La journaliste algérienne Nadia Madassi présentatrice du Journal télévisé de 19h de la chaîne publique Canal Algérie annonce son retrait volontaire de la présentation du JT
Furieuse de s’être vu remettre à la dernière minute la veille une déclaration écrite du président Abdelaziz Bouteflika, dont elle a dû donner lecture à l’antenne, Nadia Madassi, ancienne de la radio nationale, et plus de quinze ans au journal télévisé du soir sur Canal Algérie aurait démissionné, selon un de ses confrères. Pour l’heure, la journaliste n’a ni confirmé ni infirmé sa démission du JT.
La « goutte d’eau… »
À l’ouverture du journal télévisé dimanche soir, la journaliste a donné lecture d’extraits d’une « lettre » à ses concitoyens du chef de l’État qui y confirmait notamment sa candidature à un 5e mandat, malgré la contestation massive que celle-ci a déclenchée en Algérie.
« On lui a remis à la dernière minute le message du président Bouteflika », elle « a été mise mal à l’aise. Elle a très mal vécu cet épisode, elle a décidé de ne plus présenter le JT et de rejoindre la rédaction », a déclaré à l’AFP un journaliste de Canal Algérie, chaîne francophone de la télévision publique. « C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Depuis le début des manifestations, on ne nous laisse pas travailler », a souligné ce collègue.
Des pressions de plus en plus fortes
Des journalistes de l’audiovisuel public algérien – dont Nadia Madassi – ont récemment dénoncé les pressions exercées par leur hiérarchie concernant la couverture de l’actuelle contestation de la 5e candidature à la présidentielle de Bouteflika, un mouvement jamais vu depuis qu’il est arrivé à la tête de l’État il y a 20 ans.
Radio et télévision publiques ont d’abord totalement passé sous silence les nombreuses et massives manifestations, avant d’en faire état en atténuant les mots d’ordre. Outre les médias audiovisuels publics, les chaînes privées d’information, habituellement friandes d’événements en direct et souvent propriétés d’hommes d’affaires proches du pouvoir, ont également largement passé sous silence les manifestations de ces dernières semaines.
Dans son message lu dimanche soir, le président Bouteflika, 82 ans et affaibli par des problèmes de santé, s’engage, s’il est réélu le 18 avril, à ne pas terminer son mandat et céder la main à l’issue d’une présidentielle anticipée, organisée après une conférence nationale devant réformer profondément le régime actuel. Des engagements qui n’ont pas calmé les opposants au 5e mandat, qui y ont surtout vu un maintien par le président et ses partisans d’une candidature contestée.