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Appel de Soumi à un front commun: le rêve utopiste d’un rassemblement

Incapable d’amener l’opposition à présenter un candidat unique, encore moins de fédérer autour de lui les grands ténors de la classe politique malienne, Soumaila CISSE, qui sera au second tour avec le candidat Ibrahim Boubacar KEITA, appelle à la «constitution d’un front commun de tous contre IBK». Un rêve utopiste au regard des écarts des voix entre les deux candidats au 1er tour et le ralliement déjà de certains candidats au président sortant-candidat, IBK.

Doté d’un statut officiel de Chef de file de l’opposition, d’un cabinet et d’un budget de fonctionnement de 500 millions de FCFA par an adopté par le régime du Président IBK, le chef de file de l’opposition, Soumaila CISSE, n’est néanmoins jamais parvenu à fédérer autour de lui les grands ténors de l’opposition politique malienne.
Pour bon nombre de Maliens, de par son parcours politique, Soumi champion n’incarne pas vraiment le changement qu’il fait miroiter depuis plus d’une décennie.
La preuve : on a assisté à la création de groupuscules de partis qui se réclament certes de l’opposition, mais ne reconnaissant pas le leadership du chef de file. La situation s’est caractérisée par la présentation de 24 candidats à la présidentielle du 29 juillet 2018, à l’issue de laquelle le président-candidat IBK a obtenu 41,42%, Soumi 17,80%, Aliou DIALLO et Cheick Modibo DIARRA ont recueilli respectivement 7,95% et 7,46% ; les 20 autres ont eu moins de 4%.
Pour le 2ème tour, prévu pour le 12 août prochain, Soumaïla Cissé a déclaré haut et fort : «Ces résultats ne reflètent pas le vote des Maliennes et des Maliens ! Ils ne sont ni sincères ni crédibles. Ce sont des résultats de la fraude, d’un bourrage honteux des urnes en faveur du président de la République sortant. Ils sont les fruits de grosses irrégularités et de violations délibérées de la loi électorale. Ce sont des résultats manipulés. Nous ne les accepterons pas».
Pourtant, en dépit de cette déclaration, le candidat de la restauration de l’espoir invite les autres candidats « à la constitution d’un large front démocratique contre la fraude, pour la transparence électorale, pour l’alternance, le changement et la rupture avec la mauvaise gouvernance, la rupture avec le système clanique instauré, il y a 5 ans que certains voudraient perpétuer».
Requinqué avec le renfort de Ras Bath et d’autres acteurs politiques, de poids légers, Soumaïla Cissé qui, jusqu’au soir du 29 juillet 2018, se voyait déjà à Koulouba, a aussitôt revu ses prétentions à la baisse, en se contentant d’un second tour, qu’il revendique comme un trophée de guerre.
En effet, très largement distancé au 1er tour de scrutin par IBK, Soumaïla CISSE compte sur une hypothétique union des candidats éliminés pour tenter de combler son retard sur le Président sortant au second tour de la présidentielle le 12 août prochain.
«Malgré l’ampleur des fraudes et des irrégularités, la corruption et l’achat des consciences, les bourrages d’urnes, le camp du président sortant n’a pas atteint ses objectifs. Pour la première fois dans l’histoire de la démocratie malienne, un président sortant est contraint à un second tour. Grâce à vous! Grâce à votre combativité, grâce à votre engagement pour le Mali. La stratégie du takokelen a été mise en échec. Leurs plans, leurs rêves, leurs chimères d’une victoire dès le premier tour, se sont évanouis devant la détermination de notre peuple, grâce à la volonté du peuple malien. Le 29 juillet, il y a eu un vote-sanction contre le président sortant : la sanction d’un homme, d’un bilan, d’une gouvernance, la sanction de l’arrogance d’Etat, la sanction de la gouvernance du mépris. Le camp du changement, le camp du Mali est désormais majoritaire. Unissons-nous mes sœurs, unissons-nous mes frères, la victoire est proche, elle est à portée de main si nous nous rassemblons, alors, en avant pour le rassemblement».

Le rassemblement, parlons-en !
Lors de sa prise de parole le lendemain de la proclamation des résultats provisoires complets par le ministre de l’Administration territoriale, vendredi dernier, devant ses militants, Soumaïla Cissé n’était pas entouré par ses camarades de l’opposition. Certains ont d’ailleurs déjà appelé à voter pour le candidat IBK.
Arrivé en 3è position, le candidat Aliou DIALLO a introduit une requête en contestation des résultats provisoires et pour le recomptage des bulletins nuls. Pendant ce temps, des rumeurs sur un prétendu soutien à Soumi au 2è tour circulaient. Il n’en est rien, conteste un proche du candidat. «Nous attendons patiemment l’épuisement de toutes les voies de recours légales et légitimes».
En tout état de cause, le Chérif de Nioro, un soutien de taille de l’homme d’affaire malien, à la présidentielle du 29 juillet dernier, a fait sa déclaration après la prière du vendredi et il n’a pas donné de consigne de vote. Il a déclaré clairement: « le jeu est fini car l’écart est énorme». Et le Chérif d’ajouter : « ça sera une perte de battre campagne contre IBK car le cumul des voix de Soumaila CMD et ABD ne pourra rien contre la victoire du président IBK». Néanmoins, il reste et demeure un adversaire du régime IBK.
De son côté, Cheick Modibo DIARRA qui s’est classé 3è, donc «2è faiseur de rois», ne s’est non plus pas rangé derrière Soumaïla CISSE. Pour l’heure, son équipe conserve un silence plutôt mystérieux.
Pour le candidat Modibo SIDIBE, les résultats du 1e tour de la présidentielle du 29 juillet 2018 «ne reflètent pas les efforts déployés sur le terrain par nos militants, nos sympathisants et le peuple malien qui expriment depuis plusieurs années leur soif d’alternance et de renouveau».
Toutefois, pour lui reconnaissant envers ses électeurs, «le plus important est de reconnaître et saluer votre engagement et votre abnégation face à cette élection qui vient de nous montrer que les grandes et nobles ambitions sont souvent synonymes de frustrations, de difficultés, de sacrifices parfois incompris». En tout cas, dans sa longue déclaration rendue publique le 3 août 2018, Modibo SIDIBE (1,43% des voix le 29 juillet 2018) ne donne aucune indication sur la position qui sera la sienne pour le second tour de scrutin de l’élection présidentielle du 12 août prochain.
Pour le moment, aucun candidat n’a émis son intention de rallier le camp de Soumi pour le 2è tour.
En effet, 20 candidats sont toujours dans l’attente de la proclamation définitive des résultats par la Cour constitutionnelle, prévue pour le mercredi 8 août 2018. Avant cette date, Harouna SANKARE et Djénéba N’DIAYE, arrivés respectivement 9è avec 1,77% et 24è avec 0,36%, ont pris leur décision en annonçant officiellement leur ralliement au candidat Président IBK.
Alors, on se demande finalement avec qui, Soumi formera son fameux front commun ?

Par Sékou CAMARA

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