ALGER – L’Algérie et le Mali ont salué les “avancées” enregistrées dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, indique lundi un communiqué conjoint ayant sanctionné la visite d’amitié et de travail à Alger du chef de l’Etat malien, Bah N’Daw.
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et son homologue malien ont réaffirmé, à cet égard, “la pertinence de l’Accord en tant que cadre idoine pour la consolidation du retour définitif et durable de la stabilité dans le pays”.
Le président N’Daw a exprimé sa “haute appréciation du rôle-clé” que joue l’Algérie en sa qualité de pays voisin, de chef de file de la Médiation internationale et de président du Comité de suivi de l’Accord, pour “restaurer la paix, la sécurité et la stabilité au Mali dans le strict respect de l’unité, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Etat du Mali sur toute l’étendue de son territoire”.
Il a salué “les efforts inlassables de l’Algérie pour consolider la cohésion entre les Maliens par le dialogue et la promotion des valeurs ancestrales du vivre-ensemble et d’entente qui ont toujours prévalu au sein de la société malienne dans sa riche diversité”, exprimant “le vif souhait que ce rôle soit poursuivi”.
Le président Tebboune s’est félicité, de son côté, de “l’opérationnalisation de tous les organes de la Transition conformément à la Charte et à la Feuille de route de la Transition”, saluant l’adoption par le Conseil national de Transition du Plan d’action du gouvernement en ce qu’il vise, à travers ses six axes d’action, à “réunir les conditions nécessaires à l’organisation des prochaines élections générales et au retour à la normalité dans le pays”.
Le président Tebboune a souligné “la nécessité impérieuse que la Transition se poursuive dans la sérénité et l’apaisement afin qu’elle puisse être couronnée par la tenue des échéances électorales dans les délais fixés”, renouvelant “l’entière disponibilité” de l’Algérie à continuer à apporter son “appui multiforme” à la Transition et réitérant “la détermination de l’Algérie à ne ménager aucun effort pour diligenter la mise œuvre de l’Accord”.
Volonté renouvelée pour renforcer davantage la coopération bilatérale
Passant en revue l’état de la coopération bilatérale, les deux chefs d’Etat ont réaffirmé leur “volonté de tout mettre en œuvre” pour renforcer davantage le partenariat liant les deux pays et le diversifier à la hauteur des potentialités et opportunités que recèlent les deux économies respectives. Ils se sont, en particulier, félicités des actions initiées dans les domaines de l’énergie, de la formation, de la valorisation des ressources humaines ainsi que dans le secteur administratif et judiciaire.
Dans le domaine de la coopération militaire, les deux Présidents ont salué la tenue de la Commission mixte militaire, le 9 février 2021, à Bamako et la signature, le 11 février 2021, de la convention de partenariat entre l’Algérie et l’Ecole de Maintien de la Paix Alioune Blondin Beye, tout en se déclarant “satisfaits” de la décision de convoquer prochainement la première session du Conseil d’affaires algéro-malien.
Dans ce contexte, les deux chefs d’Etat ont instruit leurs ministres chargés des Affaires étrangères à l’effet de “s’assurer, à la prochaine réunion du Comité bilatéral stratégique, du parachèvement de la mise en œuvre de toutes les actions convenues dans la feuille de route de coopération en vigueur”, notamment dans les domaines prioritaires de la défense et de la sécurité, de l’éducation et de la formation professionnelle, de l’équipement et des transports, de l’énergie et de l’hydraulique, des mines, de la santé, de la communication.
Les deux ministres ont été également instruits à fixer des objectifs pour la réactivation, “dans les meilleurs délais possibles”, des mécanismes de coopération bilatérale, notamment la Grande Commission mixte et le Comité bilatéral frontalier, pour “explorer de nouveaux créneaux de coopération en accordant une attention particulière à la promotion de la réalisation des projets structurants, tel que celui de la Route Transsaharienne, notamment le tronçon Tamanrasset – Kidal – Gao.
Convergence des positions sur les principales questions régionales et internationales
Sur les plans régional et international, les deux chefs d’Etat, tout en réaffirmant leur soutien aux principes de la Charte des Nations Unies et de l’Acte constitutif de l’Union africaine, se sont félicités de “la convergence des positions et des analyses des deux pays sur les principales questions” en la matière.
Ils ont réaffirmé, à ce propos, leur “attachement aux objectifs de l’Union africaine et leur engagement à conjuguer leurs efforts pour la promotion de la paix, de la sécurité, de la stabilité et du développement sur le continent”.
Les Présidents Tebboune et N’Daw se sont félicités, dans cet esprit de l’approbation par le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine de la proposition de l’Algérie de créer un fonds spécial dédié aux catastrophes provoquées par le changement climatique en Afrique.
Sur les questions de sécurité régionale, les deux chefs d’Etat se sont félicités de la tenue de la réunion du Comité d’état-major opérationnel (CEMOC) qui a regroupé les états-majors de l’Algérie, du Mali, du Niger et de la Mauritanie, le 10 février 2021 à Bamako, réunion qui a permis aux quatre pays de “partager leurs analyses et points de vues sur les questions liées à la sécurité dans la région du Sahel”.
Les deux Présidents ont réitéré leur “ferme condamnation du terrorisme sous toutes ses formes et manifestations” et convenu de “conjuguer davantage leur efforts dans leurs sphères d’appartenance commune pour venir à bout de ce fléau et de ses connexions, notamment la radicalisation et l’extrémisme violent, le crime transfrontalier organisé, le trafic de drogue, les réseaux de trafic d’êtres humains et la pratique du paiement des rançons contre la libération d’otages, qui continuent de compromettre les efforts de stabilité et de développement des Etats du Sahel”.
Ils ont souligné, dans ce cadre, la nécessité d’une “collaboration étroite et régulière entre les pays concernés, notamment ceux du champ”.
S’agissant de la situation en Libye, les deux chefs d’Etat se sont déclarés “encouragés” par les développements en cours, notamment “l’arrêt des hostilités et la mise en place du gouvernement d’union nationale qui a eu le vote de confiance de la Chambre des représentants du peuple libyen frère”.
Tout en appelant les Libyens à “resserrer leurs rangs pour réussir les échéances de la fin de l’année”, ils ont rappelé la nécessité de “mettre un terme à toute forme d’ingérence étrangère dans les affaires de la Libye, afin de permettre au peuple libyen de décider librement de son sort, en préservant l’unité, l’indépendance et la souveraineté du pays”.
Concernant la question du Sahara occidental et l’escalade militaire subséquente entre les deux parties au conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, les deux chefs d’Etat “demandent aux deux parties de reprendre les négociations sous les auspices du secrétaire général des Nations Unies, sans conditions préalables et de bonne foi, en vue de parvenir à une solution politique juste et durable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations unies et l’Acte constitutif de l’Union africaine”.
Les deux chefs d’Etat ont appelé l’Union africaine à “apporter sa contribution pour le règlement de ce conflit qui menace la paix et la sécurité sur le continent” et ont exprimé leur “satisfaction suite à la réinscription de ce dossier à l’agenda du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine tel que décidé par la réunion du Conseil, au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement, tenue le 9 mars 2021”.
Ils ont réaffirmé, aussi, leur “soutien indéfectible au peuple palestinien pour l’exercice de ses droits inaliénables, y compris l’établissement d’un Etat indépendant et souverain avec pour capitale El-Qods Echarif, conformément à la légalité internationale”.
Les deux chefs d’Etat se sont félicités, enfin, de la “qualité” de leurs entretiens, de même que les “résultats positifs” obtenus au cours de cette visite d’amitié et de travail effectuée les 13 et 14 mars et qui témoigne de la “ferme volonté commune de raffermir davantage les liens de coopération existant dans le sens de leurs diversification et de leur consolidation”.
Le Président N’Daw a invité le président Abdelmadjid Tebboune à effectuer une visite d’Etat au Mali à une date qui sera à “convenir d’un commun accord par voie diplomatique”, conclut le communiqué conjoint.