L’Ecole de Maintien de la paix de Bamako a abrité, les 11 et 12 décembre 2023, les travaux de la 15ème édition du Symposium national sur les droits de l’Homme au Mali. Cette activité organisée par la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) avait pour objectif de faire l’état des lieux de la situation des droits de l’Homme au Mali, de partager les bonnes pratiques et perspectives, à travers un regard croisé, pour le respect des droits humains, dans un contexte de crise multidimensionnelle.
Au cours de la cérémonie d’ouverture des travaux, le Président de la CNDH, Aguibou BOUARE, a fait savoir que l’Etat doit lutter contre toute forme d’impunité en luttant contre les abus et violations des droits de l’Homme, quels qu’en soient les auteurs, le lieu et le moment de commission. « Toutefois, une lutte contre l’impunité ne peut être efficace que lorsqu’elle est mise en œuvre par une justice indépendante, performante, impartiale dotée de moyens adéquats et s’élevant au-dessus des contingences politiques », a-t-il dit.
La cérémonie d’ouverture était présidée par le Ministre de la Refondation de l’Etat, Chargé des Relations avec les Institutions, Ibrahim Ikassa MAÏGA, en présence du Président de la CNDH, Aguibou BOUARE ; du directeur général de l’Ecole de maintien de la paix (EMP) de Bamako, Souleymane SANGARE ; du chef de bureau DCAF-Mali (Centre pour la Gouvernance du Secteur de la Sécurité), Oswald PADONOU ; de la Chargée d’Affaires de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas au Mali, Mme Sonja KUIP et d’autres personnalités. Après les mots de bienvenue du Directeur général de l’EMP, Souleymane SANGARE, le président de la CNDH, Aguibou BOUARE a fait savoir que ce symposium se veut un espace de rassemblement des Institutions et Organisations de défense des droits humains en vue d’une synergie d’actions et les liens de bonne collaboration au service d’une seule cause : la promotion et la protection de la dignité humaine. Avant d’ajouter que le Mali peut être cité parmi les patries des droits humains. « L’Etat doit lutter contre toute forme d’impunité en luttant contre les abus et violations des droits de l’Homme, quels qu’en soient les auteurs, le lieu et le moment de commission. J’en appelle donc à l’élargissement et l’amplification de la lutte contre l’impunité ! Toutefois, une lutte contre l’impunité ne peut être efficace que lorsqu’elle est mise en œuvre par une justice indépendante, performante, impartiale dotée de moyens adéquats et s’élevant au-dessus des contingences politiques. Quid du décernement systématique des mandats de dépôt contribuant au surpeuplement des maisons d’arrêt ? Quid de la lenteur excessive de certaines procédures judiciaires sachant que le droit à un procès équitable dans un délai raisonnable est un droit fondamental ? », a-t-il dit. A cet effet, il a invité les autorités judiciaires à un meilleur respect de la présomption d’innocence. Selon Aguibou Bouaré, tout pouvoir politique se doit donc d’être juste avec la Justice pour n’y pas avoir à faire face un jour. Sans cette posture, dit-il, il serait difficile voire impossible pour la justice d’échapper à l’arbitraire et l’instrumentalisation ! La CNDH, par la voix de son président, salue les efforts du Gouvernement pour la protection des droits de l’Homme malgré le contexte sécuritaire volatile. « Je dois cependant rappeler que des difficultés continuent de subsister quant à l’accès libre de la CNDH à certains lieux de privation de liberté, notamment au Centre de notre pays, singulièrement certaines brigades de gendarmerie dans la région de Mopti. Ce genre d’entraves est de nature à contrarier l’exercice efficace du mandat légal de l’Institution Nationale des Droits de l’Homme ! Nous devons également signaler la surpopulation carcérale, la corruption en milieu carcéral, les mauvaises conditions d’hygiène, l’absence d’infirmerie dans la plupart des maisons d’arrêt de notre pays. Cet état de fait continue de préoccuper gravement la CNDH », a souligné Aguibou Bouaré. Il a indiqué que les atteintes aux droits de l’Homme visant les populations civiles, telles que celles ayant visé le Bateau TOMBOUCTOU et l’Hôpital de Tombouctou, ne doivent pas restées impunies quel qu’en soient les auteurs ! Enfin, il a fait savoir que le droit à l’éducation est sérieusement mis à rude épreuve en raison, notamment, de l’insécurité avec la fermeture des écoles privant ainsi de milliers d’enfants de leur droit fondamental à l’éducation. Tous les autres intervenants ont non seulement remercié la CNDH d’avoir organisé ce symposium, mais aussi, mis l’accent sur la promotion et la protection des droits humains.
Aguibou Sogodogo
Source : Le Républicain