Le Président de la République cultive avec ferveur un lyrisme d’inspiration personnelle dans une forme politique : ce discours en est l’effet et le reflet. Une culture et une faconde naturelles au service d’une ardeur combative trouvent ici leur débouché à la hauteur de l’Institution qu’il incarne.
Le 22 Septembre représente pour notre peuple la fin d’un vieil ordre colonial ; l’indépendance et la liberté conquises de haute lutte se sont imposées par la vaillance comme remèdes à la domination et à la crispation extrême de la société. Royauté d’un printemps qui ne sera pas sans été.
Une si brusque mutation des structures politiques et sociales, au demeurant héroïque, recouvre une variété de situations. L’une des caractéristiques de notre nouvelle société malienne, à laquelle les observateurs s’accordent à reconnaître la plus grande importance, c’est le fait non pas qu’elle change, mais que le changement n’est plus, comme dans le passé, un événement plus ou moins imprévu, qui ponctuerait de loin en loin l’Histoire, mais qu’il en constitue un ressort tout à fait essentiel, pour ainsi dire institutionnel, normal et quotidien.
La République s’est donnée pour vocation d’aider les citoyens à maîtriser des changements souvent rapides et radicaux dans des domaines qui sont le produit d’une accumulation d’expériences successives parfois contradictoires mais complémentaires. Certes, le vieux tronc dressé au début des années soixante subsiste à demi renversé, plus ou moins dissimulé sous d’épaisses broussailles, entremêlés aux branches encore saines de l’arbre. Il faut tailler, élaguer, mais comment ? En donnant aux Maliens et aux Maliennes une conscience renouvelée de leur communauté de destin, faisant prendre conscience d’elle-même à une nation.
Dès les premières décades de notre indépendance, des synthèses partielles furent effectuées, dégageant les temps forts de l’évolution d’une vieille nation qu’il faut perpétuer. La fraternité est présente dans chaque structure, comme elle imprègne le corps social tout entier ; elle se devine à travers notre mentalité et est véhiculée par plus d’une centaine de partis politiques depuis l’avènement de la Transition et de la Troisième République.
La démarche politique est marquée trop souvent du sceau de l’inquiétude, pour plusieurs raisons, car chaque fois que nos strictes sociétés, en perpétuelles crises de croissance, se prennent à douter d’elles-mêmes, on les voit se demander si elles ont eu raison d’interroger leur passé ou si elles l’ont bien interrogé.
Aussi est-il souhaitable de multiplier et de conjuguer les recherches parallèles qui établiront sur des sujets différents, les convergences nécessaires à l’irrigation de notre patrimoine historique, balisant dans le respect, chacun avec sa sensibilité politique, les orientations fondamentales de notre devenir. La synthèse de ce que notre vaillant peuple a vécu vaille que vaille permettra de se jouer des contradictions événementielles pour marquer les étapes de la nouvelle évolution entreprise depuis que le Président IBK tient la barre. D’énormes chantiers sont en cours; parallèlement des réalisations considérables ont été effectuées.
L’anachronique sera repéré, l’actuel bien ressorti; le jeu des idées et des actions concrètes projettent l’essentiel. La plupart de nos concitoyens ont très bien compris depuis fort longtemps qu’il est temps de substituer à la vision verticale des choses, une option horizontale.
Elle consiste à rehausser notre époque à travers l’expérience vécue, souvent dans l’anonymat, d’hommes et de femmes qui furent étroitement mêlés aux transformations politiques et administratives de notre pays.
Il est en effet des époques de transition : l’héritage du passé y est entièrement assumé, expurgé des équivoques, des excès, des passions, de l’intolérance, héritage incarné dans les institutions, mais les signes du futur abondent grâce à Dieu et laissent deviner ce que sera demain. Toutes les actions actuelles sont ordonnées selon des règles strictes, qui peuvent paraître complexes ou incompréhensibles a priori. Mais le Président IBK connait parfaitement nos besoins et la nécessité d’une politique économique et sociale équilibrée, novatrice et raisonnable, et il sait que nous sommes épris d’ordre et de sécurité. Il faut et s’y emploie, une œuvre comparable à un temple grec, car pour apprécier la plate-forme du projet qu’il met en place, il faut dans les meilleurs délais autant d’attention que pour discerner les beautés de l’édifice, depuis ses voûtes et ses arcades jusqu’aux vitraux et aux gargouilles.
Lorsque l’on écoute notre peuple, ce peuple qui l’a porté au pouvoir avec un score immense auquel l’on ne saurait jamais demeurer insensible, lorsque l’on écoute ce digne et grand peuple dans l’attente d’un résultat immédiat, l’on est frappé du prodigieux volume de complaintes que constitue la somme des besoins et des revendications criant la détresse humaine à la face du Destin lui-même, autant que du caractère dramatique des attaques lâches et criminelles qui lui sont causées çà et là. Cette détresse parle au cœur comme le bruit des enclumes déchirant les métaux, avec des flammes qui jaillissent et montent en spirale.
Nos martyrs ne sont pas morts en vain. Combinant les différentes expériences qui ont précédé et suivi le 26 Mars, le citoyen malien en vient à jouer, avec une liberté de plus en plus grande, de ces couples de tensions que sont rigueur et condescendance, stabilité et mouvements, exactitude et déformation, en somme, un ensemble de moyens complets et souvent complexes. Notre pays gardera ainsi en lui un humanisme serein, les ressources d’une vie plus conviviale, d’une plus grande exaltation même, en phase avec notre merveilleuse et incomparable Histoire. L’image du Mali en sera plus amplifiée et admirée davantage, logée dans une sorte de symbiose démocratique universelle, incluant l’espace du réel comme le temps de la pensée et de la prospective.
Au total, et bien que sa maturation ait connu des déviations certaines et flagrantes, la démocratie au Mali s’alliant très souvent aux caprices de ces temps nouveaux, c’est sans doute sa conception de la politique comme perpétuelle recherche sur ses moyens et son contenu propres qui ont donné à notre nation une place majeure et enviée dans le concert des nations de la planète.
C’est un sentiment très naturel et très noble que d’aimer son pays, ses forêts, ses champs, ses montagnes, son désert, son histoire, son peuple, de rester attaché à lui au-delà des contingences et de se sacrifier pour lui.
Le désir et la volonté du Chef de l’Etat du Mali, n’en déplaise à certains courants et esprits chagrins, c’est que son action « coïncide » avec l’existence et le bien-être de l’ensemble de ses concitoyens. Le critère essentiel qu’il utilise pour la définir est la sève immortelle de l’esprit du patriote envers la vie plus que son souci de faire une œuvre accomplie du point de vue purement artistique. Cette tradition, on ne peut l’apprécier qu’en termes de préoccupations morales et toutes ses actions, il vise à ce qu’elles se distinguent par une capacité vitale d’éprouver une expérience, une sorte de respect et d’ouverture de l’être devant la vie, une intensité morale marquée et des réalisations fécondes. La pauvreté, la rareté des denrées alimentaires liée aux aléas du climat, la faiblesse du pouvoir d’achat : voilà nos ennemis. Nous les combattons et nous les vaincrons.
La compréhension comporte une attitude de respect et de bienveillance envers notre peuple. La compréhension et la bienveillance ne sauraient avoir pour conséquence de transformer notre propos en plaidoirie. Ainsi en est-il du faux problème que nous appellerons, faute de mieux, la recherche en paternité des idées et ou des actions pour le 26 Mars. Elles sont communes à plusieurs personnes et entités : associations, syndicats, cultes, Barreau, élèves, étudiants, civils avec ou sans emploi, militaires. Cela nous importe peu lorsque le dire ou le fait ne revêtent pas un négationnisme historique. L’important est d’en préserver les acquis, notamment le courant d’idées. Nous avons toujours besoin de renouveler positivement les mécanismes de notre démocratie, ajoutant notre foi habitée dans ce monde de foi dévoyée par des trafiquants de stupéfiants, d’êtres humains, des barbares incultes, lâches et cruels, baignés d’une lubie qui saigne sur le sable et la savane.
La protection des couches les plus pauvres et extrêmement démunies, l’émergence d’une classe moyenne et par voie de conséquence la canalisation d’une grande frange de l’administration inquiétante par son incurie, sa corruption et son incompétence pour la plupart dépendra directement des directives fermes données avec obligation de résultat à qui de droit.
Une société nouvelle est née certes, mais elle paraît manquer de cohésion. Les sentiments patriotiques et moraux semblent avoir déserté le cœur du citoyen ; il faut donc désormais des idées et des moyens forts, susceptibles de maintenir l’existant, de créer le progrès, de favoriser les conditions propices à la projection des initiatives créatrices, dans une cohésion totale au sein d’un Mali un, indivisible et laïc.
Parfois un romantisme se mêle à la politique, ouvrant la voie aux extravagances idéologiques, aux rumeurs ridicules et malveillantes des justicialismes les plus ineptes, sous le couvert de la démocratie.
Chez nous ici au Mali, le terme de fraternité est une sorte de pont posé entre la liberté qu’il faut maintenir et l’épanouissement qu’il faudrait atteindre contre le sous-développement et sa cohorte de faim, de malnutrition, d’illettrisme, de déficience sanitaire, de pauvreté et de manque de moyens adaptés à une agriculture moderne et une industrialisation nécessaire ; c’est pourquoi la revendication égoïste des droits doit céder le pas à l’ensemble des devoirs qui incombent à chacun et au premier desquels figurent le civisme et la solidarité.
Certes, il s’agit là d’un exutoire traditionnel bien souvent ressassé et dont l’efficacité à résoudre les maux sociaux semble peu probable. Il débouchera cependant, IBK en a fait la promesse avec le Gouvernement qui a bien reçu ses instructions, sur la voie du progrès social. Mais les Maliens et les Maliennes doivent chacun et tous concourir à la recherche du bien-être commun, à la réduction des inégalités sociales qui traduisent le sentiment général, par le travail bien fait, l’assiduité et le respect du bien public.
L’Etat assurera à chacun la sûreté et la protection ; le rétablissement entrepris en faveur du maintien strict de l’ordre public et de la paix est une des conditions premières du progrès social par la quiétude et la confiance. Les citoyens à leur tour doivent concourir au maintien de l’ordre public en se conformant aux lois et règlements, en respectant les personnes et en observant la préservation des biens publics et des biens d’autrui (terrains, meubles et immeubles), les croyances ou non de son prochain.
La démocratie a d’admirables principes mais elle est exposée de nos jours à des entraînements contre lesquels il faut la défendre ; le meilleur moyen de la protéger contre elle-même et tous, c’est la puissance du droit. Les années 1990 furent le printemps du peuple, soit, les autres années ne devraient pas cependant être l’automne de l’ordre public et de la sécurité.
A une époque où toute autorité tend à s’amoindrir et où se profile une violence inouïe, il importe de relever et d’accroître tout ce qui compose les attributs de l’Etat et le constitue en quelque sorte.
L’Afrique et surtout notre sous-région ont vocation à rassembler les peuples et non à favoriser une poussière de mini-états qui cultiveront un égoïsme archaïque et sans fondement historique, équivalent dans l’ordre géo-politique de l’antimatière dans l’ordre physique. Nous avons signé des accords de paix et de cessation des hostilités qui seront appliqués de bonne foi dans toutes leurs teneurs. Cependant et sans amalgame nous veillerons tous scrupuleusement à ce qu’aucune partie de notre pays ne soit pas ce tragique lieu d’inversion des valeurs, où le crime est non seulement préparé, perpétré partout, honoré par des esprits égarés qui méconnaissent les religions et mélangent la cruauté aveugle à toutes les infractions inimaginables.
Concilier cohérence et diversité, substituer aux déterminismes naturels, sources de profonds déséquilibres économiques et de graves disparités sociales, une répartition volontariste et plus harmonieuse des hommes et des activités sur l’ensemble du territoire national, viser à doter les collectivités territoriales d’agents publics en quantité et en qualité, etc… constituent des axes de l’action en cours.
Le parti pris de vérité que le Président s’est toujours imposé, sans complaisance, sans concession à une mode quelconque, en se consacrant exclusivement ici et maintenant, à la mise en valeur et à l’accroissement de nos ressources pour l’épanouissement de notre population, à l’apaisement des conflits, à plus de justice, à la lutte implacable contre le terrorisme, la barbarie, procède de la philosophie et des idéaux de notre Histoire qui ont précédé et largement contribué à instituer la Troisième République, fille du 26 Mars et de la Transition démocratique.
L’Homme d’Etat ressent toujours le bonheur de s’adresser à ses concitoyens, qu’il est fier de servir là où le Créateur et les hommes et femmes l’ont placé, tout en restant l’obligé de leurs suggestions légitimes.
La démocratie se fonde sur une acquisition patiente de la tolérance et de la conscience de ses limites, puisque le gouvernement démocratique ne peut pas tout résoudre en même temps. Les électeurs qui foulent le seuil du renouveau paraissent s’attacher moins à la valeur de celui-ci qu’au sortilège de l’abondance subite qu’ils attendent de la démocratie. Ils attendent d’elle qu’elle restaure leurs certitudes sur l’avenir et malheureusement cette espérance vécue dans le consilium fraudis du « consensus » est justement ce que la démocratie ne peut ni offrir ni entretenir honnêtement. Sur ce plan le maximalisme n’est pas de mise, puisqu’il conduirait à requérir d’un régime d’honneur à peine né des qualités immenses que les vieilles démocraties ne possèdent pas elles-mêmes et que nulle forme de gouvernement ne possèdera jamais, n’en déplaise à ceux qui se lancent dans le dénigrement. Il n’est pour le démontrer, que de penser au chômage, à l’inflation et à la corruption qui affectent toujours la vie politique en Europe ou aux Etats-Unis. Il n’empêche qu’il a le plus grand souci de veiller au fonctionnement régulier des structures démocratiques et de faire de notre pays un Etat émergent où la misère et le mal-être auront disparu et où il fera bon vivre.
Raillés par l’ignorance du terrorisme international qui se mondialise avec une pluralité de sources et de systèmes, ce qui postule une communauté inassouvie de dispositions multiples autant qu’imprévisibles, en butte au préjugé de l’immobilisme sinon de la reculade, nous avons cependant notre belle et vieille histoire et devant nous un avenir certain de bonheur dans la dignité. Il est encore et encore des jours de gloire ; nous pouvons et devons tous être des héros, si nous restons unis autour de l’essentiel.
Notre peuple marche, et l’horizon recule devant lui. Mali ! Salut à Toi, noble sol natal. Respect à Toi, Peuple fier et digne résolument tourné vers l’homme, vers l’universel, toujours fidèle à lui-même, à son passé, à son histoire, sans cesse préoccupé de fraternité, de progrès social et de culture.
Ce discours est le bréviaire d’un peuple affamé de fierté collective et d’unité nationale.
Maître Mamadou GAKOU.
Source: info-matin