Les membres de la Coordination du mouvement démocratique (Comode) qui regroupe plus d’une vingtaine d’associations, ont battu le pavé hier dimanche 29 décembre 2013.
Cette marche, selon les organisateurs, visait un double objectif : commémorer la marche du 30 décembre 1991 qui a amorcé les revendications pour l’instauration du multipartisme et de la démocratie au Mali, et soutenir le gouvernement dans libération de Kidal. La marche est partie de la place de la Liberté au Monument de l’Indépendance, en passant par l’immeuble Babemba et la Bourse du Travail. Elle a pris fin par une déclaration lue par le président de la Comode, Pr Ali Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale.
La particularité de cette marche a été la faible mobilisation des populations. Malgré l’invitation des populations à sortir massivement, la mobilisation n’a pas été à la hauteur des attentes, alors qu’il s’agit d’une affaire d’intérêt national. Mais les organisateurs se réjouissent de la qualité des marcheurs qui étaient composés essentiellement de leaders d’associations membres de la Comode et quelques leaders politiques.
Dans sa déclaration liminaire, Pr. Ali Nouhoum Diallo a indiqué que la Comode souhaite, comme en 1990 où, la marche du 30 décembre a été le point départ des revendications pour le multipartisme et l’instauration de la démocratie, que le 30 décembre 2013 soit aussi un nouveau départ pour l’unité nationale, pour l’intégrité territoriale, la cohésion de la nation malienne dans toute sa diversité culturelle, politique, linguistique, ethnique…
Cette marche de commémoration du 30 décembre 1990 a pour objectif, a-t-il ajouté, de demander à tous les Maliens de se tenir debout derrière le gouvernement de la République du Mali, pour la libération du Nord Mali, de soutenir le gouvernement dans l’exercice de la souveraineté pleine et entière du Mali sur toute l’étendue de son territoire, particulièrement dans l’Adrar des Ifoghas, région de Kidal.
L’occasion a été saisie par les responsables de la Comode d’inviter les Maliens à éviter les amalgames. «Tous les touaregs ne sont pas des rebelles, même tous les touaregs de l’Adrar des Ifoghas ne sont pas des rebelles. Aussi, tous les rebelles qui, aujourd’hui, se sont regroupés dans une organisation irrédentiste en disant qu’ils vont libérer l’Adrar des Ifohghas, ne sont pas que des Touaregs. A la Comode, nous demandons aux populations d’éviter les amalgames qui ont conduit à des tragédies dans ce pays. Il est important que nous travaillions à unifier la nation malienne», a-t-il déclaré. Il s’est indigné de constater que les forces qui sont venues pour aider le Mali, se transforment en force d’interposition entre l’Etat malien et une minorité de rebelles, narcotrafiquants qui n’espèrent qu’avoir un espace de non droit pour faire tous les trafics, les prises d’otages.
Pour lui, la France dont nous avions salué l’intervention le 11 janvier dernier, doit faire une distinction entre le Mali et ses rebelles, une nette distinction entre les irrédentistes et l’ensemble du peuple touareg. «Le MNLA n’est qu’un appendice d’Aqmi et ce n’est pas parce que les membres du MNLA sont des Maliens que la France va nous obliger à négocier, à dialoguer avec des hommes en arme», a précisé le président de la Comode. Il a rappelé que la Comode apprécie la position du président IBK lequel dénonce les ingérences étrangères dans la gestion de l’Adrar des Ifoghas. C’est pourquoi cette marche a été organisée pour soutenir le gouvernement dans sa démarche, a-t-il conclu.
Pour le vice- président de la Comode, Issiaka Traoré, les Maliens sont en train de vivre aujourd’hui une chose et son contraire. «Comment peut-on libérer une partie du Nord et laisser Kidal ? J’ai l’impression que nos amis sont en train de nous cacher quelque chose. Et il nous appartient à nous peuple malien de chercher à savoir ce qui ne va pas dans cette affaire », a souligné Issiaka Traoré.
«Nous exigeons du gouvernement la libération immédiate et sans condition de Kidal, partie intégrante de notre pays, de notre nation. Nous n’accepterons jamais qu’on octroie une quelconque indépendance ou autonomie à une partie du Mali. Le Mali restera un et indivisible quel qu’en soit le prix. Le gouvernement doit prendre les dispositions nécessaires pour libérer Kidal, par le dialogue ou par la force. Je pense que le Mali a les moyens aujourd’hui. Nous demandons un peu de courage de la part des nouvelles autorités qui disposent de tous les moyens pour régler définitivement l’affaire de Kidal, parce qu’elles sont légitimes et elles ont le soutien du peuple malien », a ajouté Modibo Sangaré, président du parti UNPR Faso- Dambé.
Pour Me Amadou Tiéoulé Diarra, président de la Ligue pour la justice et des droits de l’homme (LJDH), c’est l’inapplication des règles du droit international qui bloque la libération de Kidal. A l’en croire, il est clairement dit dans les différents accords signés suite au coup d’Etat du 22 mars, que les forces onusiennes et africaines viendront appuyer l’armée malienne pour libérer le Mali. « Mais il se trouve que des initiatives hors règles onusiennes se développent sur le terrain. Malgré le mérite de l’armée française que nous avions applaudi un moment, il se trouve que la position de la France est équivoque. Elle ne procède pas au respect des règles onusiennes. Le président de la République mérite d’être soutenu pour que nous sortions de cette situation », a martelé Me Amadou Tiéoulé Diarra.
La Comode entend multiplier les actions de soutien au président de la République afin d’accélérer le processus de libération de Kidal. Une conférence de presse a été animée à la Maison de la presse, ce lundi, par la Comode sur le même sujet.