C’est à travers une conférence de presse tenue, le mardi 14 novembre 2023, au Conseil national du patronat du Mali (CNPM) que le président de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH), Aguibou Bouaré, a procédé à la présentation du rapport annuel 2022 de la CNDH à la presse.
C’était en présence des autres membres de la CNDH, des partenaires de la CNDH et d’autres personnalités. Le présent rapport examine, en 6 parties, la situation des droits de l’Homme. Il passe en revue l’état des droits civils et politiques, des droits économiques, sociaux et culturels, des droits des personnes vulnérables, la situation carcérale et les conditions de détention ainsi que le droit à un environnement sain. En outre, le présent rapport formule, à l’attention du Gouvernement, des recommandations dont la sécurisation des personnes. « Ce que nous recommandons, c’est de faire les choses conformément aux lois. Nous ne protégeons pas les terroristes, au contraire, nous soutenons les forces de défense dans la lutte contre le terrorisme, mais dans le respect des droits de l’Homme », a déclaré Aguibou Bouaré.
Après avoir magnifié le rôle de la presse dans un pays comme le Mali, le Président de la CNDH, Aguibou Bouaré, a fait savoir que l’année 2022 a été́ marquée par des abus et violations graves des droits de l’Homme visant aussi bien les populations civiles que les Forces de Défense et de Sécurité. « Ils se manifestent par des atteintes aux droits à la vie et au respect de l’intégrité́ physique, à la liberté́ de presse, de manifestation, de cortège et de réunion, perpétrés, au Centre comme au Nord, sans qu’aucune partie du territoire national ne soit épargnée. Ces abus et violations enregistrés sont la résultante du terrorisme, des conflits inter et intracommunautaires, de la crise socio- politique », a-t-il dit. Il a indiqué que le droit à l’éducation a connu des difficultés dans sa mise en œuvre. Sur le plan du droit à la santé, ajoute-il, si des progrès ont été constatés en matière d’équipement essentiellement, les citoyens sont en droit d’attendre davantage d’amélioration des conditions d’accès à la santé. « Les droits des personnes privées de liberté et la situation carcérale pourraient connaitre davantage de progrès avec la décongestion des prisons. Ainsi la surpopulation carcérale, le dépassement des délais de garde à vue, de détention provisoire, demeurent une réelle source de préoccupation tant les conditions de détention sont souvent inhumaines. La CNDH salue le recrutement de 125 agents pénitentiaires, qui va dans le sens de l’amélioration », a souligné Aguibou Bouaré. Pour lui, les droits de la femme font face à d’énormes défis en raison notamment de l’absence d’une législation adéquate pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles, ainsi que des inégalités dont celles-ci sont l’objet. Il a noté que de milliers d’enfants sont privés de leur droit à l’éducation dû à la fermeture de plus de 1000 écoles. La CNDH demeure préoccupée par la situation des personnes déplacées internes (PDI) et recommande aux autorités de prendre des mesures afin qu’elles bénéficient des services sociaux de base et pour préparer leur retour effectif et sécurisé dans leur localité. En outre, le rapport traite du respect du droit à un environnement sain appelant l’État à prendre des mesures concrètes dans la mise en œuvre de ses engagements en vue d’un véritable essor de ce droit. Enfin, le présent rapport formule, à l’attention du Gouvernement, des recommandations générales qui portent entre autres sur : la sécurisation des personnes et de leurs biens sur toute l’étendue du territoire national ; le renforcement de l’institution judiciaire en ressources humaines, matérielles et financières lui permettant d’enquêter et de statuer sur les cas de violations graves des droits de l’Homme commises au Mali; l’adoption d’une loi réprimant l’esclavage et les pratiques assimilées.
Répondant aux questions des journalistes, le conférencier a souhaité que la lutte contre le terrorisme au Mali se fasse dans le cadre de la protection des droits humains. « Notre objectif, ce n’est pas de protéger les terroristes, au contraire, les défenseurs des droits de l’Homme qui connaissent leur métier sont contre l’impunité. Ce que nous recommandons, c’est de faire les choses conformément aux lois. Nous sommes des soutiens des forces de défense et de sécurité dans la lutte contre le terrorisme pourvu que cela se passe dans le respect du droit international humanitaire. Quand on fait des communiqués pour dénoncer les violations, on nous tape dessus en disant : ils sont là à protéger les terroristes. Non ! Ce n’est pas vrai. Nous ne protégeons pas les terroristes, au contraire, nous soutenons les forces de défense dans la lutte contre le terrorisme, mais dans le respect des droits de l’Homme », a précisé le président Bouaré.
Aguibou Sogodogo
Source : Le Républicain