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Air Algérie: rien que «des petits morceaux» et des débris

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Une vision à peine soutenable sur la scène de l’écrasement de l’avion d’Air Algérie au Mali: «des petits morceaux, pas grand-chose pour reconnaître un avion», lance un Burkinabè, Eugène Somda, qui s’est rendu samedi sur les lieux du drame ayant emporté plusieurs membres de sa famille.

Selon lui, il n’y reste «pas grand-chose» de l’appareil».

«J’avais deux de mes frères, ma belle-soeur et mes petits neveux dans l’avion», ainsi qu’«une amie qui les accompagnait», explique M. Somda dans un entretien avec des journalistes de l’AFP et de Radio France Internationale (RFI) à Ouagadougou, peu après son retour du Mali.

Sur place, «nous avons (vu) des débris d’avion. Des petits morceaux, pas grand-chose pour reconnaître un avion», affirme ce quadragénaire qui, en racontant son voyage, n’a pas pu contenir ses larmes.

Pourtant, précise-t-il, «je ressens un certain soulagement» à l’issue de la visite car «maintenant, je sais où sont mes frères. C’est très important pour moi de savoir que cet endroit est leur tombe».

Le vol AH5017 d’Air Algérie est parti de la capitale burkinabè dans la nuit de mercredi à jeudi mais n’a jamais atteint sa destination, Alger. Il s’est écrasé 50 minutes après le décollage pour une raison encore inconnue samedi.

Il n’y a eu aucun survivant parmi les 118 personnes à bord, dont six membres d’équipage. Parmi les 112 passagers, figuraient 54 Français, 23 Burkinabè, huit Libanais, six Algériens et des ressortissants de plusieurs autres pays.

Les causes de l’écrasement n’ont pas encore été déterminées. Plusieurs spécialistes ont évoqué les mauvaises conditions météorologiques.

Enquête judiciaire au Burkina Faso

Une enquête judiciaire a été ouverte au Burkina Faso sur l’écrasement, survenu au Mali, de l’avion d’Air Algérie qui était parti de Ouagadougou, a annoncé samedi après-midi le président burkinabè Blaise Compaoré en recevant des proches de victimes de l’accident.

«Le procureur (…) de Ouagadougou a ouvert une enquête judiciaire le 24 juillet (jeudi) dans la soirée pour la recherche des causes de l’écrasement, qui s’est produit dans la nuit de mercredi à jeudi, a affirmé M. Compaoré en présence de plus de cent personnes, comprenant des Burkinabè, des Français, des Libanais, des Algériens, selon un journaliste de l’AFP.

«L’enquête a été confiée à la gendarmerie des Compagnies de la sécurité aéroportuaire, qui a dépêché des officiers de police judiciaire sur les lieux de l’écrasement», a-t-il ajouté.

Le procureur burkinabè «travaillera en étroite collaboration avec ses homologues du Mali et de la France, pays avec lesquels» le Burkina Faso a des accords de coopération judiciaire, a-t-il indiqué, avant que les journalistes ne soient prisés de quitter la salle où la rencontre avec les familles se poursuivait à huis clos.

L’écrasement de l’avion (vol Algérie AH5017) a fait 118 morts, dont 54 Français, 23 Burkinabè, huit Libanais, six Algériens, six Espagnols (équipage) et des ressortissants de plusieurs autres pays.

L’appareil était parti de Ouagadougou pour Alger dans la nuit de mercredi à jeudi, mais 50 minutes après son décollage, il s’est écrasé au-dessus du territoire malien, dans la zone de Gossi (environ 100 km de Gao, la plus grande ville du nord du Mali).

Le choc 

Samedi matin, Eugène Somda a été transporté sur le site de l’accident par le gouvernement burkinabè. Un voyage effectué en hélicoptère avec le Libanais Méroué Hamed, un responsable du consulat de France à Ouagadougou ainsi que quelques journalistes, dont un photographe de l’AFP.

À l’arrivée sur les lieux, après un peu plus d’une heure de vol, ce fut le choc pour les proches des victimes. Eugène Somda, portant un sac au dos, s’est agenouillé et a prié. Méroué Hamed regardait en silence, l’air grave.

Vu du ciel, le site est une zone désolée et sèche parsemée d’arbustes dont certains ont les feuilles jaunies.

On peut y voir des traces noires, comme après un incendie, et un peu plus loin des véhicules militaires forment un cercle autour d’une zone. Ce sont les militaires français, maliens et de la mission de l’ONU au Mali, la Minusma, chargés de «sécuriser» le site, explique-t-on côté burkinabè.

Le sol est jonché de débris, sur plusieurs dizaines de mètres. Certains des arbustes sont devenus des branchages calcinés. Dans l’air, flotte une odeur de carburant.

Tout cela fait une vision que «beaucoup ne pourront pas supporter, c’est assez difficile, estime Eugène Somda, indiquant que de nombreux proches de victimes souhaitent se rendre sur le site de l’écrasement.

«On veut bien aller (sur place pour) savoir, mais est-ce qu’on est prêt à supporter ce qu’on verra?», demande-t-il, en appelant à soutenir les familles des disparus.

De retour à Ouagadougou, Méroué Hamed a aussi été sollicité pour une déclaration, il s’est dit incapable de s’exprimer.

À Paris, à l’issue d’une rencontre avec des proches des victimes françaises, le président français François Hollande a assuré que «les familles qui le voudront» seront accompagnées, «le moment venu», sur le site de l’écrasement.

La deuxième boîte noire retrouvée

Au lendemain de la découverte de la première boîte noire de l’avion d’Air Algérie qui s’est écrasé dans le nord du Mali, des experts de l’ONU ont retrouvé la seconde samedi sur le site de l’écrasement, où sont attendus des enquêteurs, notamment français, pour un travail qui s’annonce délicat.

Le dispositif d’enregistrement des données du vol AH5017 d’Air Algérie a été récupérée par les experts de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) déployés dans la zone de Gossi, à environ 100 km de Gao (nord-est du Mali) où l’avion s’est écrasé jeudi.

«C’est un développement positif, qui aidera énormément» les enquêtes sur l’écrasement, a estimé la porte-parole de la Minusma, Mme Radhia Achouri.

Selon elle, la seconde boîte noire doit être acheminée vers Gao, où est basé «le centre de gestion tactique des opérations», associant la France à travers son opération militaire dans le pays, le Mali et la Minusma.

La première boîte avait été récupérée et acheminée vendredi vers Gao par des militaires français, selon Paris.

L’avion, un McDonnell Douglas MD83 loué par Air Algérie auprès de la société espagnole SwiftAir, était parti de Ouagadougou pour Alger dans la nuit de mercredi à jeudi et s’est écrasé 50 minutes après son décollage.

Il n’y a eu aucun survivant parmi les 118 personnes se trouvant à bord: 112 passagers – dont 54 Français, 23 Burkinabè, 8 Libanais, 6 Algériens et des ressortissants d’autres pays – et six membres d’équipage espagnols.

Vingt gendarmes et policiers français, de même qu’une équipe du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) français, sont attendus sur place dans la journée de samedi. Ils devront notamment s’atteler à l’identification des victimes.

À Paris, les familles des victimes françaises devaient être reçues par le président François Hollande samedi après-midi.

Écrasement survenu par mauvais temps 

Samedi matin, un représentant de la France, un du Liban et une des familles burkinabè ont quitté Ouagadougou à bord d’un hélicoptère pour la zone de Gossi, selon un responsable de la cellule de crise mise en place au Burkina Faso, sans précisions sur leurs identités.

Le gouvernement burkinabè avait annoncé sa décision de conduire sur le site du écrasement un nombre réduit de représentants de victimes vendredi, au retour d’une délégation conduite sur place par le président burkinabé Blaise Compaoré.

«Nous avons souhaité qu’il y ait des représentants des familles françaises, libanaises et burkinabées (…) car nous n’avons pas beaucoup de places», avait précisé le ministre burkinabè de l’Administration territoriale et de la Sécurité, Jérôme Bougouma.

Le général Gilbert Diendiéré, chef d’état-major particulier à la présidence burkinabè, également membre de la délégation, avait averti que la récupération des corps s’annonçait «très difficile».

«Il est aujourd’hui difficile de pouvoir récupérer quoi que ce soit, et même pour les corps des victimes, je pense qu’il est très difficile de pouvoir les récupérer parce que nous avons vu seulement des morceaux de chair humaine qui jonchaient le sol», avait-il estimé.

«Les débris étaient éparpillés sur une distance de 500 mètres mais nous avons constaté que cela est dû au fait que l’avion s’est écrasé d’abord (au) sol et a certainement dû rebondir pour aller plus loin», avait-il ajouté.

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, conduisant une forte délégation, s’était aussi rendu vendredi dans la région de Gao pour, avait-il indiqué, exprimer aux pays d’origine des victimes la «vive solidarité» du Mali. «Nous venons nous incliner sur les dépouilles de ces disparus», avait-il déclaré.

Aucune explication n’était pour l’heure disponible sur la cause du écrasement, même si plusieurs spécialistes estiment que le mauvais temps n’y est sans doute pas étranger.

«La zone où est survenue l’accident était le théâtre de formations orageuses potentiellement dangereuses pour un avion», a indiqué dans un communiqué l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna), ayant son siège à Dakar. Cette agence, qui regroupe 17 pays africains et la France, gère un espace aérien de 16,5 millions de km2.

Mais les proches des victimes comme les experts espèrent trouver des réponses grâce aux boîtes noires, qui enregistrent toutes les données d’un vol, y compris les conversations dans le cockpit. Ces dispositifs révèlent des informations cruciales et des axes d’enquêtes pour déterminer les causes d’un accident aérien.

La région de Gao reste une zone dangereuse où des djihadistes continuent à sévir, de même que d’autres bandits et trafiquants armés profitant de l’immensité de cette zone en partie désertique, difficile à contrôler.

Les soldats français y sont implantés depuis le début de leur intervention, en janvier 2013, pour chasser du nord du Mali les groupes liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Les djihadistes avaient occupé la région pendant près de dix mois entre 2012 et début 2013.

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