Surfacturation des contrats et incompétence dans le travail, telles sont les caractéristiques principales du directeur général de L’Agence pour la gestion des travaux d’infrastructures et d’équipements ruraux (Agetier-Mali), Zana Coulibaly. Ces maux ont rongé l’entreprise qui vient de mettre à la porte 13 de ses bras valides.
La boulimie d’argent et l’incompétence sont les raisons fondamentales du désamour entre Zana Coulibaly et son chef hiérarchique, le président du conseil d’administration de l’Agetier-association, Sanoussi Bouya Sylla, qui est également le président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali.
M.Sylla a décidé de le relever de ses fonctions en 2021 lorsqu’il a pris connaissance de ses malversations financières et de son incompétence notoire dans le traitement des conventions. Toutes choses qui ont fait perdre des dizaines de milliards de F CFA de contrats à l’entreprise.
Les faits et les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2017, achat d’une parcelle nue avec Bakary Togola, président du conseil d’administration de l’Agetier-Mali à l’époque des faits. Ladite parcelle devant abriter le siège de l’Agetier à Ségou a coûté 150. 000. 000 F CFA. Mais la différence est énorme entre le contrat d’achat et la pièce comptable.
L’écart est de 130. 000. 000 F CFA. Ce qui sous-entend que le prix d’achat réel est de 20. 000. 000 F CFA. En 2018, achat avec le même Bakary Togola d’un terrain dans la zone résidentielle de Ségou abritant les services de la DAF de l’Agetier. Le prix indicatif est de 200. 000. 000 F CFA.
Mais au moment où Sanoussi Bouya Sylla faisait ce constat, le contrat d’achat de ce terrain n’était toujours pas formalisé. Toujours en 2018, le même Zana Coulibaly, responsable de l’Agetier, a acheté un bâtiment de plus haut standing que celui acquis avec Bakary Togola pour reloger la direction générale de l’Agetier. Le montant avancé est de 100. 000. 000 F CFA. Au vu de la pièce comptable, il y a surfacturation à ce niveau aussi, car la différence est de 50. 000. 000 F CFA.
Eu égard à toutes ces incohérences sous le couvert d’arnaque, le président du conseil d’administration de l’Agetier a invité son directeur général de lui apporter des éclaircissements sur trois de ces acquisitions qui ont fait l’objet d’achat-vente.
Les gaffes de M. Coulibaly ne se limitent pas là. Après 9 ans de service à la tête de l’Agetier, il a causé d’énormes préjudices à son service employeur dont les travailleurs assistent impuissants à sa descente aux enfers. D’ailleurs, 13 d’entre eux ont été mis à la porte sous le vocable de chômage technique temporaire de 3 mois.
Sur le plan de son incompétence, plusieurs conventions de construction signées avec d’autres entreprises ont été résiliées incognito. Sans entrer dans les détails des chiffres, le coût total des conventions annulées au détriment de l’Agetier s’élève à plus de 165. 655. 907. 816 F CFA en deux ans entre 2017 et 2018.
Ces faits gravissimes sont greffés à d’autres qui montrent la vraie face du directeur général et de son mentor Bakary Togola. Selon les mêmes dénonciations faites par Sanoussi Bouya Sylla, le DG de l’Agetier a donné gratuitement en 2018 à la réforme, 3 véhicules à des personnes. Il s’agit notamment de Bakary Togola (Toyota Land Cruiser V8 n°31 53 CIT), Moussa Traoré, vice-président du conseil d’administration de l’Agetier au moment des faits (Toyota Land Cruiser VX n°77 21 BIT), Ladji Traoré, commissaire aux comptes de l’Agetier, (Toyota Hilux pick-up n°21 03 BIT).
Quatre autres véhicules ont été mis à la reforme à des prix dérisoires. Notamment une Toyota pick-up à 2. 650. 000 F CFA et trois Toyota Land Cruiser GX pour les montants de 3. 017. 500 F CFA ; 3. 517. 500 F CFA et 3. 000. 000 F CFA. A la même année 2018, le tout puissant DG de l’Agetier a acheté pour le compte du même Bakary Togola, un véhicule neuf V8 full option.
Pour davantage puiser dans les caisses du service, Zana Coulibaly a donné en bail ses propres maisons à Badalabougou Sema-Gexco pour y loger l’Association Agetier-Mali et l’antenne Agetier-Mali à Bamako. Ces bâtisses portent les noms de tierces personnes qui sont visiblement des membres de sa famille. Le hic est que les frais de location dont les montants ne ressortent pas dans la correspondance de Sanoussi Bouya Sylla sont encore surfacturés et au double du montant prévu à cet effet par l’Agetier.
En plus de cette gestion financière et organisationnelle calamiteuse, des partenaires extérieurs ont émis de fortes réserves sur la capacité de Zana Coulibaly à bien conduire ce service stratégique de l’Etat. Des griefs sont portés notamment par les présidents des organisations professionnelles du secteur BTP du Mali (Ordre des architectes du Mali, Ordre des ingénieurs conseils du Mali, Ordre des urbanistes du Mali et Ordre patronal des entreprises de construction du Mali).
Ces derniers lui reprochent “le manque de transparence et de crédibilité dans les passations des marchés ; la faible implication, voire son absence dans le suivi des travaux ; les ambiguïtés dans les clôtures des travaux ; la baisse de la performance de l’Agence ; la manque de suite par rapport à la construction à l’issue d’un concours d’architecture surtout leurs préoccupations par rapport à l’annulation des conventions par les bailleurs de fonds (la BAD sur les projets P2RS et la Banque mondiale sur les conventions n°324/2017/IP et n°325/2016/IP“.
Malgré tout, Zana Coulibaly garde confortablement son fauteuil comme si de rien n’était. L’ancien ministre du Développement rural, Modibo Kéita, qui avait eu en son temps le courage d’acter sa lettre de licenciement jusqu’à alerter les banques et établissements financiers de ne plus reconnaître sa signature, avait dû ravaler sa langue. Au motif que l’affaire le dépasserait.
Selon des indiscrétions, le DG de l’Agetier ne lésine pas sur les moyens pour parvenir à ses fins quel que soit le problème. Ceci explique-t-il cela ?
Wait and see !
Abdrahamane Dicko
Mali Tribune