Qu’il est loin le temps où les Babaly, Diallo, ou autres Daffé dirigeaient les banques !
Depuis environ deux décennies, l’Association professionnelle des banques et Etablissements Financiers (APBEF), le Comité de coordination des Assurances du Mali (CCAM) et le Syndicat national des Banques et Etablissements Financiers (Synabef) entreprennent, ensemble, dans un climat social exempt de conflits, des actions concertées visant à améliorer régulièrement les conditions de vie et de travail des salariés du secteur des banques, des assurances et des établissements financiers.
L’APBEF et le CCAM ont ainsi multiplié les rencontres formelles et même informelles avec les responsables syndicaux concernant leurs points de revendication dont la principale porte plus précisément sur « la transposition (sur les salaires) de 24,56 % correspondant à l’application des PV de conciliation de 2014 (20 %) et de 2019 (19,56 %), après déduction des augmentations perçues de 15 % lors de la relecture de la convention collective des Banques et assurances en 2018″.
La question a fait l’objet d’échanges entre les dirigeants du secteur banques et assurances qui à leur tour ont rencontré les responsables syndicaux en vue d’engager les négociations. Mais à notre surprise alors même que les négociations n’étaient pas encore rompues, le Syndicat national des Banques et Etablissement Financiers (Sinabef) a déposé un préavis de grève le 10 octobre 2019 avec effet les 24 et 25 octobre 2019. Or pour nous, le préalable consistait d’abord à échanger dans la confiance pour lever certaines équivoques relativement à la transposition ou non des augmentations de salaires acquises par l’UNTM, au profit des fonctionnaires, dans la grille salariale du secteur privé.
A titre de rappel, les mesures d’augmentation des salaires de base prises par le gouvernement jusqu’en 1994, ont été appliquées systématiquement à l’ensemble des travailleurs, qu’ils soient agents de la fonction publique ou salariés du secteur privé régis par les conventions collectives de travail.
Ces décisions de l’Etat ont le plus souvent été adoptées, sans concertation préalable avec le secteur privé, si bien que dans certains secteurs d’activités, les entreprises ont eu de plus en plus du mal à faire face à leurs obligations salariales, créant par la même occasion des tensions, parfois très vives, dans les relations entre les employeurs et les travailleurs.
Face à cette situation, la Fédération nationale des Employeurs du Mali (actuel CNPM) a entrepris le gouvernement, aux fins d’obtenir de celui-ci que les augmentations salariales que l’Etat déciderait pour son propre personnel, ne soient plus transposables directement aux salaires des entreprises du secteur privé. Cette sollicitation acceptée par le gouvernement a fait l’objet d’un protocole d’accord le 18 avril 1994 entre l’UNTM et le CNPM aux termes duquel, les deux parties s’engagent après chaque décision d’augmentation prise par les pouvoirs publics, à examiner ensemble la possibilité de l’appliquer ou non, aux personnels des entreprises privées.
Depuis la signature de ce protocole, les travailleurs du secteur privé ont pu ainsi bénéficier, après négociations, desaugmentations consenties par l’Etat à son personnel, en 1994, 1997, 1999, 2007 et en 2008.
A cet égard, les exigences du Synabef appellent les observations : Aucun des accords bipartites conclus par le CNPM et l’UNTM n’évoque la possibilité d’une transposition automatique dans la grille des entreprises, des augmentations accordées aux fonctionnaires et autres agents de la fonction publique. Ceci ne correspond ni à la lettre, ni à l’esprit du Protocole d’accord d’avril 1994 ; L’opportunité d’étendre au secteur privé, l’augmentation de 20% des salaires issue du Procès-verbal UNTM-CNPM-Gouvernement signé le 28 octobre 2014 (appliquée progressivement sur 3 ans, à compter du 1er janvier 2015) n’est pas soutenable, d’abord, pour les mêmes raisons que ci-dessus, mais aussi du fait que la grille des salaires annexée à la convention, avait été déjà majorée de 15 % au second semestre 2014, avec effet au 1er janvier 2015, dans le cadre de la révision périodique de la convention collective de travail.
Compte tenu de tout ce qui précède, force est de reconnaitre que dans le cadre d’un dialogue social constructif, les entreprises du secteur ont fourni des efforts constants pour améliorer les conditions de vie et de travail des salariés.
Pour preuve, le secteur bancaire reste le seul à avoir prévu dans une Convention collective, le principe d’une révision triennale de la grille de salaires de base. Sans compter les augmentations ponctuelles de diverses primes et indemnités dans les entreprises prises individuellement.
Ainsi du 18 avril 1994 (date de signature du protocole d’accord entre le gouvernement, le CNPM, et l’UNTM) au 1er janvier 2018 (date d’application de l’accord sur la dernière révision triennale de la Convention collective des Banques, Etablissements Financiers et Assurances du Mali) les salaires de base des travailleurs de notre secteur ont évolué de 198 % contre 89,5 % en ce qui concerne le taux d’évolution de la grille indiciaire des fonctionnaires.
En tenant à bonne date ces négociations collectives périodiques, les chefs d’entreprises du secteur ont voulu ainsi manifester leur volonté de bâtir avec les travailleurs, un dialogue social responsable, fondé sur le respect mutuel et l’application effective des engagements pris.
Dans le souci permanent du maintien d’un climat social apaisé et suite aux différents échanges entre le Synabef, l’APBEF et le CCAM, il a été fait une proposition d’augmentation exceptionnelle de 10 % à compter de novembre 2019, sans rappels et 5 % à compter du 1er janvier 2020 sur les salaires de base de la grille de la Convention collective des Banques, Etablissements Financiers et Assurances du Mali, assortie de la condition de repousser la prochaine révision de la grille des salaires à fin 2022 pour une application de la majoration convenue à compter du 1er janvier 2023. Cette proposition portera l’augmentation de la grille du salaire de base de 2014 à janvier 2020 à 45 % comparé à une augmentation de la grille indiciaire des fonctionnaires de 39,5 % sur la même période, dénotant clairement notre volonté de maintenir un climat social serein.
Il s’agit d’efforts exceptionnels consentis à l’endroit des partenaires avant les prochaines négociations.
Ces efforts exceptionnels ne devant en aucun cas être compris comme un aboutissement d’une quelconque transposition des majorations convenues entre le gouvernement et l’UNTM dans le PV de conciliation signé le 29 janvier 2019.
En tout état de cause, l’APBEF et le CCAM restent toujours ouverts au dialogue et estiment avoir tout mis en œuvre pour éviter une grève aux conséquences néfastes sur nos établissements et sur toute l’économie nationale.
Il reste entendu que les actes posés vont dans le sens de la stabilité des établissements et de la pérennité des emplois des salariés du secteur.
30minutes