Au mois de mai 2018, le président centrafricain, Faustin Archange Touadéra, a été reçu par son homologue russe, Vladimir Poutine à Saint-Pétersbourg. À l’issue de leur rencontre, des accords économiques, humanitaires ont été signés. L’objectif réel de Bangui est de nourrir le renforcement de la coopération militaire entre les deux pays, déjà esquissée il y a huit mois, lorsque la Russie a obtenu du Conseil de sécurité de l’ONU, une dérogation à l’embargo sur les armes, imposé à la Centrafrique depuis 2013.
Ce qui s’est traduit par des livraisons d’armes légères destinées à l’armée centrafricaine, par l’installation d’instructeurs russes à Berengo (l’ancien fief de l’ex-président Jean-Bedel Bokassa), et par l’affectation de dizaines de membres des Forces spéciales russes à la garde rapprochée du président Touadéra. Un regain de coopération militaire, sur fond de lutte antiterroriste, qui inquiète les puissances occidentales, en l’occurrence la France. Lesquelles s’interrogent et ne se privent plus publiquement de dénoncer la présence russe en Centrafrique. Un pays qui regorge d’importants gisements d’or, de diamants et d’uranium.
Pourtant, en guise de réponse aux inquiétudes occidentales, Evgeny Korendyasov, directeur du Centre de recherches sur les relations russo-africaines à l’Académie des sciences de Moscou, oppose l’impératif de la recherche de la paix. Une approche rappelée déjà en début avril, lors de la 7ème Conférence de Moscou sur la sécurité internationale, à laquelle participait une douzaine de ministres de la Défense africains.
Avec la désintégration de la Libye par les puissances occidentales, on ne peut plus occulter qu’il existe actuellement une accentuation de la menace terroriste dans le nord et le centre du continent africain. La France, les USA et la Grande Bretagne qui sont à l’origine de ce drame, ne font concrètement rien pour que cesse le terrorisme international dans cette partie de l’Afrique, désormais confrontée aux attaques terroristes avec à la clef, la sanctuarisation des mouvements terroristes par exemple au nord et au centre du Mali et sur l’ensemble du territoire libyen. Que peut-on alors reprocher à Moscou et à Bangui pour avoir noué et renforcé leur coopération militaire, surtout lorsque la Centrafrique veut simplement se sortir du chaos insécuritaire existant depuis des décades, au vu et au su de l’ancienne puissance coloniale ?
De toute façon, on dénombre actuellement une vingtaine d’accords de coopération militaire et technique entre la Russie et des pays d’Afrique. Un rythme de signature qui s’est accéléré. Des accords sont actuellement conclus, notamment avec le Cameroun, le Soudan, la Mozambique et la Centrafrique. Et la Russie se vante d’avoir une grande expérience en matière de lutte antiterroriste en Tchétchénie, ou dans les zones sud-caucasiennes. Elle estime pour cela, avoir un réseau de renseignements assez varié, ample et des armes appropriées. C’est pourquoi, cette puissance militaire internationale avérée n’exclut plus l’installation de bases militaires permanentes sur le continent noir. A ce jour, l’Égypte et le Soudan semblent être des options privilégiées. Tant pis pour les jaloux !
Gaoussou Madani Traoré
Source: lechallenger