Si la loi N° 2015-052 du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives, garantissant un quota de 30 % de femmes dans les nominations aux institutions nationales et aux organes législatifs a été adoptée en décembre 2015 et perçue comme une arme gracieuse pour l’ensemble des femmes du Mali pour les législatives 2020, elle semble pourtant ne pas être la solution pour la représentativité maximum du genre à l’hémicycle. Au contraire ! En tout cas, c’est ce que la présidente des femmes du parti au pouvoir nous souffle à l’oreille. Malgré l’application stricte de cette loi, les femmes représenteront seulement 19 % à l’hémicycle, au lieu des 40 % tablées par les femmes leaders et ONG qui œuvrent pour la promotion de la femme.
La législation a permis à plus de 200 femmes d’être élues conseillères, pendant sa toute première application, à travers l’élection communale de 2016. Malgré tout, le tableau reste sombre pour les femmes politiques qui n’arrivent pas à tirer leur épingle du jeu lors des élections. La preuve : aux dernières élections communales de 2016, sur les 703 maires élus, on ne compte que 11 femmes contre 9 pour le précédent scrutin.
À l’Assemblée nationale du Mali, ‘’nous comptons seulement 14 femmes députées sur un total de 147. Un chiffre qui est loin de refléter la statistique des Femmes et interpelle à la fois. Avec cette loi, la plupart des femmes politiques avait misé autour de 30 voire 40 % des femmes à l’hémicycle, à l’issue des législatives 2020.
Cependant, en tant qu’actrice de la scène politique, Mme DIAWARA a sonné l’alarme sur les faiblesses de l’application de cette loi sur le quota. Selon elle, ladite loi ne peut constituer à elle seule une porte de sortie pour une réelle émergence des femmes en politique, sans une autre forme d’assistance.
« Ces législatives sont une occasion pour moi d’attirer l’attention sur les faiblesses de l’application de la loi N° 2015-052 du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives. En effet, dans les cas des listes à deux candidats, les femmes n’ont aucune chance d’occuper la place qui leur revient de droit », a-t-elle averti. Elle a ainsi regretté que cette situation n’ait pas été prise en compte bien avant la composition des listes électorales au sein des partis politiques.
« Quand on dit qu’il faut 30 % des femmes, sur les listes, le résultat veut qu’il faille aussi 30 % des femmes à l’hémicycle. Mais, si on ne fait pas attention, avec des listes de deux hommes, cette équation de plus grande représentativité des femmes à l’hémicycle ne sera jamais tombée. Je me suis exercée à travers les listes provisoires du RPM. En effet, sur 85 députés, si les listes passaient, le parti aura 17 femmes député », a-t-elle fait savoir. Poursuivant ses calculs, la présidente des femmes du RPM conclut que les femmes représenteront seulement 19 % des députés dans l’Assemblée nationale, avec la situation actuelle des différentes listes.
« J’ai pu constater beaucoup de listes provisoires sur lesquelles ne figurent que deux hommes candidats, sans une seule femme. Donc, sur les 147 députés qui seront élus si peut, mes calculs me prouvent qu’il n’y’aura que 19 % de femmes à l’hémicycle, et non 30 % ou 40 % estimée. À vrai dire, si on va aux législatives sur cette base, le calcul d’un plus grand nombre des femmes dans l’Assemblée nationale sera faussé », a-t-elle dit, avant de recommander un amendement de ladite loi, pour déjouer certaines malices, dont les femmes, sont victimes lors des échéances électorales.
PAR CHRISTELLE KONE
INFO-MATIN