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Afrique subsaharienne : cinq dossiers économiques à suivre en 2019

Les relations houleuses entre les États et les opérateurs télécoms, les premiers coups de pelle sur le site du barrage de Nachtigal au Cameroun, la libéralisation des télécoms et la privatisation partielle d’Ethiopian Airlines en Éthiopie, et enfin le lancement des grands projets de Macky Sall en matière de transport… Autant de sujets que nous allons suivre de près en 2019. •

Télécoms : la guerre États/opérateurs va continuer MTN et la Banque centrale du Nigeria ont beau avoir trouvé un arrangement, le 24 décembre dernier, quant à leur différend (l’organisme public accusait l’opérateur télécom d’avoir fait sortir illégalement du pays 8,13 milliards de dollars), tout n’est pas encore réglé entre l’État et la filiale du groupe sud-africain. Le fisc lui a en effet notifié, début septembre, un redressement fiscal de 2 milliards de dollars pour des taxes impayées, alors que l’opérateur estime avoir « réglé intégralement tous les montants dus au titre des impôts en question ». Les deux parties ont rendez-vous le 7 février devant la Cour suprême du Nigeria. Au Niger, ce sont Airtel et Orange qui ont vu leurs locaux fermés, début décembre, par les autorités, là aussi à la suite de redressements discaux colossaux. Airtel, qui regrette dans un communiqué « la rapidité » avec laquelle ses « explications étayées » ont été rejetées, pointe une « demande disproportionnée représentant environ 70 % des revenus annuels de la société ». Dans un communiqué du 29 novembre, Orange, dont les locaux sont toujours fermés, juge « contestable » le montant du redressement, lequel représente « près de 50 % (de son) chiffre d’affaires ». Et ces deux pays ne sont pas les seuls à voir opérateurs et autorités s’affronter. Du Bénin au Sénégal, en passant par la Côte d’Ivoire, le Cameroun ou le Mali, les procédures explosent, tant pour des raisons fiscales qu’au motif de manquements aux obligations de qualité de service. Et cela ne devrait pas s’arrêter là. • Au Cameroun, les premiers coups de pelle sur le site du barrage de Nachtigal Le 8 novembre, EDF, IFC et la République du Cameroun ont signé des accords « engageants et définitifs » quant au financement du barrage et de l’usine hydroélectrique de Nachtigal, à 65 km au nord-est de Yaoundé. Ce paraphe devait permettre de commencer avant la fin 2018 le chantier de construction de ce méga-projet à 1,2 milliard d’euros, impliquant 11 institutions de développement internationales (Banque mondiale, BAD, BEI, Proparco…) et 4 banques commerciales locales. Les travaux ont pourtant encore été reportés, au mois de mars, du fait notamment de retard des entreprises sous-traitantes dans le recrutement et la construction de logements pour les ouvriers. Plusieurs fois reporté au cours de l’année 2018, l’examen de la situation du Congo-Brazzaville n’apparaît toujours pas dans l’agenda officiel du conseil d’administration de l’organisation financière internationale. La délégation qui s’est rendue sur place, du 6 au 14 novembre, a beau avoir noté des « progrès considérables » en matière de gouvernance et une certaine embellie provoquée par la hausse des cours du pétrole, la question de la colossale dette du pays (entre 110 et 120 % du PIB national) continue de bloquer toute validation d’un programme d’aide sur trois ans. L’institution de Bretton Woods continue donc de demander à Brazzaville de renégocier avec ses créanciers, parmi lesquels les traders Glencore, Trafigura, Gunvor ou Vitol, mais aussi la Chine. Le Congo et la Guinée équatoriale sont les deux seuls pays de la Cemac à ne pas avoir trouvé d’accord avec l’organisation internationale. Cette situation inquiète leurs partenaires, qui craignent toujours une dévaluation si le redressement n’est pas au rendez-vous. La conclusion des échanges entre Brazzaville et le FMI « s’impose avec acuité afin d’éviter le risque de passager clandestin », avait ainsi souligné Daniel Ona Ondo, le président de la commission de la Cemac, lors d’un sommet extraordinaire de la zone, à N’Djamena, le 25 octobre 2018. • Les compagnies internationales à l’assaut du gigantesque marché éthiopien Le 5 juin 2018, c’est sur Facebook que le nouveau gouvernement conduit depuis à peine quelques semaines par Abiy Ahmed a annoncé son intention de privatiser partiellement des entreprises publiques emblématiques, telles que l’opérateur Ethio Telecom et la compagnie aérienne Ethiopian Airlines. Pour les opérateurs internationaux des télécoms, c’est un nouveau marché de 104 millions d’habitants qui pourrait donc s’ouvrir en 2019. MTN et Vodacom sont d’ailleurs déjà sur les rangs. Quant à la première compagnie aérienne du continent, sa privatisation devrait « être menée sur la durée », a expliqué à Jeune Afrique le directeur général d’Ethiopian Airlines, Tewolde GebreMariam. • Au Sénégal, lancement du TER Dakar-Diamniadio et des long-courriers vers Paris Alors que l’élection présidentielle est programmée au 24 février et que Macky Sall y remet en jeu son mandat, le chef de l’État sénégalais aura à cœur de boucler ses grands projets d’infrastructures au cours des toutes premières semaines de 2019. Le 14 janvier, devraient ainsi commencer les essais du TER reliant Dakar à la ville nouvelle de Diamniadio et à l’aéroport international Blaise Diagne, inauguré le 7 décembre 2017. Quelques jours après, le 1er février, la compagnie Corsair, qui assure actuellement des vols hebdomadaires entre Dakar et Paris, devra céder la place au nouveau pavillon national, Air Sénégal, qui a lancé ses vols internes le 14 mai dernier et ses moyens-courriers à l’automne. Avec la desserte de Paris, la nouvelle compagnie, qui attend encore la livraison des deux appareils A330neo qu’elle a commandés à Airbus, se lancera dans le créneau des vols long-courriers.

 

JA

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