Dans un rapport de 28 pages publié le 28 septembre dernier, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a diagnostiqué l’évolution de la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation, au cours des trois derniers mois. Selon lui, le refus des groupes armés signataires de remettre la liste de leurs combattants demeure le principal obstacle au processus de désarmement, démobilisation et de réintégration (DDR) qui doit commencer le 15 octobre prochain.
Selon le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres, la situation politique et les conditions de sécurité se sont considérablement détériorées depuis le 29 juin dernier. A l’origine : la reprise des combats entre les groupes armés signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali dans le Nord du pays, l’insécurité croissante dans le Centre et les agitations politiques suscitées par la révision constitutionnelle. Toutes choses, que selon Antonio Guterres, ont retardé la mise en œuvre de l’Accord.
Face à ces difficultés, révèle le rapport du secrétaire général des Nations Unies, la MINUSMA a intensifié sa mission de bons offices en vue d’aider les protagonistes maliens à trouver des solutions pour accélérer cette mise en œuvre. Et d’après lui, des avancées ont été réalisées avec la signature, le 23 août, d’une trêve entre la CMA et la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 (la Plateforme). Ainsi que la signature d’un document d’engagements entre les deux groupes armés qui met fin aux hostilités et la décision du président Ibrahim Boubacar Keïta d’ajourner le référendum.
S’agissant de l’application du processus de DDR (Désarmement, Démobilisation, Réintégration), le chef de l’ONU, Antonio Guterres a écrit dans son rapport que le refus des groupes armés signataires de remettre la liste de leurs combattants demeure le principal obstacle.
Et pour cause, selon lui, les groupes ont exigé des quotas pour l’intégration de leurs membres dans toutes les institutions chargées de la sécurité et pas seulement aux forces armées, comme cela avait été décidé au départ. Une requête qui, dit-il, n’a pas encore été examinée par le Gouvernement.
Il a également précisé que le 27 juillet dernier, la Commission nationale du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion et la Commission d’intégration ont confirmé que le processus du DDR débuterait le 15 octobre avec des membres du Mécanisme Opérationnel de Coordination. Suivront ensuite, dans l’ordre, l’intégration des soldats ayant déserté les forces armées maliennes pendant la crise de 2012, les membres des groupes armés signataires et les membres des groupes armés civils. D’après lui, les deux commissions ont également confirmé le démarrage du processus de cantonnement dans les huit zones de cantonnement ou de casernement construites par la MINUSMA, dont elle modernise les dispositifs de sécurité pour faire face aux menaces durant le processus de démobilisation.
Par ailleurs, le diplomate onusien, Antonio Guterres, a rappelé qu’à Gao, les manquements et l’indiscipline des patrouilles mixtes ont contribué au mécontentement croissant de la population et dans certains cas, à la création de groupes de justiciers.
A Kidal, le rapport révèle que la première phase de la remise en état du Mécanisme Opérationnel de Coordination à Kidal, qui présente une capacité d’accueil d’environ 600 combattants, a pris fin le 26 juillet. Mais précise-t-il, compte tenu de la complexité du contexte, des questions de commandement et de contrôle, des exigences logistiques et du besoin de coordination, la MINUSMA a proposé au Gouvernement et aux groupes armés signataires, un déploiement échelonné de leurs combattants au sein du Mécanisme Opérationnel de Coordination de Kidal. A cet effet, le rapport précise que les chefs de corps des forces armées maliennes, de la CMA et de la Plateforme se sont déployés à Kidal le 28 juillet afin de planifier et d’organiser l’arrivée de leurs membres respectifs.
Sur le terrain, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, déplore la recrudescence de la violence. D’après son rapport, depuis mi-juillet, les groupes extrémistes violents et les éléments terroristes ont mené 75 attaques dont 44 contre les Forces de défense et de sécurité maliennes, 21 contre la MINUSMA et 10 contre Barkhane. Un chiffre en hausse de 102,7 % par rapport à la période précédente qui a enregistré 37 attaques dont 23 contre les Forces de défense et de sécurité maliennes, 11 contre la MINUSMA et 3 contre Barkhane.
Lassina NIANGALY
Source: Tjikan