Avant-hier mardi, les électeurs libériens, après sept semaines de retard sur la date normale du second tour de l’élection présidentielle, sont allés voter pour désigner leur prochain président. Le challenge est entre l’ancienne star du foot non moins Sénateur, Georges Weah et Joseph Boakai, le Vice-président sortant. Autrement dit, l’un ou l’autre, pour la première fois dans l’histoire du Libéria, va succéder démocratiquement par la voie des urnes, à Ellen Johnson Sirleaf.
Les électeurs libériens, en allant se prononcer sans incident majeur et en toute civilité à travers les urnes, contribuent notablement à offrir à leur pays, longtemps meurtri par des décennies de guerre civile et d’épidémie d’Ebola, une image fort rassurante pour le reste du monde. Ce qui augure aussi que le pays de Samuel Kanan Doe est indubitablement en train d’aller vers sa véritable première alternance démocratique.
Toutefois, faudrait-il que les résultats des urnes, proclamés par la Commission électorale, soient justes et transparents afin qu’ils mettent unanimement d’accord toutes les parties. Encore que la faculté de la Commission électorale à proclamer le plus tôt possible les résultats, lui permettra davantage de relever ce challenge. Sinon, vu les enjeux capitaux de cette présidentielle, tout peut arriver dans ce pays qui a aujourd’hui le moins besoin de raviver une crise post-électorale.
Rappelons que la guerre civile du Liberia avait coûté la vie à près de 150 000 personnes, des civils pour la plupart, et avait provoqué un effondrement total de l’État. Des milliers de personnes avaient été déplacées à l’intérieur du pays et hors de ses frontières. En somme, quelque 850 000 personnes s’étaient réfugiées dans les pays voisins. Les combats commencés à la fin de l’année 1989, avaient causé plusieurs centaines de morts. Au regard de cela, les libériens doivent tout faire pour ne plus retomber dans la guerre civile. Mais pour cela, le nouveau Chef de l’Etat doit forcément s’atteler à lutter contre la paupérisation et la corruption endémique, pour continuer à construire la fragile paix et l’unité nationale dans laquelle a œuvré la présidente sortante, Ellen Johnson Sirleaf.
C’est pourquoi, que ce soit Weah ou Boakai, le véritable vainqueur de ce scrutin n’est autre que l’alternance démocratique au Libéria. Un pays qui doit davantage s’enorgueillir du fait que le nom d’Ellen Johnson Sirleaf soit plus que jamais gravé en lettres d’or dans les annales de l’histoire africaine comme la première femme démocratiquement élue présidente de la République dans le continent noir. A cet effet, les égos doivent impérativement céder la place à l’intérêt national, pour que le Libéria puisse mériter son nom qui signifie Liberté. Ce nom qu’il a hérité des esclaves noirs américains débarqués au XVIIIème siècle, pour être définitivement affranchis de la tutelle banche.
Gaoussou Madani Traoré
Source: Le Challenger