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Algérie: qu’est ce qui va se passer ?

« En Algérie, il y aura des élections libres garanties par une Commission électorale indépendante ». C’est l’engagement que prend le nouveau Vice-Premier ministre du pays, Ramtane Lamamra. Quelques heures après le renoncement du Président Bouteflika à un 5° mandat, l’ancien ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra choisit RFI pour annoncer les grandes étapes de la transition qui, selon lui, fera de l’Algérie « une démocratie à l’égal des grandes démocraties du monde ». En exclusivité sur RFI, le nouveau Vice-Premier ministre algérien répond à nos questions.

RFI : Quelle est votre première réaction après la décision d’Abdelaziz Bouteflika ?

Ramtane Lamamra : Le président Bouteflika a annoncé aujourd’hui des décisions véritablement de portée historique. Le peuple algérien, j’espère, s’en réjouira. D’ores et déjà, nous entendons des manifestations de soulagement, d’appréciation de cette mesure. Et je pense que – en tant que gouvernement – dès l’installation du nouveau gouvernement, la priorité sera d’ouvrir un large dialogue avec la jeunesse, avec les forces vives du pays, pour que nous puissions nous rassembler autour de ces décisions du président Abdelaziz Bouteflika, préparer ensemble l’avenir, avec les grandes échéances et les grandes manifestations politiques. A commencer par la conférence nationale, qui doit être indépendante, qui doit être inclusive et qui doit élaborer et adopter une nouvelle Constitution pour la Deuxième République, pour un nouveau système algérien.

Est-ce que l’on peut dire que c’est la fin d’une époque, c’est la fin d’un gouvernement Bouteflika et peut-être au-delà d’un gouvernement FLN ?

C’est l’ouverture d’une ère nouvelle pour l’Algérie et le peuple algérien. Toutes les Algériennes et tous les Algériens ne peuvent que s’en féliciter.

Mais vous savez que, ce lundi soir, beaucoup de manifestants restaient quand même très prudents. Ils se demandaient si, derrière l’annonce du départ très prochain d’Abdelaziz Bouteflika, ce n’est pas tout un système qui allait perdurer, quand même.

Ce que vous dites souligne la nécessité de dialogue, de discussion, d’explication… Pour que, encore une fois, nous puissions tous, sans arrière-pensée aucune, nous rassembler autour de cette feuille de route et bâtir ensemble l’Algérie de demain.

On vous considère comme un homme de consensus et d’ouverture.

Est-ce que vous confirmez ?

Je suis résolument engagé en faveur de la réunification de nos rangs et de la réunion de toutes les conditions de la projection de l’Algérie dans l’avenir, en termes de démocratie, de développement, de cohésion, d’harmonie et de fraternité.

Est-ce à dire que les partis d’opposition seront associés à la Conférence nationale ?

Et comment ! Nous le souhaitons ardemment et nous allons certainement interagir avec les uns et les autres. Je crois que l’Algérie a besoin des idées, des propositions de tous.

Donc, le système politique ne sera plus verrouillé comme avant ?

Non, non… C’est l’ouverture qui est à l’ordre du jour et c’est véritablement le consensus national, la réunion des Algériens et de leurs énergies au service d’un avenir qualitativement meilleur. Un nouvel ordre national, un nouveau système national autour d’une Constitution aussi démocratique que celles qui régissent la vie politique institutionnelle des nations les plus démocratiques.

Est-ce que l’on peut dire que la Conférence nationale sera une sorte d’assemblée constituante ?

Elle en aura toutes les prérogatives et tous les pouvoirs. Mieux encore, sa composition devrait pouvoir faire l’objet d’un consensus. C’est-à-dire que les membres ne seront pas seulement ceux qui auront la chance d’avoir été élus, mais il y aura de la place pour tout le monde, à commencer – je le souligne – par les jeunes et les femmes.

Le départ du Premier ministre Ouyahia et l’arrivée de ce tandem – le Premier ministre Bedoui et vous-même -, qu’est-ce que cela représente ?

Ahmed Ouyahia a accompli sa mission et il a donné le meilleur de lui-même. Il a été aux grands rendez-vous de l’histoire contemporaine de notre pays. Aujourd’hui prend fin son quatrième tour de service à la tête du gouvernement algérien et arrive Noureddine Bédoui, ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales, de l’Aménagement du Territoire. C’est-à-dire un homme de terrain, un homme jeune, un homme non partisan. Et je corresponds – peut-être que l’âge nous différencie –, mais moi aussi, je suis non partisan et nous sommes tout à fait sur la même longueur d’onde lorsqu’il s’agit de faire preuve d’écoute, de réceptivité. Ce que souhaitent nos compatriotes. Nous sommes heureux de bénéficier tous les deux de la confiance du président Abdelaziz Bouteflika.

Quand on est ministre de l’Intérieur, on doit être, quand même, un homme à poigne. Est-ce que vous serez un petit peu le symbole de l’ouverture à l’intérieur de ce tandem ?

Le président Bouteflika incarne cette ouverture. Noureddine Bédoui a passé l’essentiel de sa carrière à la tête des wilayas, c’est-à-dire des départements. Il a œuvré au développement local. Et donc c’est un homme qui est proche des populations et qui est particulièrement sensible à la nécessité d’améliorer la qualité de vie de nos compatriotes. Les choses se posent en termes d’ouverture, tout cela tendu vers la préparation et le succès de la Conférence nationale inclusive et indépendante, qui elle-même sera le cadre et le creuset dans lequel naîtra la Deuxième République que nous appelons tous de tous nos vœux.

Y’aura-t-il des élections d’ici la fin de l’année et ces élections seront-elles libres ?

Absolument libres, naturellement. Le président a annoncé un certain nombre d’orientations de nature stratégique. D’abord, c’est la Conférence nationale inclusive et indépendante qui adoptera la Constitution. Egalement, elle fixera souverainement la date de l’élection présidentielle. Et cette élection sera entièrement et exclusivement sous la responsabilité d’une Commission électorale nationale indépendante. Le ministère de l’Intérieur et les démembrements de l’Etat étant à la disposition de la Céni, la Commission électorale nationale indépendante. Toutes les conditions seront réunies. Le Conseil constitutionnel continuera à assumer ses responsabilités en matière d’élection présidentielle. Ce sera l’affaire de tout le monde. Ce n’est pas du tout l’affaire du gouvernement. Et en plus, le président Bouteflika a annoncé qu’il sera créé un gouvernement de compétences, bénéficiant de la confiance des participants à la Conférence nationale. Ce gouvernement de compétences sera créé pour, précisément, mettre dans le processus d’organisation de l’élection présidentielle la nécessaire dose d’impartialité, de technicité, en soutien à la Commission nationale électorale indépendante.

A vous écouter, Ramtane Lamamra, c’est un tournant. Peut-être le tournant le plus important dans l’histoire de l’Algérie depuis 1962, depuis l’Indépendance…

Je le crois profondément. Il appartient maintenant aux femmes, aux hommes, et surtout aux jeunes de ce pays, de se hisser au niveau, au diapason de cette responsabilité historique. Nous n’avons pas droit à l’erreur. Je crois que – ensemble -, nous bâtirons cet avenir meilleur pour le peuple algérien.

Info Matin

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