Dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire, sans précédent que le monde fait face aujourd’hui, la question de l’annulation des dettes des pays africains a été abordée par Emmanuel Macron lors d’une allocution télévisée sur le coronavirus, le 13 avril 2020. Une décision prise pour soutenir le continent africain à mieux faire face à cette pandémie de coronavirus. Mais les propos du président français ont été qualifiés de simples discours dissuasifs par certaines organisations engagées dans la lutte contre le franc CFA.
Ces organisations anti CFA estiment que les propos du président Emmanuel Macron, concernant l’annulation de la dette des pays africains, sont une énième pirouette destinée uniquement à détourner, en vain, la colère des Français, après s’être montré incapable de les protéger efficacement contre le Covid-19. Dans un communiqué publié le 20 avril 2020, ces panafricanistes engagés contre le franc CFA ont dénoncé l’incohérence dans les propos du président français sur la question. Selon eux, deux jours après sa première déclaration, Emmanuel Macron a précisé dans une interview exclusive accordée à RFI qu’il ne s’agissait pas d’une annulation, mais d’une demande de moratoire sur les dettes à l’égard des pays africains, formulée par les pays du G20.
Un discrédit totalement levé lors d’une audition filmée en direct sur les réseaux sociaux, au cours de laquelle, le Ministre français de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire a témoigné qu’il n’existe aucun projet spécifique concernant l’annulation des dettes pour l’Afrique. Ce dernier a précisé qu’il s’agit plutôt d’une initiative de la communauté internationale pour un moratoire de 32 milliards de dollars pour les 76 pays les plus pauvres de la planète.Un coup de grâce donné, selon l’organisation anti CFA, par le député de la 9e circonscription des Français établis hors de France, M. M’jid El Guerrab.
À noter que depuis les indépendances, dans les années 60, près de 15 pays de la zone franc CFA ont versé à la France jusqu’à 65 % de leurs réserves de change sur un compte d’opérations détenu par le Trésor public français. C’est pourquoi d’ailleurs, ces panafricanistes estiment que « les pays africains, ceux de la zone franc CFA du moins, n’ont pas de dette vis-à-vis de la France. Au contraire, c’est la France qui doit de l’argent à l’Afrique », ont-t-ils souligné.Et d’ajouter que « Tant que ces fonds ne sont pas restitués, la France reste en situation débitrice nette à l’égard des États africains qui utilisent cette monnaie coloniale, le franc CFA ». Une dette qui, après être devenue hors de contrôle, selon le communiqué, est détenue par la Chine, à hauteur de 40 % et par des capitaux privés. Et d’ajouter que la Chine après avoir évincé la France en Afrique subsaharienne a choisi une nouvelle stratégie de l’endettement massive pour mieux tenir en laisse les États africains.
ISSA DJIGUIBA
Source: Journal le Pays- Mali