés par endroit et une mise en œuvre rapide des sous projets qui requiert l’équipement des périmètres en petits matériels. Concernant le volet adaptation de la petite agriculture aux changements climatiques, «348 biodigesteurs ont été installés dans les différentes localités par l’ASAP, avec un taux d’opérationnalisation de 75%», selon Sidi Maïga, responsable du volet bioénergie PAPAM/ASAP. Le biodigesteur est un formidable outil de lutte contre la déforestation. Il permet aujourd’hui aux femmes rurales de faire toutes sortes de cuisson sans usage du bois de chauffe et du charbon de bois.
Selon Fatoumation Diarra, une habitante du village de Guérékélé et usagère de biodigesteur, le dispositif a révolutionné la cuisine dans son ménage. «Depuis que j’ai commencé l’usage du biodisgesteur, j’ai constaté un gain certain en temps qui me permet de vaquer à d’autres occupations », nous a-t-elle confié. La ménagère a déclaré avoir constaté une nette amélioration de son état de santé. Car, auparavant, la fumée du bois de chauffe avait une nuisance considérable sur son état de santé (toux, larmoiement, etc.). Par ailleurs, la corvée de bois et la production du charbon de bois qui occupaient le plus clair de son temps, ne sont plus qu’un lointain souvenir, à en croire la ménagère de Guérékélé. En effet, la diffusion du biodigesteur en milieu rural est salutaire pour la protection du couvert végétal. La maîtrise de son usage par les populations permettra, à coup sûr, de réduire considérablement la pression sur les ressources forestières par l’abandon de la coupe abusive du bois et la production du charbon de bois.
Après avoir recensé toutes les difficultés relatives au démarrage du programme, la mission de supervision recommande l’accélération de la mise en œuvre des activités des sous projets qui viennent en complément des projets. Elle insiste sur le rôle des ONG d’appui aux femmes rurales, surtout dans le domaine du maraîchage. A cet effet, la mission a fait une mention spéciale à Mamoudou Bagayogo et son équipe, superviseur dans le programme et président de l’ONG Association Action-promotion-développement (APDev/ACEVE) pour le travail abattu dans l’accompagnement des bénéficiaires à s’approprier les projets.
L’objectif de développement du PAPAM est d’accroître la productivité des petits agriculteurs et des producteurs en agrobusiness dans les systèmes et zones de production cibles du projet. Son objectif environnemental vise l’utilisation des pratiques de gestion durable de la terre et de l’eau (GDTE) dans les mêmes zones.
L’équipe de la mission était composée de Marion Triquet et Philippe Rémy du FIDA, Fatogoma Diarra et Yacouba Diarra du PAPAM, Ousmane Coulibaly de la direction nationale de l’agriculture, Siriman Sacko de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM), Amadou Sidibé de l’Institut d’économie rurale (IER).
Cheick Amadou DIA

 

Source: Essor

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