Dans le cadre de l’approvisionnement en intrants pour la campagne agricole 2015/2016, le gouvernement du Mali à travers le ministère du Développement Rural a récemment lancé trois appels d’offres internationaux. Les dépouillements qui se sont déroulés du 18 au 19 septembre 2014 à l’hôtel Olympe de Bamako et le marché attribué le 4 octobre 2014 à UN-SCPC-CMDT-OHVN sis au quartier du fleuve sentent une forte odeur de magouille. Celle-ci fait perdre à l’Etat malien la bagatelle de 11.428.408.000 FCFA. Cela par la faute de certains cadres véreux de l’administration qui se soucient plus de leurs intérêts personnels et sordides que de celui de l’Etat. Un comportement assez déplorable au moment les institutions financières internationales (le FMI et la Banque Mondiale) ont suspendu leurs aides budgétaires pour corruption et délinquance financière dans les rouages de l’Etat.
La première offre, portait sur le coton avec 99.000 tonnes. Ainsi, plusieurs sociétés de la place se sont lancées dans la course. Au regard des propositions, Toguna-Agro Industrie devient l’adjudicataire principal avec 25.310 tonnes. Son prix unitaire était de 317.000 FCFA par tonnes contre 275.000 FCFA proposé par SOMADECO qui était le moins disant et qui n’a eu que 21.000 tonnes. Soit une marge de 45.000FCFA par tonne entre les deux sociétés. A noter que des sociétés qui ont proposé plus que l’adjudicataire principal, avec 320.000 FCFA par tonne ont également eu leur part. En faisant un petit calcul, il nous revient que dans ce lot, l’Etat a perdu 4.455.000.000 FCFA en ne donnant pas le plus gros lot au moins disant. S’agissant de la deuxième offre, elle était relative aux céréales et portait sur 37.000 tonnes. Et 14.500 tonnes ont été attribuées Toguna qui a proposé un prix unitaire par tonne de 299.500 FCFA contre 259.016 FCFA proposé par SOGERFERT qui était le moins disant et qui n’a eu que 5.000 tonnes. Soit une différence de prix de 41.484 FCFA à ce niveau aussi entre Togouna agro Industrie et SOGERFERT. Dans cette enveloppe l’Etat pouvait économiser 1.534.908.000 FCFA pour renflouer ses caisses s’il avait attribué au moins disant. Quant à la troisième offre, elle concernait l’Urée pour 73.000 tonnes. Au regard des propositions des sociétés intéressées, Toguna s’est également taillé la part du lion avec 15.129 tonnes. Son prix unitaire par tonne est de 255.000 FCFA contre 240.000 FCFA proposé par Gnoumani SA qui était le moins disant et qui n’a même pas eu un gramme. A ce niveau la différence de prix entre la société de Seydou Nantoumè et de Diadié Bah se chiffre à 74.500 FCFA. Et dans cette offre, l’Etat pouvait gagner 5.438.500.000 FCFA s’il avait donné au moins disant. Ainsi, pour ces trois marchés, le budget national a perdu 11.428.408.000 FCFA. Un joli pactole que l’Etat pouvait utiliser à d’autres fin surtout en cette période de vache maigre. Reste à savoir si les plus hautes autorités du pays vont ouvrir une enquête pour situer les responsabilités afin que des sanctions exemplaires tombent. Car, dans cette situation, l’Etat perd doublement pour la simple raison que les engrais sont subventionnés.
Kassoum THERA